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7 novembre 2016 1 07 /11 /novembre /2016 20:42

 

 

 

Il y a quelques années, du temps de Georges Bush - un criminel de haut vol, un sot à brouter la carpette - mes amis de New York de passage à Paris m’avouaient leur honte de partager le même passeport que l’ancien président des Etats-Unis. « Ce type est un imbécile, un provocateur, un danger pour notre sécurité et celle du monde avec ses guerres à répétition. Il se complait aussi et surtout dans une bêtise crasse à nous faire passer pour des abrutis», me disaient mes copains yankees à l’époque.

 

Le temps s’est écoulé et ces mêmes amis toujours de passage à Paris me balançaient l’autre jour. « Nous avions honte. Avec Hollande, Valls, Sarkozy, Le Pen et les autres, t’as pas aussi un peu honte ? »

 

J’ai eu beau me démener en affirmant mes distances avec ces personnages et leurs politiques, rien n’y a fait : les quolibets me revenaient direct avec un brin de moquerie.

 

 

C’est vrai. Nous n’avons pas être fiers. Un président carbonisé, des sous-fifres fuyant le navire en perdition, une gauche en mal de rassemblement polluée par un nouveau Bonaparte aux allures de général Boulanger, des frondeurs couards, une droite et son extrême baignant dans le pétainisme nouvelle manière, pas de quoi donner des leçons. Il y a plus.

 

L’autre soir, j’ai entendu un commentaire affirmant, je cite, que « Hollande pouvait afficher à son actif une bonne politique étrangère ».

 

Une bonne politique étrangère alors qu’il s’est aligné sur la politique nord-américaine sauf lorsque cette dernière n’a pas voulu bombarder Damas ?

Une bonne politique celle consistant à mener des opérations militaires au Mali pour laisser, après, ce pays sans perspective politique?

 

Une bonne politique celle de vendre des armes aux pires régimes du Moyen-Orient ?

 

Une bonne politique étrangère, celle de refuser le dialogue avec la Russie, d’insulter ce grand pays, de rompre des relations commerciales comme si une véritable politique étrangère (quelle que soit l’opinion sur le régime en place) ne passait pas irrémédiablement par le dialogue et la négociation ?

 

Une bonne politique celle qui appuie l’actuel gouvernement criminel et fascisant israélien responsable du martyr du peuple palestinien ?

 

Une bonne politique, celle du deux poids deux mesures, celle qui fait preuve d’une grande réserve concernant le respect des droits de l’homme dans certains pays ?

 

Tenez, la Turquie par exemple, avec actuellement des rafles monstres, des prisons pleines, des journaux interdits, des élus embastillés.  Quelques réactions discrètes du côté de l’Elysée  et une complicité côté cour. J’exagère ? Voici un exemple de la duplicité des gens qui nous gouvernement.

 

La chaîne de télévision kurde Med Nûçe vient d’être fermée par le dictateur Erdogan. Il a suffi au despote de demander à Eutelstat, qui gère le satellite Hotbir, d’éteindre la chaîne. Eutelsat a accepté. Et qui est Eutelsat ? Un fournisseur français. Et quel est le principal actionnaire ? La Caisse des dépôts. Et qui dirige la Caisse ? Pierre-René Lemas, ex-secrétaire général de François Hollande à l’Elysée. Pas un mot dans les médias, pas une réaction officielle. Tout a été mené dans le secret total comme des malfrats impliqués dans une sordide affaire.

 

Il n’y a pas de quoi être fiers. La France, autrefois référence en matière de liberté, de respect des droits de l’homme, des lumières, en a pris un sacré coup pendant les cinq ans de Hollande.

 

Je ne sais pas si nous laisserons la France, au printemps prochain, dans un état pareil à ces toilettes qu’il est d’usage de quitter dans les mêmes conditions que celles dans lesquelles nous les avons trouvées en arrivant, mais en attendant je mise sur l’espoir et… l’écoute de HK et les Saltabanks et leur chanson «  Citoyens du monde ». Ecoutons

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10 octobre 2016 1 10 /10 /octobre /2016 20:30

Ma chronique sur Radio Arts-Mada (tous les lundi en direct à 19h15)

Un conseil. Si vous avez les moyens d’investir, de spéculer, de faire de l’argent, un marché fait un tabac actuellement dans le monde : le barbelé et tout ce qui sert à construire des murs, barrières, clôtures qui pullulent depuis quelques années sur notre planète. Vous doutez ? Le bilan provisoire dans ce secteur économique de pointe s’établit à 65 murs s’étalant sur des dizaines de milliers de kilomètres. Au top de cette industrie performante, Israël et ses presque 1000 kilomètres de mur de la honte enfermant le peuple palestinien.

