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11 juillet 2016 1 11 /07 /juillet /2016 18:38

Ma chronique sur Arts-Media, tous les lundi en direct à 19h15.

Ce soir, je veux évoquer deux personnages qui comptent pour beaucoup dans les institutions européennes : Mario Draghi et José Manuel Barroso. Deux hommes qui en se rasant chaque matin peuvent s’adresser à leurs véritables patrons en ces termes : « En quoi puis-je être utile au maître vers lequel s’élèvent chaque matin mes pensées reconnaissantes, lorsque mes yeux éblouis croient distinguer son image dans le soleil nouveau qui paraît en pleine gloire ».

Cette requête s’adresse à la banque nord-américaine Goldman Sachs dont Mario Draghi a été un temps vice-président pour l’Europe alors que José Manuel Barroso en devient « conseiller spécial ».

Souvenez-vous. La banque Goldman Sachs a été à la source de la crise financière en 2008 provoquant le désastre des « supprimes » avec pour conséquence l’expulsion de centaines de milliers d’Américains de leurs maisons et un vent de panique général. C’est cette même banque qui a « aidé » les anciens gouvernements grecs à détourner la méthode de calcul du déficit public par des produits qui permettaient de reporter à plus tard une partie de ce déficit remplissant ainsi les caisses des grandes fortunes et des banques de ce pays. Grâce à ce tour de passe-passe, la Grèce était entrée dans la zone euro en 2002. Ce mécanisme avait été utilisé aussi par l'Italie, en 1997, pour rejoindre l'union monétaire à une époque où le directeur général du trésor transalpin était un certain... Mario Draghi.

Au moment du crash de Goldman Sachs, le même M. Draghi était déjà aux manettes. Aujourd’hui, il préside la banque centrale européenne.

Souvenez-vous. José Manuel Barroso a été président de la Commission européenne et selon ses nouveaux employeurs, il aidera la banque « à gérer l’après-Brexit, le retrait des Britanniques de l’Union européenne. Ah, celui là, il vient de loin. Laissez-moi vous le présenter.

Barroso, flamboyant soutien de Bush père lors de la première guerre en Irak, est un ancien dirigeant d’un groupe maoïste. Il avait choisi cette voie car, disait-il à l’époque, « les prochinois sont les plus anti communistes. »

Bon, il est vrai qu’il n’est pas le seul a avoir ce parcours, la plupart des anciens guerriers de l’ultra gauche européenne, donneurs de leçons et de pureté révolutionnaires ont tous ou presque fini dans le confort de la bourgeoisie bancaire ou médiatique, en France particulièrement

Mais revenons à Barroso. Le jeune José Manuel a été repéré au lendemain de la révolution des oeillets en 1974 par l’ambassadeur des Etats-Unis de l’époque au Portugal, Franck Carlucci. Un membre éminent de la CIA. C’est ce Carlucci qui a détecté, financé puis formaté le jeune Barroso, un agent de talent réussissant à franchir par la suite tous les échelons jusqu’à occuper le poste de Premier ministre du Portugal. La CIA sait placer ses hommes.

Il faut aussi se souvenir qu’en sa qualité de président de la Commission européenne, il a été porteur de 2010 à 2013 de la politique d’austérité ultralibérale. Il a participé à la troïka dans tous les pays touchés par la crise, de la Grèce à l'Irlande. Or, le principe de ces « sauvetages » a été de sauvegarder les intérêts des banques.

L'ancien président de la Commission, qui n'a jamais vraiment eu à répondre de ses choix devant le parlement européen, a géré au mieux les intérêts du secteur financier. Il reprend du service cette fois directement chez ses maîtres.

C’est de cette Europe là, celle des oligarchies financières, celle de l’austérité toujours pour les mêmes que les peuples européens ne veulent plus. Celle de MM. Draghi et Barroso, aujourd’hui de M. Junker qui tous ont été nommés et maintenus à leurs postes par les présidents et chefs de gouvernement du continent et donc par Sarkozy et par Hollande.

Avec eux, l’Europe de la justice sociale, passage obligé pour l’entente et la paix, ne pourra pas se construire. Il faut d’autres femmes, d’autres hommes pour mener une autre politique européenne au service des gens et non des banques.

Quant à ceux qui douteraient de mes affirmations sur le lien de Barroso avec les services yankees, je leur propose de réfléchir un moment avec la chanson de Jean Ferrat : « Les flics sont partout ».

