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17 janvier 2019 4 17 /01 /janvier /2019 15:36

 

 

 

 

 

 

Affaire Battisti : premiers détails sur une opération douteuse

 

 

 

Des informations commencent à filtrer après le kidnapping de Cesare Battisti en Bolivie. 

 

 

 

C’est dimanche dernier que le Falcon des services spéciaux italiens atterrit à l’aéroport Viru Viru à Santa Cruz de la Sierra, une ville contrôlée par l’extrême droite bolivienne. Depuis plusieurs jours, Battisti était semble-t-il détenu au secret par la police de la ville entourée, dit-on, de barbouzes brésiliennes et italiennes. Deux premières questions se posent : pourquoi Battisti résidait-il dans cette ville réputée hostile au gouvernement bolivien ?  S’y trouvait-il de son plein gré ?

 

L’opération combinée italo-bresilo-bolivienne aurait été décidée le 1er janvier dernier lors de l’investiture du fasciste brésilien Bolsonaro en présence d’Evo Morales, seul président latino « progressiste » qui dans un message au nouveau président brésilien l’avait gratifié de « frère Bolsonaro ». La proximité des deux pays et les intérêts économiques comme les livraisons de gaz expliqueraient peut-être cela.

 

Quelques jours avant le kidnapping, un des fils Bolsonaro, Jair, avait annoncé «  un petit cadeau se prépare pour l’Italie. » L’affaire a été réglée, dit-on, en 24 heures mais préparée depuis trois semaines.

 

Le ministre de l’Intérieur bolivien, Carlos Romero justifie « l’expulsion de Battisti pour entrée illégale dans le pays ». Or, souligne l’organisme des réfugiés, la demande d’asile n’a jamais obtenu une réponse et aucun jugement d’expulsion n’a été prononcé.

 

C’est le ministre de l’Intérieur, le dangereux Matteo Salvini qui en Italie était à la manœuvre en liaison directe avec la famille Bolsonaro. Actif militant en faveur de la construction d’une nouvelle internationale brune avec le concours de l’entourage de Trump, Bolsonaro et quelques autres notamment en France avec Marion Marechal, nièce de Mme Le Pen, Salvini revêtu d’un blouson de la police présent à l’arrivée du Falcon où se trouvait Battisti a lancé à la foule des micros : «  Le communiste assassin va mourir en prison ».

 

En Bolivie, l’affaire provoque de très nombreuses réactions. Notamment celle du frère de l’actuel vice-président bolivien, Raul Garcia Lenera qui qualifie le kidnapping «  d’acte contre révolutionnaire ».

 

Il est encore trop tôt pour en connaître plus sur l’affaire. D’autant que les officiels boliviens et le président Evo Morales, pour le moment, gardent le silence.

José Fort

Encadré

 

Lettre au président Evo Morales

 

 

« L’extradition de Bolivie, où il s’était réfugié, de l’ex militant italien Cesare Battisti, et les conditions, pour l’instant troubles, de celles-ci, nous préoccupent au plus haut point (…) 

 

« La Bolivie multiculturelle, pluri-nationale, engagée dans un profond mouvement de décolonisation, d’émancipation humaine et sociale, porte les espoirs de millions d’hommes et de femmes dans le monde. Elle a bénéficié, dès le départ, de notre solidarité. En Amérique latine, elle reste l’un des derniers gouvernements qui font face et tiennent, contre la vague conservatrice, qui submerge le continent.

 

« L’arrestation (par qui ?), à Santa Cruz, majoritairement hostile à la révolution bolivienne, du militant italien Cesare Battisti, va sans doute choquer beaucoup de démocrates. Il est condamné par les autorités de son pays pour quatre meurtres qu’il nie depuis toujours avoir commis, durant les terribles « années de plomb » (…) Les autorités boliviennes ont semblé « doublées » par le Brésil et l’Italie, pays dotés de gouvernements d’extrême droite. Rappelons que l’Italie a déjà été condamné par la Cour Européenne des Droits de l’Homme pour violation de l’article 6 de la Convention pour absence de droit à un procès équitable et violation du droit à la défense. Un procès de 1993, en l’absence de Battisti, ne peut justifier aujourd’hui son enfermement à vie. Il doit bénéficier d’un procès équitable (…)

 

Ces faits et leur contexte nous conduisent à solliciter des éclaircissements, sans quoi nous serions amenés à considérer que vous avez commis une dommageable faute politique, que cette « affaire » contredit les principes dont se prévaut votre action depuis 2005.

 

Un groupe d’amis de la Bolivie

 

José Bové, député européen, 

Germain Sahary, responsable du village Emmaüs Lescar-Pau (qui a reçu la visite d’Evo Morales en 2015) 

Jean Ortiz, maître de conférences Université de Pau (Invitant Evo Morales en 2002 au Festival CulturAmerica, Université qui a accordé au président bolivien le Doctorat Honoris Causa en 2015), 

Vivas Maxime , journaliste, 

Serge Pey, poète, 

Pierre Carles, réalisateur

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