Toutes ces fortifications signalent un même phénomène : une logique de fortification de la frontière. Alors que les « vieux murs » servaient à éviter que les conflits ne dégénèrent (Chypre, Inde / Pakistan, les deux Corées...), aujourd'hui, il s'agit de blinder la frontière, d'en faire une « sur-frontière ». Mais ces murs sont-ils efficaces ?

Selon la revue « les enjeux internationaux », les murs ne servent à rien car ils induisent des logiques de transgression. On a dénombré 150 tunnels sous la frontière mexicano-américaine. Les trafiquants contournent les murs et barrières par la mer avec des sous-marins ou par les airs avec des drones... Ces stratégies de contournement sont multiples, de plus en plus sophistiquées et dangereuses à mesure que les murs se renforcent.

Toujours selon la revue « les enjeux internationaux », les murs viennent fracturer une zone transfrontalière, donc déstructurer une économie locale.

Alors que les passages de frontières pouvaient être pendulaires, saisonniers, temporaires - on pouvait revenir en arrière, retourner dans son pays d'origine, ces murs empêchent paradoxalement ceux qui les ont franchis de ressortir du pays où ils sont indésirables.

Les murs « invitent les mafias à la table de la frontière ». On ne peut plus franchir un mur sans faire appel à des structures criminelles. Une situation plus grave que le problème originel est ainsi créée.

Jeune, je me souviens avoir entendu des tonnes de commentaires sur le mur de Berlin, particulièrement la déclaration du président des Etats-Unis de l’époque, John Fitzgerald Kennedy, qui avait déclaré « Ich bin ein Berliner », je suis un Berlinois. C’était le temps de la guerre froide et on s’émouvait il y a peu encore de ce « mur de la honte ». L’eau coule toujours sous les ponts de la Spree dans la capitale allemande mais les principaux chefs d’Etat ne déclarent surtout pas « nous sommes citoyens du monde ».

La France disposera bientôt de son mur. Un mur « anti immigrant » à Calais. Mais attention, il sera végétalisé. On n’arrête pas le progrès.

Pour terminer je vous propose d’écouter la chanson « Des ponts à la place des murs » interprétée par le groupe rap Cercle fermé.

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4 octobre 2016 2 04 /10 /octobre /2016 08:17

Ma chronique sur Radio Arts-Mada (tous les lundi en direct à 19h15)

Quel spectacle affligeant donne à voir cette droite extrême et cette extrême droite!

Avez-vous entendu Marion Maréchal le Pen, plus kapo que jamais, qualifier les réfugiés de « poussières » ?

Avez-vous entendu Copé, à la rage presqu’animale, faisant référence à la double facturation de la campagne de 2012, affirmer que Sarkozy se présentait à l’élection présidentielle « pour éviter les tribunaux » ?

Avez-vous entendu parler des « révélations » de Patrick Buisson, l’ancien directeur du journal fasciste « Minute », ex-éminence grise de Sarkozy pendant cinq ans et spécialiste des enregistrements clandestins, furieux d’avoir été balancé dans les oubliettes, déballer les dérives de son ancien patron. Avec en prime des gentillesses dispensées par l’agité de Neuilly sur ses proches notamment Christian Estrosi qui aurait « un petit pois à la place du cerveau ». Ce qui n’est pas faux.

Avez-vous entendu Sarkozy qualifier Juppé de « vieux », le maire de Bordeaux lui retournant son « inconsistance » et non comme j’ai lu quelque part son « incontinence ».

Avez-vous lu ou entendu le perfide Fillon, pourtant cinq ans Premier ministre, disqualifiant Sarkozy en rappelant ses « affaires judiciaires », Le Maire dit Bruno, oui le premier de la classe-lèche bottes, regrettant « les mauvaises idées » de son ancien leader ?

Cette droite est gangrenée, grave. J’en reste là ?

Non, parce que j’ai gardé une sucrerie. Elle porte un nom : Laurent Wauquiez. Lui, on pourrait le marier avec Marion le Pen tellement le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, président par intérim de l’UMP, pardon de LR ,maire et député, bonjour le cumul, fait dans le sordide.