On l’écoute…

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8 juillet 2016 5 08 /07 /juillet /2016 13:23

Oui, je vous le dis, sans gêne et avec un grand plaisir : en ma qualité d’ancien du Red Star Montreuillois (pas brillant, plutôt besogneux), je suis un footeux, un fêlé du ballon rond, un malade du dribble, un supporter hier de Platini, aujourd’hui de Griezmann. Oui, je hurle de joie en voyant un bleu marquer un but, j’évite de contester un pénalty à la limite du raisonnable qui a déstabilisé l’équipe adverse, je passe sur un deuxième but obtenu du bout de la semelle. Je suis un autre, sur une autre planète, prêt à embrasser mon voisin (plutôt ma voisine) à la fin du match.

Bref, je suis un de ces millions de Français fiers de la prestation et du résultat de notre équipe. Prêt à la soutenir jusqu’à la fin du tournoi. Pourtant, je sens comme des picotements, des sortes d’alertes en lisant certains commentaires, en écoutant et en regardant des émissions de radio et de télé. « La France terrasse l’Allemagne » s’enflamme le premier ; « La revanche », s’exclame un autre ; « La guerre a bien eu lieu », explose le dernier. Ce déferlement de haines, de bêtises et d’imbécilités donne à voir et à comprendre l’ampleur du défi à surmonter pour construire une société de partage, de justice, de tolérance, de solidarité et de paix.

Le foot n’est pas responsable de la crise, des malhonnêtes au pouvoir, des dérives totalitaires à Paris et ailleurs, des malheurs des uns et des autres. Il n’est pas responsable, c’est certain. Un miroir de nos sociétés ? Sans aucun doute.

José Fort

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7 juillet 2016 4 07 /07 /juillet /2016 10:35

Des milliers de manifestants ont été empêchés de défiler mardi en ce début de congé. Des stations de métro fermées, des rues barrées par les CRS, des fouilles etc... L'avocat Daniel Voguet qui revenait de la manif s'inquiétait mardi soir de la dérive autoritaire du pouvoir. Et voici qu'un militant de la CGT (membre du comité de section du PCF à Villejuif) et membre du service d'ordre depuis le début des manifs a été arrêté et passe au tribunal ce jeudi 7 juillet après midi à Paris pour participation à des " bandes organisées armées". Les chefs de la police sur ordre du pouvoir ont laissé faire les casseurs, ces casseurs qui ont blessé plusieurs membres du SO de la CGT. Le pouvoir maintenant s'en prend à nos camarades. Un rassemblement est organisé à Paris (14h devant le Palais de Justice, Ile de la Cité). La riposte doit venir de tout le pays.

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5 juillet 2016 2 05 /07 /juillet /2016 10:27

Ma chronique sur Radio Arts-Mada

(Tous les lundi en direct à 19h15)

L’Espagne a voté, il y a une semaine. Première constatation : l’abstention a augmenté par rapport aux précédentes consultations et les sondages se sont plantés magistralement.

Avant d’aller plus loin, laissez moi vous raconter une histoire. Celle de José Manuel Nebot, communiste historique des Asturies, ancien président des photographes espagnols, fondateur de la première association espagnole pour la protection de la nature, personnage haut en couleur connu de tous dans cette région d'Espagne.

Nebot, comme on l’appelle familièrement dans les rues d’Oviedo, a été interdit de vote pendant une grande partie de la journée par les responsables de son bureau où il dépose son bulletin depuis la fin de la dictature. Raison invoquée : « incapacité". J'ai rencontré José il y a quelques semaines chez lui à Oviedo. Diminué par la maladie, il conserve néanmoins ses facultés intellectuelles même s'il lui faut du temps pour s'exprimer. Il a vécu cette interdiction comme une insulte. Grâce à la détermination de sa fille Ana et de sa femme Rosa avec l'aide d'un avocat et d'un psychiatre, José a pu voter un quart d'heure avant la fermeture du bureau. L'affaire provoque de nombreuses réactions dans les Asturies et la presse locale s'indigne d'un tel comportement. L’Espagne n’en finit pas avec ses vieux démons totalitaires et revanchards.

Que faut-il retenir de ces élections ?

La droite progresse en nombre de voix et en sièges, sans obtenir la majorité, bénéficiant du report des voix d’un parti centriste apparu le temps d’une illusion, d’un chantage après le vote des Britanniques en faveur du retrait de l’Union européenne et la crainte du changement.

Un avertissement à ceux qui s’enthousiasment trop rapidement. La droite espagnole, fille de la dictature, reste bien ancrée dans une frange importante de la population avec le soutien d’une hiérarchie catholique réactionnaire, rétrograde, omni présente à la sauce franquiste notamment dans les campagnes. Quant au système électoral, il permet à un député de droite d’être élu avec presque deux fois moins de voix que celui de Unidos/Podemos.

Le Parti socialiste réalise son score le plus bas de son histoire postfranquiste mais reste devant Unidos/Podemos. Sa direction hésite: un possible accord avec la droite à la manière allemande ou une abstention permettant au parti populaire de gouverner.

