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8 novembre 2010 1 08 /11 /novembre /2010 16:11

« As-tu lu le dernier livre de Roger Garaudy ?  Qu’en penses-tu ? ». Au parloir de la prison de Carabanchel dans la banlieue de Madrid, Marcelino Camacho avait délaissé un moment sa femme Josefina poussant le leader communiste asturien Horacio Inguanzo à qui je rendais visite pour me poser la question. Je ne le connaissais pas et Horacio me dit : « C’est Camacho, le leader syndicaliste, avaleur de livres, mon camarade de parti et ami très proche ». C’était au mois d’août 1973, trois ans avant la mort de Franco. Camacho et Inguanzo avaient été condamnés par la dictature à vingt ans de prison.

Le  futur fondateur des Commissions ouvrières (CC.OO) avait déjà une vie bien remplie : d’abord six ans de prison après la guerre d’Espagne pour « participation à la rébellion » puis interné dans différents camps de travaux forcés avant d’être transféré à Tanger d’où il s’échappe, passe au Maroc sous tutelle française et se retrouve à Oran. Il aimait cette ville où il a appris une langue française teintée d’espagnol et d’arabe. Un soir à Paris dans les années 1980, reçu par Roland Leroy au siège de « l’Humanité », Camacho nous avait fait passer un moment savoureux en déclinant un discours… coloré.

Marcelino Camacho et sa famille rentrent en Espagne en 1957. Dure période. Ouvrier métallurgiste dans l’entreprise Perkins Hispania, il a le culot de se présenter à l’élection du comité d’entreprise dans le syndicat vertical lié au pouvoir. « Il fallait, précisera-t-il plus tard, profiter de toutes les possibilités pour organiser la lutte contre le régime et améliorer les conditions de vie des travailleurs ». En 1964, il crée la Commission ouvrière de la métallurgie de Madrid, sous le nom de Commission provinciale des délégués et représentants syndicaux. Il s’agissait de la première  Commission ouvrière de nature permanente à l’origine de la Confédération syndicale des Commissions ouvrières (CC.OO) qui compte aujourd’hui près de trois millions d’adhérents.

 A partir de 1965, il passe de nombreuses journées et nuits dans les locaux de la brigade politico-sociale. Il est emprisonné en 1967 et il lui faudra attendre la mort de Franco pour recouvrer la liberté. C’était en 1976. Cette même année, Marcelino Camacho est élu premier secrétaire général des Commissions ouvrières. Il fut aussi élu député du parti communiste d’Espagne lors de la période de transition (1977) mais quitta rapidement cette fonction « pour éviter tout conflit entre la discipline de vote du parti et la fidélité aux intérêts des travailleurs. »

A chaque voyage en Espagne que j’effectuais pour « l’Humanité », je rendais visite à Marcelino devenu un personnage incontournable de la vie politique et sociale du pays. J’avais souvent un bouquin à offrir à « l’avaleur de livres ». « Tu es libre demain, me dit-il un jour, si oui viens avec moi à Barcelone. »

A peine débarqué dans la capitale catalane, j’ai pu constater la popularité de Camacho. Difficile de se frayer un chemin dans l’aéroport. Dans la voiture, un responsable syndical annonçait le programme de la journée. Rencontres avec les salariés de la Telefonica, puis avec les travailleurs de la Seat dans la banlieue de Barcelone, déjeuner avec les responsables syndicaux de la région puis nouvelle rencontre cette fois dans une usine textile avant quelques interviews et le meeting du soir. Pendant toute cette journée, Marcelino a peu parlé ne s’exprimant que le soir lors du meeting. « Il faut savoir écouter », disait-il. Chaque semaine ou presque, il fuyait le bureau pour aller au contact des salariés.

Marcelino Camacho est mort il y a quelques jours à Madrid. Il avait quitté depuis plusieurs années ses responsabilités. « Je suis, je reste communiste et militant syndicaliste », clamait-il. Un homme droit, courageux, brillant organisateur, d’une intelligence pétillante qui a marqué la lutte contre la dictature et la défense des travailleurs vient de disparaître. Comme Pasionaria, il restera gravé dans la mémoire espagnole.  