Il refuse purement et simplement d’accueillir un seul réfugié dans sa région. Ce qui lui a valu une lettre du cinéaste et homme de culture Jacques Livchine. Je le cite :

« Je voudrais vous rappeler, écrit-il à Wauquiez, que le village du Chambon sur Lignon en Auvergne est le seul à avoir sa plaque de village des justes au mémorial Yad Vashem de Jerusalem. Je dois ma vie à ce village qui a accepté d’accueillir mes parents pourchassés par le nazisme et le pétainisme. Et vous, dont la mère Eliane est maire de ce village vous refusez d’accueillir dans votre immense Région, 1700 réfugiés ! A lui tout seul, le Chambon a accueilli 5000 réfugiés. J’avoue que je suis à ce point navré que le mot pour qualifier votre attitude est à inventer tant elle est empreinte d’inhumanité, d’égoïsme et de calcul électoral. Si la déchéance de nationalité existait, c’est à vous que je l’appliquerais. »

Laurent Wauquiez se distingue aussi par des petits arrangements avec l'histoire en réécrivant son parcours.

Lorsqu'il s'agit de parler de lui, le député de Haute-Loire aime mettre en valeur ses origines « modestes », le parcours d'un pur enfant du plateau de Chambon-sur-Lignon, alors qu'il a fait ses études à Paris, dans le prestigieux lycée Victor-Duruy.

Même déviation lorsque qu’il raconte qu'il est le fils d'un « employé de banque ». Son père, Philippe Wauquiez, en réalité, est l'un des dirigeants d'Indosuez. Et, grandiose, lorsqu’il raconte son histoire avec soeur Emmanuelle en Egypte. « Je m'étais engagé, disait-il, dans un quartier du Caire. Quand soeur Emmanuelle me voyait, elle me regardait droit dans les yeux et me disait: "Mon petit Laurent, qu'as tu fait de bon depuis que je t'ai vu ?" Le journal Le Monde et l’entourage de sœur Emmanuelle répliquent qu’il s’agit d’un mensonge.

Voilà un exemple type de la nouvelle génération de la droite française. Pas joli, joli, n’est-ce pas ?

Allez, une dernière pour la route. Celle-là, elle est racontée par un haut fonctionnaire de la préfecture de Haute Corse. Je le cite :

« Le jeune Wauquiez terminait son stage de jeune diplômé de l’ENA à la préfecture de Haute Corse. A la fin du stage, il nous invite deux chefs de service et moi dans un restaurant du marché de Bastia pour nous remercier de notre accueil. Nous en étions au café, lorsqu’il a pris l’addition et en a divisé le montant par quatre. »

On savait que les voyous et autres pilleurs de fonds publics embouteillent la droite. On sait désormais qu’au plus haut niveau, ils sont aussi radins, sauf quand ils tapent dans la caisse.

A propos de radinerie, je dédie à ce sinistre Wauquiez la chanson « Les radins » interprétée par Stéphane Richez. Ecoutons-le.

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29 septembre 2016 4 29 /09 /septembre /2016 17:26

Un article publié dans « Vie Nouvelle », le magazine des retraités CGT. Numéro du mois d’octobre.

700.000 manifestants en juillet. Plus d’un million le 21 août. Immenses manifestations à Santiago, Antofagasta, Valparaiso et dans de nombreuses villes du pays pour le retour au système public de retraite qui existait avant la dictature.

Le Chili n’avait pas connu de manifestations aussi importantes depuis les grands défilés étudiants de 2011. Cette fois ce sont les salariés et les retraités qui sont descendus dans les rues des principales villes chiliennes au beau milieu de l’hiver austral, pour dénoncer le système privé de retraite mis en place du temps de la dictature Pinochet. Plus d’un million de Chiliens, le 21 août, ont demandé la suppression des « AFP », les « Administratrices des Fonds de Pension ». Ce système, hérité de la dictature, fonctionne sur le principe de la capitalisation individuelle. Six grands fonds d'investissement gèrent ainsi les pensions des Chiliens.

« Quelque 90 % des retraités touchent moins de 156.000 pesos (215 euros) par mois, leur situation est très précaire », expliquait récemment aux « Echos » Recaredo Galvez, chercheur à la Fundación Sol, un institut d'études en sciences sociales. Les entreprises qui gèrent ces fonds font partie des plus riches du Chili, leur rentabilité atteignant en moyenne 26 % chaque année. Au total, les fonds de pension gèrent 150 milliards d'euros, ce qui représente 70 % du PIB du pays. « Il y a un ras-le-bol au sein de la population devant tant d'inégalités », poursuivait le chercheur.