Quant à Unidos/ Podemos, ses principaux responsables ont affiché un temps la déception. Ils croyaient arriver en deuxième position. Ils perdent un million de voix par rapport aux élections de décembre.

Une abstention qui s’explique en partie par la lassitude, le sectarisme d’un côté comme de l’autre et l’incompréhension face à des déclarations intempestives.

La déception a duré le temps d’une soirée laissant la place à une invitation à se retrousser les manches. Car si déception il peut y avoir pour ne pas avoir surpassé le PSOE, Unidos /Podemos peut afficher un résultat à faire saliver ailleurs, notamment en France. De 11 députés en 2011, UP passe à 71 mettant à mal le bipartisme. Y a mieux, peut-être, mais reconnaissons qu’ils disposent d’un fort potentiel. Lié au mouvement social, en affinant leur unité et leurs objectifs, UP ne manquera pas de progresser. Comme le soulignent les deux leaders Iglesias et Garzon, deux défis restent à surmonter: passer de la sympathie à la conviction, de la capacité à gouverner et enfin vaincre la peur du changement.

Jean-Luc Mélenchon a cru bon de laisser entendre que l’objectif non atteint de U/P s’expliquerait par l’alliance avec les communistes. Il est démenti par Iglesias en personne.

L’Espagne continue de vivre une sévère politique d’austérité. Des centaines de milliers de personnes jetés de leurs maisons ou de leurs appartements, un chômage à presque 20%, une précarité ravageuse voyant les jeunes quitter massivement le pays pour aller travailler à l’étranger ou s’installant à nouveau chez leurs parents. L’Espagne, la rebelle, n’est pas prête à se laisser faire. Le célèbre poète Rafael Alberti, celui qui le jour de ses 90 ans répondant à une question affirmait: « je ne me repens de rien, je ne suis pas un ex-communiste », écrivait à propos de son pays :

« Les terres, les terres, les terres d’Espagne

Les grandes, les immenses, désertes étendues

Galope cheval balzan

Cavalier du peuple

Sur le soleil et la lune.

Un poème intitulé « Au grand galop » mis en musique et chanté par Paco Ibanez. Nous l’écoutons.

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2 juillet 2016 6 02 /07 /juillet /2016 11:16

Réflexions de mon camarade et ami Ivan Lavallée. Du sérieux.

Le piège: je me demande si nous ne sommes pas menacés d’un piège à double détente:

1) Malgré le côté spectaculaire des grèves et manifestations et le désaveu massif de cette loi et du gouvernement (67 ou 71% suivant les sondages), l’enjeu est tel pour le capital, et mondial, que revenir sur cette loi provoquerait un séisme à l’échelle européenne (pas seulement de l’Europe politique d’ailleurs) et mondiale, ce serait la mise en cause du néo-libéralisme. Raison de plus pour essayer de gagner, mais le rapport de forces sur le terrain est difficile à appréhender. C’est la classe ouvrière traditionnelle, le noyau historique, qui est entré en lutte et en grève, mais la classe ouvrière stricto sensu ne représente plus en France que 3,6 millions (sur 24 millions de salariés (chomeurs compris) soit 15%) et en comparaison, il y a 2,4 millions d'étudiants (en proportion ça représente 10% des salariés et 2/3 de la classe ouvrière traditionnelle) contre 8 millions d’ouvriers en 1968 dont environ 7 millions se sont mis en grève[1]. A l’époque, il y a 373.000 étudiants (en proportion, 4,6% de la classe ouvrière); ça n’a plus rien à voir. La puissance du syndicat de classe CGT n’est plus la même, 2,2 millions d’adhérents en 1968, 630.000 en 2015.

Mais depuis 1968, et même 1995, l'économie s'est complexifiée, c'est plus que jamais une économie de flux interdépendants et partout optimisés, ce qui fait qu'elle est plus fragile. Si la seule force ouvrière est le blocage, il est sans doute plus facile de bloquer que jamais auparavant (10% de l'effectif en grève à la SNCF... 1 train sur 4 circule et tout le pays est bloqué... ce n'est pas pour rien si c'est dans les industries de réseau - transport et énergie, manquent les télécoms et l'eau c'est vrai - qu'il reste des syndiqués, ce sont elles qui ont porté toutes les transformations de ces dernières décennies). En "pouvoir de nuisance" comme ils disent, on a perdu moins qu'en effectif.

