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27 juillet 2013 6 27 /07 /juillet /2013 15:46

Turquie, Brésil, Italie, Espagne, Portugal, Chili, Chine… La liste des pays connaissant des mouvements revendicatifs et sociaux ne cesse de s’allonger. Des foules dans les rues souvent hors des structures politiques et syndicales traditionnelles.

Partout les mêmes images de millions de personnes réclamant plus de liberté, de meilleures conditions de vie et s’exprimant dans des lieux symboliques comme les places des capitales. Souvent des scènes de violence – très limitées au Brésil – face à des foules composées en grande majorité de jeunes demandant le partage du gâteau.

Trois premières constatations : ce fantastique mouvement traversant le monde entier intéresse aussi les moins jeunes, les retraités et particulièrement ceux de la CGT qui ont fait de l’intergénérationnel un investissement permanent ; alors que beaucoup annonçaient ou espéraient une dépolitisation, la protestation se globalise ; les citoyens et surtout les jeunes se mobilisent hors des cadres politiques et syndicaux traditionnels. De quoi inviter à la réflexion et pourquoi pas à une remise en question.

L’accusation ne s’exprime pas nettement. Pourtant, le capitalisme consciemment ou non, est en ligne de mire de la plupart des manifestants. Les effets dévastateurs de ce système à bout de souffle comme le chômage de masse, le pouvoir d’achat, le droit au travail, la remise en cause des conquêtes sociales, des libertés individuelles et collectives provoquent la colère – parfois la haine - et le discrédit des organisations internationales comme le FMI, la BCE, la Banque Mondiale. Plus grave est la tendance au déni de confiance généralisé mêlant parfois dans le même sac les forces de l’exploitation et celles de la lutte émancipatrice. La confusion idéologique fait des ravages, y compris dans les milieux populaires autrefois engagés.

Les mouvements en cours ne s’inscrivent pas dans l’action traditionnelle. « Les ruptures exprimées ne suivent pas », affirme Jean-Christophe Gallien, professeur associé à l’université de Paris 1 la Sorbonne, « les lignes de séparation des échiquiers politiques ou sociaux. On intègre, on réunit des différences, parfois très puissamment opposées. » Et de conclure : « A nouvelle ère économique, nouvelle ère institutionnelle, politique et citoyenne. Tous les signaux sont au rouge, chez nous aussi. Le temps est à l’invention politique. »

Le temps est aussi à l’invention syndicale dans son rapport avec les jeunes en premier lieu, mais pas seulement. Les temps ont aussi changé pour les plus âgés et pour les retraités. On ne vit pas sa troisième partie de vie en 2013 comme il y a vingt ans. Les formes de lutte, les choix d’activités, de loisirs, de relations avec la société ont changé. Difficile de digérer ces changements, de renverser les habitudes mais refuser ces modifications reviendrait in fine à tourner le dos à l’action révolutionnaire de notre temps.

Il ne faut pas se raconter d’histoires. Ces modifications rencontrent dans le monde entier des incompréhensions considérables parmi les structures traditionnelles. Deux exemples : en Turquie, après les manifestations de masse durement réprimées, la grève générale décidée par les syndicats s’est soldée par un fiasco ; au Brésil, les forces progressistes qui ont efficacement agi contre la misère et les inégalités sont contestées sur des questions sociales comme les transports, l’éducation et la santé et aussi sur la corruption qui gangrène jusqu’aux allées du pouvoir.

Il ne faut pas craindre les changements. Ils sont porteurs d’espoir.

José Fort

Vie Nouvelle août 2013.

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