Le mouvement social, qui a pris pour nom « No más AFP » (nous ne voulons plus des AFP), a été au départ assez peu relayé par la presse chilienne. C'est à travers les réseaux sociaux qu'il a gagné en ampleur, précise « Les Echos ».

Michelle Bachelet, la présidente chilienne a annoncé une réforme du système des « AFP ». « Tous les Chiliens méritent d'avoir une retraite qui leur permette de vivre dignement après des années de travail », a-t-elle déclaré. Le gouvernement propose de renforcer les aides de l'Etat aux retraités les plus pauvres, d'augmenter la cotisation des entreprises. La présidente souhaite également créer une « AFP » publique, « pour introduire davantage de concurrence et offrir une alternative aux travailleurs. ». Des mesures jugées comme « un pas en avant » par Luis Mesina, porte-parole du mouvement « No más AFP ». Ce leader syndicaliste, jusqu'ici inconnu du grand public, estime que « le gouvernement évite d'aborder nos principales revendications. Nous avions dit que nous ne voulions plus d'AFP, et on nous en propose une de plus. »

Alors que droite et patronat mènent une campagne sur le thème « changer le système des retraites serait une bombe atomique contre notre modèle économique et la paix sociale », des dirigeants syndicaux et politiques indiquent de leur côté que les premières mesures proposées par le gouvernement ne sont pas suffisantes mais pourraient être « une transition » avant une réforme de plus grande ampleur.

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28 septembre 2016 3 28 /09 /septembre /2016 09:42

Dans ce concert de louanges en l'honneur de Shimon Perez, il serait bon d'être complet dans la description du personnage. Par exemple, en 1996 alors Premier ministre, il a été l'instigateur principal du déclenchement de " l'opération raisins de la colère" qui s'est traduit par la destruction du Liban Sud forçant 400.000 Libanais à fuir villes, villages et leurs maisons.

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27 septembre 2016 2 27 /09 /septembre /2016 14:43

Ma chronique sur Arts-Média (tous les lundi en direct à 19h15)

Je réfléchissais ce matin à cette chronique en pensant aux informations de ces trois derniers jours.

Pour la famille Dassault, tout va bien. Les dernières ventes de Rafales annoncent enfin les profits tant attendus. Ces petits bijoux, une merveille de technologies pour la guerre moderne, resteront comme le seul résultat économique du quinquennat. Du travail pour des centaines, des milliers peut être de salariés, la mort assurée d’un seul coup de missiles pour des dizaines de milliers d’inconnus, pauvres de préférence.

Je réfléchissais toujours en pensant à l’augmentation du tabac à rouler au nom de la lutte contre le tabagisme, comme si rouler une clope frisait la luxure, aux voitures anciennes interdites à Paris pour éviter la pollution, alors que l’achat d’un 4X4 Cayenne règlerait les problèmes de transport dans la capitale, aux rabotages des aides au logement (APL), pour une « meilleure répartition sociale" alors qu’une bonne aide à la pierre permettrait d’accéder à un appartement rue de la Pompe dans le XVI eme à Paris.

Bref, je réfléchissais à vous prouver, chiffres l’appui, que ce pouvoir hollando-vallsasien en fin de course persiste à s'attaquer, depuis 4 ans, aux plus faibles et que cette mandature se résume à une terrible marche en arrière sociale, à une attaque en règle contre les libertés et la démocratie lorsqu’un témoignage s’est affiché sur mon ordinateur. Un texte signé Guillaume Soyon, 30 ans, adjoint au maire (PCF) d’Avion dans le Pas-de-Calais.

A la poubelle mes chiffres et mes froides statistiques. Place à Guillaume et à la chienne de vie pour beaucoup de jeunes. Voici des extraits de son témoignage. Ecoutez, Guillaume, je le cite :

« Il y a deux jours de cela, alors que je venais de me jeter dans mon canapé, je reçois un message d’un vieil ami que je n’avais pas vu depuis au moins un an. Il me demandait s’il pouvait passer à l’improviste pour me saluer. Quand on s’est vu pour la dernière fois, il avait rencontré l’amour et s’apprêtait à s’installer avec son amie. C’est un garçon qui comme moi frôle la trentaine. C’est là notre seul point commun. Nous ne partageons que quelques insignifiantes passions en commun mais le hasard de la vie a fait qu’on s’est rencontré et qu’on s’est immédiatement apprécié.