- la prolétarisation[2] de millions de travailleurs intellectuels avec la révolution numérique fait qu'objectivement il est maintenant très clair que beaucoup de techniciens, ingénieurs, cadres, petits entrepreneurs, travailleurs du spectacle et autres professions intellectuelles et créatives - autrefois plutôt "petit-bourgeois" et rarement du bon côté de la barricade - subissent pleinement l'exploitation néo-libérale capitaliste. Ces groupes sociaux représentent aujourd'hui une part très importante de la population et on voit bien que de ce côté ça bouge très fort. Ce n'est pas pour rien si l'UGICT est la pointe avancée du mouvement actuel, si les mouvements éco-bobos des verts ou de Mélenchon ont l'impression d'avoir une vocation "de masse". Evidemment la culture de ces groupes n'est pas celle des manifs et de la grève, ce sont des groupes à aspirations individuelles fortes et le syndicalisme ou le parti communiste ne sont pas historiquement taillés pour être compatibles avec cette aspiration. Mais en revanche ce sont des groupes plus éduqués, créatifs, qui peuvent analyser et comprendre beaucoup de choses, renouveler rapidement les méthodes de lutte (d'où l'épisode incompris de nombre de militants communistes à propos des primaires de gauche et non pas de La gauche, en prolongement de la pétition à 1.300.000 signatures qui a été initiée par quelques individus), éviter certains écueils tels que le suivisme aveugle ou la tentation du recours aux armes. Avec cette sociologie là, on doit pouvoir porter quelque chose de vraiment démocratique qui reste à définir, dans le contenu comme dans la méthode. Reste évidemment à ne pas perdre en combativité ni nous perdre dans l'individualisme, et cela implique de tenir le bout de la classe ouvrière "classique". Vu que c'est celle qui se rappelle au monde en ce moment, peu de chance que nous nous l'oublions...

Du coup il ne faut pas voir la "stratégie 99%" seulement comme un combat gramscien pour l'hégémonie culturelle mais bien comme une stratégie de rapport de force, en nous ouvrant à la diversité des bases sociales et donc des moyens d'action sans les laisser nous diviser.

Le Parti Communiste :

Avec le 37e congrès, le Parti Communiste sort d’une longue période (20-25 ans) de dérive idéologique et sociétale, affaiblissant, pour ne pas dire abandonnant, la position de classe, qui a laissé des traces profondes, freinant sa capacité d’action. La ligne politique définie lors du congrès est une ligne de mobilisation populaire appuyée sur les luttes sociales et les revendications sociétales, la composante de classe est forte et le lien social/sociétal est là et doit être constamment mis en avant; mais la mise en œuvre de cette ligne politique nécessite un parti mobilisé et convaincu et structuré pour l'action. On ne peut évidemment pas compter sur les médias pour nous aider, seuls les militants peuvent porter cette action, or le Parti Communiste est très affaibli non seulement numériquement, mais ce qui est beaucoup plus inquiétant, idéologiquement et aussi du point de vue organisationnel.

Le Parti est le reflet de la société, il est traversé par les mêmes dérives et ses militants sont sous la pression idéologique du capital relayé une fois de plus par la social-démocratie. Tout l’appareil idéologique du capital est mobilisé pour bâillonner le courant communiste et en criminaliser l’histoire, quitte à trafiquer la réalité, avec des échos dans le parti lui-même. La suppression des écoles de formation et d'une politique cohérente de formation idéologique et de promotion des cadres a porté un coup très dur à l'unité idéologique du Parti.

Au plan des effectifs, il y a un trou de génération des classes 1980 à 2010 et ça se ressent. De plus 1990-2010 c’est la période de flottement idéologique de directions faibles, avec suppression des écoles de cadres sur fond de défaite historique du mouvement révolutionnaire mondial avec la disparition de l’URSS et des pays socialistes d’Europe, cette situation va entraîner un double mouvement dans le parti communiste français, qui se fait encore sentir:

  • d’une part un groupe dirigeant idéologiquement faible, secrétaire général compris, tenté par l’aventure va essayer de transformer le Parti en un mouvement aux contours idéologiques mal définis et ne remettant en cause le système capitaliste que sur le plan sociétal, ne se basant plus sur une analyse de classe, au nom d’un aggiornamento nécessaire et sous le feu de l’idéologie dominante, c’est le 30eme congrès en l’an 2000 à Martigues ;
  • d’autre part, un réflexe de repli sur soi quasi religieux, sur «la foi du charbonnier» et un manque là aussi d’élaboration théorique qui prendrait en compte les modifications non seulement des rapports de forces mondiaux mais aussi du mouvement des forces productives, des façons de produire et de communiquer. Un nombre important de camarades vont quitter le Parti et créer une myriade de groupuscules se réclamant du combat communiste, mais « à l’ancienne » souvent sans vraiment de stratégie révolutionnaire, ils vont perdre le contact avec les masses populaires. Certains vont vivre dans un ecosystème leur permettant de continuer comme avant, y compris pour nombre d’entre eux en restant dans le Parti.

