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6 juin 2013 4 06 /06 /juin /2013 16:31

Le président Obama empêtré dans des affaires intérieures – attentat de Benghazi, écoutes de journalistes, action excessive de l’administration fiscale – n’a pas trop de souci à se faire. Malgré les pressions des élus républicains, il semble en mesure de se sortir de ce mauvais pas. En revanche, le Prix Nobel de la Paix Obama a du souci à se faire en matière de politique internationale : chute de popularité en Europe, discours sur le Proche Orient et l’Afrique restés lettre morte, mauvaise passe en Asie... En Amérique latine, le Prix Nobel Obama impliqué dans deux coups d’Etat (Honduras et Paraguay), ne décide toujours pas la fermeture du centre de tortures de Guantanamo et laisse croupir dans les geôles US quatre ressortissants cubains coupables d’avoir infiltrés des groupuscules paramilitaires installés en Floride et responsables de nombreux attentats à Cuba. Le cinquième membre du groupe, René Gonzalez, a retrouvé depuis peu la liberté et sa famille à Cuba.

Ramon Labanino, Fernando Gonzalez, Antonio Guerrero, Gerardo Hernandez et René Gonzalez n’ont commis aucun crime sur le sol nord-américain. Ils n’ont jamais porté atteinte à la sécurité des Etats-Unis. Alors pourquoi des condamnations à des peines de prison ubuesques assénées dans des conditions juridiques indignes et le maintien presqu’au secret de ces hommes ?

C’était au temps de la présidence de Bill Clinton alors qu’une vague d’attentats frappait Cuba particulièrement les hôtels fréquentés par le tourisme international. Les relations entre Washington et La Havane avaient enregistré un timide dégel au point que des contacts étaient pris entre les services spéciaux des deux pays. Lors d’une réunion dans la capitale cubaine couverte par la présidence US, les représentants du FBI donnèrent leur accord pour une opération limitée dans le temps de « localisation et d’information » menée par des agents cubains en Floride repère des terroristes bien connus depuis l’attentat contre l’avion de la Cubana au dessus de la Barbade au mois d’octobre 1976 entraînant dans la mort 73 personnes dont l’équipe cubaine d’escrime. Un sinistre personnage impliqué dans la plupart des mauvais coups en Amérique latine, Luis Posada Carriles, avait publiquement revendiqué le crime avant de se réinstaller à Miami dans la plus totale impunité. La mission des agents cubains se limitait à obtenir les informations nécessaires pour contrer les actes terroristes en préparation. Rien de plus, rien de moins.

Au mépris des accords passés à la Havane, les cinq agents cubains étaient arrêtés, maintenus au secret puis « jugés » à Miami dans un environnement hostile, les jurés faisant l’objet de menaces et de chantages. La CIA était passée par là, l’agence ne supportant pas que son personnel local puisse être inquiété et refusant le début possible d’une amélioration des relations avec la Grande Ile. Depuis, quatre patriotes cubains survivent dans les geôles US. Cela fait quinze ans.

Aux Etats-Unis, le sort réservé à ces hommes a dépassé la confidentialité. Des centaines de personnalités du monde politique, économique, culturel et artistique demandent leur libération. Dix Prix Nobel et des dizaines de juristes internationaux viennent de s’adresser à Barack Obama et des journées de solidarité sont annoncées à Washington du 30 mai au 5 juin avec une revendication : le retour des quatre Cubains dans leur patrie.

Tous les recours juridiques étant épuisés, seul Barack Obama peut mettre fin à ce déni de justice. En prenant une décision libératrice, il rendrait enfin justice à des combattants anti terroristes injustement condamnés. Il accomplirait ainsi un geste d’apaisement pouvant ouvrir la voie à d’autres démonstrations de normalisation des relations et au possible élargissement de ressortissants étatsuniens détenus à Cuba. Le Prix Nobel de la Paix Barack Obama ne pouvant pas briguer un troisième mandat n’a rien à perdre. En agissant dans le sens de la libération des quatre patriotes cubains et dans le même mouvement en fermant la base concentrationnaire de Guantanamo et en rendant enfin ce morceau de terre à la République de Cuba, il redorerait une présidence démarrée dans l’espoir mais aux promesses non tenues. Deux de ses prédécesseurs – Lincoln et Carter - resteront dans l’histoire des Etats-Unis comme des présidents ayant pris des décisions courageuses en matière de droits de l’homme contre une opinion souvent hostile. Barack Obama aura-t-il le courage de se ranger dans cette lignée ?

José Fort

L’Humanité Dimanche 6 juin

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