Très vite il passait régulièrement à la maison et nous refaisions le monde des heures durant. Lui qui n’avait pas fait d’études supérieures, trimait de petit boulot en petit boulot, aimait bien parler politique, philosophie, cinéma et on riait souvent car il découvrait des mots ou des expressions qu’il ne connaissait pas jusque là. Il prenait plaisir je crois à avoir ces échanges. Je n’ai pas la prétention de penser que ça le sortait un peu de son univers noyé dans la précarité mais je crois pouvoir dire qu’il aimait, tout comme moi, ces moments vécus ensemble. D’ailleurs avec ses propres mots et ses propres expériences, il n’était pas rare que nous en venions aux mêmes conclusions.

Depuis qu’il travaillait il n’avait connu que l’intérim. Des petites missions à droite à gauche à La Poste, dans une entreprise de traitement des déchets médicaux, chez un géant des services en ligne ou de la préparation de colis. Sa pire expérience … Il avait cette fierté que je retrouve chez mes parents et dans de nombreuses familles ici dans la région. La fierté de travailler malgré des conditions de travail déplorables. Il était extrêmement courageux et j’étais frappé par son éternel optimisme. Pour lui, la situation ne pouvait finalement que s’améliorer. L’avantage de ce type de fréquentation, c’est qu’elle vous aide à garder les pieds sur terre.

Je passe beaucoup de mon temps dans les livres, dans les rapports chiffrés, dans les analyses conceptuelles. Parfois on finit par s’emballer et on parle d’un réel avec lequel on a fini par perdre prise.

Lorsqu’on s’est quitté il y a un an, il vivait toujours chez sa mère. Impossible pour lui d’avoir accès au logement avec un contrat précaire. C’est difficile quand on approche la trentaine de ne pas pouvoir encore voler de ses propres ailes. Pour tous les pans de l’existence, cette situation professionnelle est un blocage. Impossible de pouvoir se projeter dans la vie dans de telles conditions.

C’est alors que nous nous sommes revus il y a deux jours. Il passe le pas de la porte et tout de suite je remarque que la fatigue dévore son visage. Ses yeux ne brillent plus de cette malice que j’aimais tant chez lui, son sourire est crispé. Il se met à l’aise et très vite se livre.

Il m’explique que le peu d’argent qu’il gagne fond comme neige au soleil. Loyer, factures, courses. Aucun loisir possible, il ne s’était rien acheté depuis des mois. C’était sacrifice sur sacrifice. Mais le pire vient avec la suite de son récit. Je lui demande s’il a fini par trouver un travail plus stable. Réponse négative. La situation est pire qu’avant. Il doit chaque matin vivre accroché à son téléphone portable avec l’espoir d’être appelé pour travailler la journée. Alors de 8h à 11h il attend imperturbablement tous les jours que le téléphone sonne. Jamais le même salaire à la fin du mois, difficulté à s’organiser, à prendre des rendez-vous, le chaos permanent.

Il m’explique qu’une fois il prenait sa douche et la boîte d’intérim l’appelle au même moment. Il finit de prendre sa douche en vitesse et rappelle dans la foulée. Trop tard, la mission est pourvue. Trois minutes ! Il aura fallu trois minutes pour ne pas travailler ce jour-là …

A ce moment je pense à cette jeune femme expulsée de son logement près de Béthune élevant seule sa fille de 14 ans et que nous avons été soutenir. Le matin, les camarades ont eu le droit aux gendarmes particulièrement agressifs et à des autorités de l’État totalement sourdes et aveugles, assurément indifférentes au malheur et à la misère. Cette jeune femme finira par dormir dans sa voiture pour garder un œil sur les quelques affaires personnelles restées dehors près de ce qui était devenu son ancien domicile.

L’histoire de mon ami raisonne dans ma tête avec l’histoire de cette jeune femme.

Alors même que nous devrions être embarqués sur les flots bouillonnants du progrès en ce nouveau siècle où explose la technologie et le partage de la connaissance via internet, nous voilà empêtrés dans un entonnoir sombre et amer nous ramenant à des rapports de production et de classes dignes des premiers pas de l’ère industrielle.