2) la capacité de nuire d'un Mélenchon démagogue saisi d’une posture césariste fort des 11% à l’élection présidentielle de 2012 (mais 5% aux législatives) qui a la capacité de faire échouer la ligne politique définie au congrès, alors qu’un accord sur les contenus et la méthode l’assurait quasiment d’être présent au second tour de la présidentielle de 2017. L’attitude d’un certain nombre d’anciens dirigeants du Parti communiste, héritiers du congrès de Martigues en particulier qui «sont allés chercher» Mélenchon en 2012, sur une ligne sociétale, mise en minorité au 36 e congrès, et tentés par une action fractionnelle, désavouée par environ 80% des militants, mais qui garde ses partisans dans le parti, qui seraient confortés par l’échec de la ligne mise en œuvre. La faiblesse idéologique de certains de ces anciens dirigeants communistes par défaut est telle que le seul argument trouvé pour soutenir un Mélenchon c'est de dire "il était notre candidat en 2012, il a donc vocation à l'être en 2017" ce à quoi on peut répondre qu'on a eu une candidate auparavant qui ne l'a pas été par la suite. Il ne faut pas s’y tromper, l’objectif de Mélenchon, c’est une OPA sur le PCF ou du moins sur ses forces vives, mais son fond anti-parti Communiste resurgit lorsqu'il attribue a priori l'échec relatif de unidos podemos à l'alliance avec le Parti Communiste Espagnol; les masques tombent ! Parmi les 80% de militants qui refusent la ligne sociétale et la liquidation du Parti en un «mouvement» à l’italienne (on a vu ce que ça donne !) les choses sont aussi loin d’être claires. Echaudés par la longue dérive précédente un certain nombre de camarades (env. 20%) ont adopté une attitude identitaire de «témoignage» dont le moins qu’on en puisse dire est qu’elle n’est pas adaptée à la situation mouvante, politique et économique, la modification rapide des moyens de communications, la révolution numérique qui bouscule les collectifs de travail et crée une sorte de fracture technique entre les générations. Toutefois, ces camarades "identitaires" ont "tenu les murs" de la maison communiste et empêché pour l'essentiel la liquidation du Parti Communiste Français, il faut leur rendre cette justice, alors que la défaite de l’URSS dans la guerre froide a entraîné une grosse perte de militants (en particulier après l’an 2000 et le congrès de Martigues où s’est affirmée la dérive idéologique) et un «trou» de génération de 20 ans qui est loin d’être comblé; le texte de la direction a obtenu précédemment au congrès la majorité absolue dans 58 départements et pas dans 34. Les semaines et mois qui viennent vont nécessiter un travail politique intense des militants, tant dans la population, au service des luttes que dans le Parti lui-même.

La nécessaire réorganisation du Parti communiste

Il me semble que dans l’organisation du congrès du parti et de la mise en application des décisions prises par le congrès souverain, il y a problème depuis l’abandon du centralisme démocratique. En effet, on a abandonné le centralisme démocratique sans trop se poser de question sur les effets induits dans le fonctionnement du Parti en tant qu’institution de mise en œuvre d’une organisation de combat au service de la lutte de classes du monde du travail et de l’intérêt du peuple tout entier.

Pour que le Parti soit efficace, ("les communistes ne font pas la révolution, ils l’organisent ! » V.I.O) il faut qu’il soit organisé pour mettre en mouvement l’action politique définie par le congrès qui est souverain. Dans cet esprit, le processus actuel de préparation du congrès est totalement inadapté. On commence par élire des directions de section et des directions départementales qui sont censées mettre en œuvre des décisions de congrès qui ne sont pas encore décidées et avec lesquelles elles peuvent être en désaccord. C’est une création de facto, dans le pire des cas, de groupes fractionnels dans le Parti, d’autant plus que le système des textes et listes alternatives est antidémocratique au possible et crée lui aussi des crispations qui incitent plus à des postures qu’à des participations à l’élaboration d’une politique claire.

Il faut une inversion des normes ! Préparer le congrès par des assemblées générales, lesquelles, après discussion libre, élaborent des amendements et des ré-écritures à un texte de discussion unique pouvant être remis en cause en congrès (il est souverain je le rappelle). Après congrès ayant défini la stratégie politique, et élu un CN et seulement après, élection et mise en place des directions et exécutifs départementaux, et de section, chargés d’organiser et d’animer la mise en place de la stratégie définie souverainement au congrès. Tel est me semble-t-il le gage de l’efficacité le Parti n’étant pas et n’ayant pas vocation à être le dernier salon où l’on cause. Il serait sans doute souhaitable que le 38 ème congrès mette à l’ordre du jour une discussion et modification des statuts allant dans ce sens, voire que soit convoqué un congrès extraordinaire avec pour ordre du jours les statuts, l'organisation.

Dans la situation statutaire actuelle, pour être efficace, il conviendrait de mettre en place des collectifs de suivi et animation des décisions de congrès à tous les niveaux, conseils départementaux et sections.