José Fort

 

 

 

 

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3 novembre 2010 3 03 /11 /novembre /2010 13:36

Pour DiversesCités

Les Amériques viennent de connaître deux événements : au Sud, l’élection de Dilma Rousseff à la présidence du Brésil avec 56% des voix qui succédera à Luiz Ignacio Lula da Silva au mois de janvier prochain, et au Nord, le revers électoral subi par Barack Obama lors du scrutin dit de mi-mandat. Au Brésil, le weekend dernier, une majorité d’électeurs ont exprimé leur joie même si certains craignent une possible « dérive » au nom de la crise tandis que mercredi aux Etats-Unis, les pires forces réactionnaires  et racistes hurlaient leur satisfaction de la « raclée » qu’ils venaient de donner à Barack Obama et au parti démocrate qui perd la majorité à la Chambre des représentants et se maintient tout juste au Sénat. Les trois prochaines années risquent d’être mouvementées pour l’actuel locataire de la Maison blanche.

Nous avons dans ces colonnes  - et cela nous a été parfois reproché - salué avec enthousiasme la personnalité et les promesses de Barak Obama, applaudi aux changements annoncés avec son arrivée au pouvoir après les calamiteuses  années Bush (père et fils), espéré voir naître enfin des Etats-Unis mains tendus au plus défavorisés, tolérant avec le monde, jouant un rôle émancipateur.

Pourquoi, deux ans et demi après, une telle déconfiture électorale ? La raison tient en quatre facteurs : les électeurs noirs, jeunes, citadins  et de la classe moyenne ont souvent déserté le vote démocrate en se réfugiant dans l’abstention ouvrant ainsi grandes les portes à l’électorat le plus rétrograde et surtout ignorant. Des jeunes de Chigago, par exemple, le fief d’Obama raflé par les républicains,  ne sont pas allés déposer leurs bulletins de vote préférant rester chez eux. «Je suis déçu, déclarait il y a quelques jours sur une radio un étudiant ce cette ville. Il y a deux ans et demi devant mon téléviseur avec des copains je hurlais ma joie en voyant Barack Obama prêtant serment le jour de son investiture. Pour quel résultat ? Nos conditions de vie n’ont pas changé, elles se sont aggravées… »

C’est vrai. Barak Obama a dû s’affronter aux lobbies, aux multinationales (pharmaceutiques, par exemple dans le cas de l’aide médicale aux plus pauvres), aux pressions diverses visant à atténuer son action. Mais en passant des compromis avec ses adversaires, il a laissé sur le bord de la route beaucoup de ceux qui lui avaient fait confiance. Quelques chiffres confirment cette dure réalité.

Selon Arianna Huffigton, écrivaine et polémiste renommée interrogée par  Annick Cojean  dans « Le Monde magazine », cent millions d’Américains vivent avec des revenus inférieurs à ceux de leurs parents au même âge. La classe moyenne sur laquelle a reposé l’essor économique de ce pays est une espèce en voie de disparition. »

Mme Huffigton dresse un  bilan bien éloigné le « l’exemple américain ». 8,4 millions d’emplois perdus depuis la fin 2007, un Américain sur 5 sans emploi ou sous-employé, un sur 8 vivant de bons alimentaires, un crédit sur cinq menant à la saisie, coupes claires dans les services vitaux pour les plus faibles dans de nombreux Etats, 30% des lycéens quittant l’école sans diplôme… Pour Mme Huffington « Obama a raté son moment, il n’a pas osé. Il n’a pas su faire preuve de l’audace, de l’indépendance et du charisme d’un Roosevelt qui, en pleine dépression, avait lancé un programme de travaux gigantesques dont les bénéfices se ressentent encore aujourd’hui. Pour des dizaines de millions d’Américains, le rêve est brisé.  Le principe fondateur, « un homme, une voix », a été remplacé par l’arithmétique de la politique des groupes d’intérêts. Les lobbies et leur déluge de dollars ont envahi Washington. Une vraie prise de pouvoir. Le gouvernement fixe ses priorités au milieu de ce bazar de trafic d’influence. »

Pour de nombreux Américains la peur du déclin cède souvent à la colère laquelle se retourne contre Obama, véritable bouc émissaire. Des petits partis d’extrême droite font leur beurre sur cette désillusion. Ils rentreront vite dans la grande maison républicaine.

