Barack Obama, David Cameron et Nicolas Sarkozy ont fait publier dans plusieurs journaux - en France dans « Le Figaro » – une tribune affirmant qu’il est « impossible d’imaginer que la Libye ait un avenir avec Kadhafi. » Et de recommander la poursuite des bombardements pour « protéger » les populations alors que plusieurs pays membres de l’Otan freinent les ambitions guerrières des Français et des Anglais et au moment même où les nord-américains très discrètement font marche arrière laissant Paris et Londres partir seuls au charbon.
Que l’on nous comprenne bien. Le colonel Kadhafi n’est pas notre tasse de thé. Nous n’avons rien de commun avec les trois signataires précités qui ont déployé au dictateur des sables tapis rouges, honneurs princiers et vendu des tas d’armes sophistiquées. C’est leur ami qu’ils veulent anéantir, pas le nôtre. La question que nous posons est autre : de quel droit, trois chefs d’Etat et de gouvernement évoquent « l’avenir » d’un pays tiers ? Comment la dite « communauté » internationale réagirait si nous assénions qu’il est « impossible d’imaginer » que le France ait un avenir avec Sarkozy, la Grande Bretagne avec Cameron, les Etats-Unis avec Obama?
De nombreux pays européens voient d’un mauvais œil l’enlisement en cours en Libye. L’Union africaine, dont une délégation rentre d’une mission de paix à Tripoli, apprécie la dernière initiative des chefs de l’Otan comme un « coup de poignard dans le dos ». Quant aux présidents des cinq grands pays dits « émergeants » - Chine, Brésil, Afrique du sud, Russie, Inde – ils viennent nettement de se prononcer contre l’escalade de la guerre en Libye.
Alors de quoi se mêlent Obama, Cameron et Sarkozy ? De la guerre, celle qu’ils imposent aux autres.
José Fort