De toute façon, avec la loi nome, il va falloir revoir les découpage des conseils. Que signifie conseil départemental quand le département n'existe plus ou n'a plus aucun sens ?

Section et fédération sont des concepts indépendants des aléas des réformes territoriales. Bon, mais là n'est pas l'essentiel même si ça a une importance.

Un autre problème va apparaître que je ne sais pas nécessairement évaluer mais qui va exister, c'est celui de l'impact de la révolution numérique sur les méthodes d'organisation. Par ailleurs, comme noté ci-dessus dans le texte, les organisations communistes et les syndicats de classe portant les intérêts de la classe ouvrière traditionnelle historique se sont construits et organisés à l'époque, au cours essentiellement des révolutions industrielles et ont acquis leur efficacité en fonction de cette organisation. La production changeant d'organisation, l'exploitation s'opérant différemment même si c'est parfois plus férocement, il va falloir intégrer cet état de fait dans une réorganisation du Parti et dans ses moyens de consultation et débats internes. Ce qui doit guider l'esprit d'une restructuration organisationnelle du parti, c'est l'efficacité, et pas les susceptibilités des uns ou des autres.

Il y a une ambigüité à lever; le Parti n'est pas la Nation, les règles de vie du Parti n'ont pas à être le reflet de ce que nous considérons comme les règles de fonctionnement de la Nation. Ainsi par exemple, si le Parti ne peut pas tolérer des tendances, il n'est pas question d'imposer en temps normal, un parti unique dans le fonctionnement de la Nation, l'expérience a disqualifiée la chose.

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[1] En 1936 les grévistes étaient 2 millions et seul le secteur privé était en grève.

[2] Je rappelle là au passage que prolétaire est un rapport social, contrairement à une vulgate trop répandue, ce n’est pas lié à la nature du travail effectué ni au niveau de rémunération, seulement au fait que le prolétaire est un travailleur obligé de vendre sa force de travail pour acquérir les moyens de vivre (gagner sa vie) et que dans le mode de production d’aujourd’hui ça correspond très largement au salariat. Ce n'était effectivement pas le cas à l'origine, dans la Cité romaine. Dans l'antiquité romaine, le prolétaire était le citoyen de la dernière classe (la 6eme); exempt d'impôt, n'ayant d'autre bien que sa personne.

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1 juillet 2016 5 01 /07 /juillet /2016 12:38

Il aurait pu être le « Mujica » français, à l’instar de l’ancien président de l’Uruguay, le rassembleur, l’homme de la gauche, la vraie, celle de la justice sociale, du respect de l’autre, de la solidarité. Il en a toutes les qualités : le talent, la culture, l’intelligence, la présence. Avec deux défauts : la suffisance et l’arrogance.

Jean-Luc Mélenchon s’est autodétruit. Certains rappelleront son admiration pour François Mitterrand, d’autres son passé trotskyste, sa complicité amicale avec Lionel Jospin. Ceci explique peut être cela. Pourtant, l’explication première n’est-elle pas dans l’égo démesuré du personnage et son anticommunisme camouflé, selon les circonstances, et revenant régulièrement à la surface ? L’inverse de Mujica.

Un micro caché l’avait surpris à la fin d’une émission de radio déclarant que les communistes « il en a rien à foutre ». Puis, des amabilités à l’égard des cocos parisiens, des « pleutres », selon lui. Et récemment d’affirmer concernant les récentes élections législatives en Espagne : « Du moins suis-je débarrassé des parallèles à propos de l’alliance avec les communistes qui semble avoir coûté si cher à Podemos. » Cerise sur le gâteau, une perle : « L’Europe, on la change ou on la quitte », à la manière de Sarkozy « La France tu l’aimes ou tu la quittes ». Il y a entre ces deux hommes d’étranges convergences. Dans la forme, s’entend.

Dommage. J’en connais plus d’un qui, comme moi, sur la base d’objectifs discutés et partagés n’auraient pas hésité à travailler pour le succès de la candidature Mélenchon dans le cadre d’un front de gauche élargi. Trop tard. L’homme s’est dévoilé.

José Fort

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27 juin 2016 1 27 /06 /juin /2016 21:08

Ma chronique sur Radio Art-Média ( tous les lundi en direct à 19h15.)

Après le vote des Britanniques en faveur du retrait de leur pays de l’Union européenne, chacun à son mot, son interprétation : l’immigration, le prix trop cher à payer, la bureaucratie, les dimensions des toilettes ou des saucisses…L’essentiel est ailleurs : ce vote traduit d’abord le rejet de la construction libérale de l'Union européenne.

A force de travailler à saboter les conditions de vie, de travail, d’existence des classes populaires, les ultralibéraux de l’Union européenne de droite comme de la sociale démocratie ont fini par échouer sur le mur du peuple. Aujourd’hui, les Britanniques, demain qui ?