C’est bien pour cela que celles et ceux qui perdent leur temps à s’écharper sur 2017 et à savoir qui est plus à même à devenir le sauveur suprême doivent en réalité vivre bien loin de ce paysage là, du réel simplement. Je crois que mon ami ne vote pas et il est encore moins disposé à le faire aujourd’hui. Comment lui en vouloir ? Comment lui faire la leçon ? En réalité je vous le dis, la politique doit vite se réinventer et pour se faire elle doit se délivrer une fois pour toute de la démocratie bourgeoise. »

Ainsi s’achève le témoignage de Guillaume. Mieux que les chiffres, n’est-ce pas ? Alors pour compléter et finir en musique, j’ai choisi ce soir la chanson « La loi du marché » de Cyril Mokaiesh et Bernard Lavilliers. Un régal qui vient de sortir, comme on dit, dans les bacs. Ecoutons.

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20 septembre 2016 2 20 /09 /septembre /2016 08:53

Ma dernière chronique sur radio Arts-Mada (en direct les lundi à 19h15)

Les organisateurs de la fête de « l’Humanité » ont une sacrée veine. Alors qu’il a plu ce week-end sur une Ile de France triste de grisaille, la semaine dernière à la Courneuve il fallait se protéger du soleil. Et alors que la braderie de Lille et plusieurs autres manifestations ont été annulées par crainte sécuritaire, quelques insolations ont été les seuls incidents à relever du côté du Bourget. J’ai même vu des CRS en tenue estivale sortir le saucisson et le pain affirmant : « Ici on est presque en vacances »

450.000 participants, des rencontres, des débats, des spectacles, une foule conviviale, une démarche citoyenne et chaleureuse pour une retombée médiatique se limitant à la participation de Mélenchon et des prétendus frondeurs. Avant, la fête de l’Huma était commentée par les médias sur le seul air merguez-frites. La semaine dernière, ce sont les naturistes qui ont fait une entrée spectaculaire et remarquée sur la fête, bénéficiant d’un soleil rayonnant.

A part çà que retenir dans l’actualité des derniers jours ?

François Hollande a été désigné « homme politique » de l’année par une officine nord-américaine. Un ami de New York, mauvaise langue, me fait remarquer que Hitler avait obtenu la même distinction du « Times magazine », en 1938.

La comparaison est exagérée. Toutefois, allez demander ce que pensent les gars de Florange ou les filles de la Poste, les producteurs de lait, les parlementaires n’ayant plus leur mot à dire, le 49,3 faisant le reste, les travailleurs d’Alsthom ou encore les milliers de salariés de SFR qui vont être priés d’aller voir ailleurs. Je ne crois pas qu’ils décerneront un prix à Hollande, où alors celui des promesses électorales non tenues.

A droite, c’est à qui tape le plus fort sur l’autre, certains allant jusqu’à rappeler les démélées judiciaires de Sarkozy. A gauche, c’est le trop plein avec des frondeurs sans avenir et l’autoproclamé Mélenchon plus Bonaparte que jamais entraînant ses troupes vers une fin napoléonienne. Pendant ce temps, Mme Le pen se glisse dans la faune à la manière du serpent prêt à fondre sur sa proie.

Pas joli, joli tout cela. Faut-il baisser les bras et sombrer dans la désespérance ?

Jusqu’au bout, il faut tenter de construire l’unité excluant Hollande et sa bande. Construire sur la base d’engagements communs permettant ainsi d’être présent au deuxième tour de l’élection présidentielle. Dans le cas contraire, une voie royale serait ouverte à la droite et à Mme Le Pen.

Jusqu’au bout, car la précipitation ne sert à rien. Après, si par malheur cette solution est mise en échec, il faudra définir un autre chemin ancré dans une volonté de rassemblement et de respect des identités.

Je veux finir sur une note musicale. Figurez-vous que lors de la fête de l’Huma, dans le studio campagnard de Radio Arts-Mada, j’ai rencontré une femme belle et chaleureuse et surtout une chanteuse de talent. Je n’aime pas la formule « chanteuse engagée ». Je lui préfère une chanteuse de son temps. Ecoutez Faby Perier.

