Golan syrien, un holdup israélien
(Sur Radio Arts-Mada, le lundi à 19h)
Avec Trump, l’ignoble succède chaque jour au sordide. « Après 52 ans », écrivait-il la semaine dernière, « il est temps pour les Etats-Unis de reconnaître pleinement la souveraineté d’Israël sur le plateau du Golan, qui a une importance stratégique pour l’Etat d’Israël et la stabilité régionale.» Une décision en rupture avec la position des Etats-Unis et des Nations unies depuis des décennies.
Rappel. Israël a conquis une grande partie du Golan, soit 1 200 km2 en terres syriennes, en 1967 lors de la guerre des Six Jours et l’a annexée en 1981. Une annexion pure et simple balayant tous les principes internationaux confirmant la politique prévaricatrice du gouvernement fascisant israélien.
Je suis allé dans cette région, particulièrement à Majda Shams, la dernière ville avant le mont Hermon sur le plateau du Golan.
Ce territoire syrien annexé par Israël comptait 139 villages avant les guerres. Depuis, 130 000 Arabes ont été expulsés. Il reste 5 villages dont Majda Shams où j’ai rencontré un ami dont je suis obligé de préserver l’anonymat.
Il a fait plusieurs années de prison pour avoir contesté l’occupation. Il est un des « oubliés du Golan » dont on ne parle jamais ou presque.
« Les gouvernants israéliens répètent qu’ils sont ici chez eux. Peu leur importent les résolutions de l’ONU », nous disait-il. Avec plusieurs de ses amis, il a brûlé sur la place du village les papiers d’identité israéliens que la puissance coloniale voulait lui imposer. Il l’a payé cher.
Le plateau qui surplombe le lac de Tibériade et l’est de la Galilée a longtemps présenté un intérêt militaire. Cet argument a perdu de sa force avec le perfectionnement des moyens militaires israéliens. La véritable raison est ailleurs : le Golan est un château d’eau stratégique d’où proviennent une partie des affluents du Jourdain et de Tibériade. Il s’agit du principal réservoir d’eau douce israélien. Dans un monde civilisé, des accords internationaux pour une juste répartition de l’eau auraient dû être signés. Les gouvernants israéliens ont choisi la force, l’égoïsme, la domination, le mépris.
20 000 colons israéliens étaient installés à proximité de Majda Shams lors de mon séjour. Ils seraient actuellement 25.000 tandis que 22 000 Syriens y vivent toujours.
Nous ne voulions pas quitter notre ami sans visiter les nombreux vergers entourant la ville. Des cerises et des pommes à profusion. La soirée s’annonçait chaleureuse avec un barbecue préparé par ces Syriens aux allures de rugbymen. En face, la nuit était tombée sur la Syrie chère à nos hôtes. On a trinqué à l’arac alors qu’une patrouille militaire israélienne passait à proximité. « Ici, nous disaient-ils, nous sommes chez nous. En bas, dans le village c’est l’apartheid, le ghetto comme avant en Afrique du Sud. »