Après ce vote, le risque est grand que les dirigeants européens fuient une nouvelle fois leurs responsabilités. La déclaration de François Hollande au lendemain du scrutin d’Outre Manche confirme le maintien d’une orientation mortifère pour l’Europe.

Qu’a-t-il dit ? Des formules connues, des poncifs entendus depuis des lustres sans jamais évoquer la raison première du désaveu de la politique de l’Union européenne : celle de la régression sociale et du non respect de la volonté des peuples. Les Français dont le vote de 2005 a été jeté aux poubelles en savent quelque chose.

Les chefs d’Etat et de gouvernement ainsi que leurs représentants à Bruxelles ont tout faux. S’ils persistent dans leur entreprise funeste, ils seront balayés. Leur sort nous importe peu. Ce n’est pas avec eux qu’une autre Europe doit être pensée et construite.

L'heure n'est pas à l’immobilisme.

Sans attendre, des premières et immédiates décisions doivent être prises.

- Les plans comme celui du libre échange avec les Etats-Unis qui aurait pour conséquence la mise sous tutelle nord-américaine des économies européennes doivent être annulés.

- Les directives de déréglementation sociale, à commencer par la Loi « travail » en France doivent être annulées. La loi dite El Khomri est un pur produit d’importation made in Union Européenne. Jean-Claude Juncker, le président de la commission européenne, est allé droit au but il y a quelques jours en déclarant, je le cite, « la loi réforme du travail en France est le minimum de ce qu’il faut faire. »

D’autres mesures d’urgence doivent être prises. Par exemple :

- L’adoption immédiate de dispositions pour sortir de l'austérité avec la renégociation du traité budgétaire et une conférence européenne sur la dette.

- L’affectation des 80 milliards d'euros injectés chaque mois par la Banque centrale européenne sur les marchés financiers vers les services publics et l'investissement public.

Ces premières mesures permettraient de commencer à combattre les fléaux imposés aux peuples européens. Fléaux ? Voici quelques chiffres :

- 26 millions de personnes sont privées de travail dans l’Union européenne.

- 7,5 millions de jeunes Européens sont sans travail et sans formation.

- 23 % des moins de 25 ans sont à la recherche d’un emploi dans les 28 États membres de l’Union européenne.

Pour reconstruire l'Europe, les peuples doivent être écoutés et respectés. L'avenir de l'Europe ne doit plus se décider dans leur dos.

Il y a un piège que tendent les nostalgiques de l’ordre brun, en France le Front national : utiliser la peur et la politique cataclysmique de l’Union européenne pour détruire toute espérance d’une autre Europe, celle de la paix, de la coopération véritable, du respect et de la justice sociale. Or, il n’y a pas de solution viable dans la politique du retrait et de la chaise vide. Assurer la paix, la coopération passe par une politique de progrès social et de développement partagé. L’heure est donc à la refondation.

Comme l’écrit Serge Halimi dans « Le Monde Diplomatique » daté du mois de juin, « imposer des sacrifices cruels à des peuples entiers au nom de règles qu’on ne comprend pas soi-même, oublier ces dernières sitôt que des compères politiques les transgressent : c’est aussi sur ce terreau d’amoralisme et de cynisme que l’extrême droite européenne avance. »

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20 juin 2016 1 20 /06 /juin /2016 19:31

Ma chronique sur Radio Arts-Mada (les lundi en direct à 19h15)

En préparant cette chronique, je me disais : « Allez, fais dans le frivole en ce dernier jour de printemps, dans le sourire en ces temps gris et durs. » Et bien impossible. Pourquoi ? La semaine a été terrible de mensonges, d’attaques contre la CGT et son secrétaire général, terrible de manipulations rappelant des épisodes douloureux pour les plus anciens

Mensonge ? Le mouvement social contre la loi dite du « travail » dure depuis quatre mois. Depuis des semaines, gouvernement et médias à la botte évoquent un « essoufflement » de l’action alors que les dernières manifestations ont rassemblé plus de participants que d’habitude.

Mensonge ? Le mouvement serait conduit par la seule CGT alors que l’intersyndicale réunit six autres organisations.

Mensonge ? Les grèves seraient en perte de vitesse alors que l’action prend de nouvelles formes, les Pujadas et autre Elkabach ne connaissant pas la vraie vie, celle de la feuille de paye amputée de centaines d’euros d’un salarié en grève.

Terrible ? Lorsque le patron du Medef qualifie la CGT de « terroriste », lorsque des journalistes font un parallèle entre la CGT et les monstres de l’Etat islamique.

Terrible ? Lorsque tous ces gens de la société chic lance des appels à caractère injurieux et fascisants contre Philippe Martinez.