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19 septembre 2016 1 19 /09 /septembre /2016 14:12

A lire et à entendre certaines réactions dans ma famille politique, j'ai comme l'impression que la dérive à la sauce italienne est engagée. Que d'anciens dirigeants du PCF (au bilan peu lumineux), que d'anciens ministres (pas tous heureusement) adoptent des postures aventureuses ne m'étonnent plus: cela est devenu monnaie courante pour cette catégorie de communistes de passer outre les décisions de congrès et de jouer personnel. La discipline de parti (souvent de fer lorsqu'ils étaient aux manettes) avec droits et devoirs, pour eux, c'est du passé.
D'autres voix doivent se faire entendre depuis la base du parti. Une bonne vieille revendication est plus que jamais d'actualité avant qu'on nous entraîne dans l'irréparable comme cela s'est produit avec la disparition du PCI: " Que les bouches s'ouvrent".

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19 septembre 2016 1 19 /09 /septembre /2016 12:14

Mon article dans "l'Humanité" de ce lundi 19 septembre.

Jean Texier, ancien photographe à « l’Humanité », est décédé d’un arrêt cardiaque à l’âge de 85 ans dans la nuit de vendredi à samedi chez lui à Champigny s/marne. Jean Rabaté, un ancien de « l’Huma », raconte que « Jean ne pouvait pas s’endormir face aux reflets d’un miroir, un comble pour un chasseur d’images. » Chasseur d’images ?

Il était ébéniste et jeune communiste lorsque sa passion pour la photographie l’a entraînée du côté de la rue Humblot à Paris où se trouvait le siège de la JC et de son magazine « l’Avant Garde ». Bénévole comme une bonne dizaine d’autres jeunes camarades, il ne loupait jamais une manifestation surtout celles contre la guerre colonialiste française en Algérie, celles aussi "Pour le droit de vote à dix-huit ans » ou encore pour « A travail égal, salaire égal ».

Puis vint la période « Nous les Garçons et les Filles » (NGF). Devenu photographe professionnel, il avait en boîte tous les « yéyés » de l’époque. Il avait surtout réalisé un magnifique reportage à Cuba avec Jean Ferrat avec qui il conservera une forte amitié.

A « l’Humanité », Jean a « couvert » le social et la culture, les faits divers et les événements internationaux. La Mongolie avec Rabaté, l’Afghanistan avec Coubard, l’URSS avec Lecomte. Je garde quant à moi deux souvenirs marquants : nos reportages en Espagne et notre rencontre avec Mandela à Paris.

Jean connaissait la France dans ses profondeurs grâce aux mouvements sociaux, aux meetings et manifestations qu’il avait suivis. En pensant à lui, deux photos me viennent à l’esprit : sur le parapet d’un pont parisien « ici on noie des Algériens » et les terribles clichés de l’attentat de la rue des Rosiers en 1982 à Paris.

Jean savait faire la fête. Il pouvait aussi exprimer haut et fort ses colères. C’était un reporter-photographe de qualité, un bourlingueur patenté. Un type bien.

Jeudi dernier, il m’avait appelé pour connaître mes impressions sur la fête de « l’Humanité » et m’inviter à déjeuner « pour faire le point ». Il me pressait de questions sur l’affluence, les débats, l’ambiance générale. Il fallait répondre avec précision, donner des détails, dire qui j’avais rencontré.

Jean avait toujours son « Huma » au cœur.

José Fort

Les obsèques de Jean Texier auront lieu jeudi 22 septembre à 15h au cimetière nouveau de Champigny s/marne.

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16 septembre 2016 5 16 /09 /septembre /2016 13:21

Les déclarations, appels et pétitions d’anciens et actuels responsables du PCF en faveur de la candidature de M. Mélenchon fleurissent sur la toile. Sur l’une, des signatures sont affichées, sur d’autres des analyses débouchent sur une même conclusion : Mélenchon, la seule solution. Il est temps que d’autres voix s’expriment. Ne les laissons pas seuls occuper le terrain.

Une constatation s’impose après la fête de « l’Humanité » : les déclarations de JLM confirment qu'il veut partir seul. Ses propos sont nets. Il dispose déjà du soutien de la composante communiste « libérée » des engagements de congrès et de parti. Alors ? Les échanges souvent désagréables et parfois insultants ne servent plus à rien avec JLM. A la lumière de ses prises de position, une élaboration en commun de l'alternative relève de l’impossible. Dans ces conditions, ne va-t-il pas falloir, sans précipitation, rechercher un autre chemin avec le double souci de rassembler et d’affirmer notre identité ?

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