Terrible ? La campagne d’intoxication visant à détourner l’opinion des véritables responsables de la situation.

Manipulation ? L’amalgame entre les manifestants et les casseurs qu’on devraient appeler plus directement les supplétifs du pouvoir. L’ignoble utilisation des vitres brisées de l’hôpital Necker alors que les images tournées par un journaliste du Monde.fr montrent bien que cet acte scandaleux a été commis par un seul homme armé d’une massue et qui mystérieusement a disparu aussi vite qu’il était arrivé. Ignoble aussi l’utilisation de photos montrant des dockers de la CGT répliquant et seulement répliquant à une bien étrange charge policière alors qu’ils s’apprêtaient à monter dans leurs bus.

Manipulation ? Il suffit de regarder les photos. Un groupe de plusieurs centaines de cagoulés la plupart de noir vêtu, et plus loin derrière, le début du cortège syndical, lui, bien coloré et à visage découvert. Il aurait suffit d’encercler ce groupe pour le rendre incapable de sévir. Cet ordre, les CRS ne l’ont pas reçu. Il y a un moyen pour mettre hors d’état de nuire les casseurs : interdire systématiquement dans les manifestations les cagoules et autres camouflages des visages. Ainsi, les supplétifs du pouvoir et policiers en mission ne pourront plus agir impunément.

Reste l’essentiel. Malgré l’agressivité du pouvoir et son interdiction de manifester notamment, malgré l’insupportable propagande hostile aux salariés et à leurs représentants, malgré le chantage, malgré les insultes, malgré les coups tordus, 6 Français sur 10 se prononcent toujours contre le projet de loi sur le « travail ».

Il y a une solution pour retrouver le calme. Une seule, logique, raisonnable, responsable : la suspension du projet de loi et la reprise des négociations à la rentrée en prenant en compte les propositions formulée par les syndicats.

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13 juin 2016 1 13 /06 /juin /2016 18:27

François Hollande attire la pluie et la grisaille comme les mouches sont appâtées par les odeurs. Lors de son investiture à la présidence de la République, il tombait des cordes. Quelques heures après, l’avion l’emmenant rencontrer la chancelière allemande, Angela Merckel, était frappé par la foudre. Puis, des trombes d’eau à l’île de Sein pendant les cérémonies célébrant le débarquement en Normandie. Même sort lors d’une visite à Mayotte. La plupart des voyages présidentiels durant ce triste quinquennat finissant ont été marqués par la pluie, la grêle et la foudre. A tel point que la presse britannique appelle François Hollande le « rain man ». Avec en prime des inondations à travers le pays jamais vues depuis près d’un siècle.

« Ce type attire la schtroumoune », s’exclamait l’autre jour un éditorialiste du « New York Times ». Pas pour tout le monde. Car Hollande en matière de cadeaux aux riches fait plus que Sarkozy. Celui qui visait, lors de sa campagne électorale, la finance comme son « ennemi » a fait des cadeaux somptueux aux grandes fortunes.

Ainsi, Liliane Bettencourt n’a pas payé l’impôt sur l’ISF en 2015 malgré sa fortune estimée à 32 milliards d’euros. Pareil pour la veuve d’Edouard Leclerc, le fondateur des supermarchés du même nom et mère du donneur de leçons abonnés aux médias, pareil pour Bernard Arnault, pareil pour Hélène Darty, pour feu Jean-Claude Decaux, pareil pour Christiane Guerlain et plusieurs dizaines d’autres aux noms moins connus. Bref, des centaines de millions d’euros, certains disent plus d’un milliard, en moins dans les caisses de l’Etat.

Ces révélations du « Canard Enchaîné » ont provoqué un vent de panique du côté de Bercy. Michel Sapin, celui qui tire sur les culottes des journalistes et qui est aussi ministre des Finances a piqué une colère et a diligenté une enquête. Pour que le scandale cesse ? Vous n’y êtes pas. Pour débusquer la source de l’info, pour s’attaquer aux journalistes lanceurs d’alerte.

Les sceaux d’eau qui n’ont cessé de tomber sur Hollande ne sont pas seulement le produit de la malchance, de la schtroumoune. J’y vois plutôt un signe : avec lui la grisaille est réservée aux plus faibles, aux sans-dents comme il dit. Le soleil pour les très, très, très riches.

Ma chronique sur Radio Art-Mada (tous les lundi à 19h15)

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12 juin 2016 7 12 /06 /juin /2016 08:29

Le préfet Jacques Lambert, grand patron de l'Euro 2016, a consacré ces derniers jours l'essentiel de ses prestations médiatiques à pleurnicher sur le thème: "les grèves et manifestations donnent une mauvaise image de la France." Les violences survenues hier à Marseille et à Nice relevant directement de sa responsabilité, ne devrait-il pas en tirer toutes les conséquences?

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