Le vote des Américains se fonde toujours sur les questions économiques internes. Les affaires du monde n’intéressent que la frange cultivée de la population. Or, Obama n’a pas réussi aussi ses paris internationaux. Aucun résultat dans les négociations israélo-palestiniennes, embourbement en Afghanistan, poursuite des tueries en Irak…

Quel l’avenir pour Obama? Deux possibilités s’offrent à lui : continuer à composer avec les lobbies, les multinationales, le camp républicain ou mettre en application ses promesses électorales. S’Il choisit la première hypothèse et ne sait pas retrouver l’enthousiasme de 2007, il y a fort à parier que sa réélection est compromise.

José Fort

 

 

 

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25 octobre 2010 1 25 /10 /octobre /2010 10:48

 

Le nouveau premier ministre conservateur, David Cameron y va à la hache sociale. Pire que Mme Thatcher. Il vient de présenter son programme « d’austérité juste » pour les quatre prochaines années. « Juste » parce que la dotation royale est légèrement à la baisse et que les ministres sont priés de restreindre leurs dépenses. L’essentiel est dans une attaque en règle contre l’aide sociale, le logement, les services publics.

500.000 postes de fonctionnaires seront supprimés d’ici 2015. Selon plusieurs économistes britanniques, près d’un million d’emplois sont menacés à moyen terme. Les budgets pour l’éducation primaire et secondaire reculent de près de 4%, l’éducation supérieure connaissant le même sort avec en prime le doublement des frais d’inscription universitaire. Tandis que l’âge de la retraite des fonctionnaires passera à 66 ans en 2020 ce sont les aides sociales et les retraites qui vont être rognées à l’extrême. Certains accompagnements financiers comme l’aide à l’handicap risquent dans certains cas d’être tout simplement annulés tandis qu’il est prévu concernant les retraites (les chiffres n’ont pas été rendus publics), une baisse des pensions et une augmentation des contributions. Enfin, les nouveaux loyers HLM seront augmentés pour s’établir à 80% du niveau du secteur privé.

La pilule est amère. Le plan britannique intervient après ceux adoptés en Grèce, en Espagne et au Portugal. Dans ces trois derniers pays, la réaction des syndicats et des salariés a été forte et l’on se demande quelle sera la réaction des syndicats britanniques. La politique ultralibérale se met en place dans l’ensemble de l’Europe dans des pays dotés de gouvernements de droite ou sociaux démocrates. L’heure est à la résistance européenne.

José Fort

 

 

 

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18 octobre 2010 1 18 /10 /octobre /2010 16:28

 

Les trente trois mineurs de la mine San José au nord du Chili sortis des entrailles de la terre sont rentrés chez eux après un court séjour à l’hôpital.  Le monde entier a pu assister en direct à leur sauvetage mis en scène comme une véritable émission télévisée de reality show. 2000 journalistes venus du monde entier ont « couvert » l’événement.  Le président  de droite, le milliardaire et ancien proche de Pinochet, Sebastian Pinera, aurait gagné dix points lors du dernier sondage avant de démarrer un voyage officiel en Europe. L’affaire est bouclée. Et pourtant.

Rien où presque n’a été dit sur l’insécurité régnant dans les 277 des 300 mines de la région d’Autofugasta, sur l’attitude des patrons de la mine de San José fermée en 2005 et qui, lors de sa réouverture en 2009, n’avaient  pas remis les installations aux normes de sécurité, sur le fait que le Chili n’est pas signataire de la convention de l’Organisation internationale du travail (OIT) concernant la santé et la sécurité dans les mines. On a fait vibrer, pleurer les opinions publiques  sans piper mot d’un scandale  disqualifiant la plupart des officiels et des patrons omniprésents devant les caméras. Quant au tremblement de terre du mois d’août dernier, il est passé aux oubliettes. Or, le gouvernement chilien n’a pas tenu ses promesses d’aide aux milliers de sinistrés qui survivent dans les pires conditions. Pas de quoi, il est vrai, exciter les télévisions.

José Fort

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19 septembre 2010 7 19 /09 /septembre /2010 10:03

pour DiversesCités 

Je vous avais raconté, il y a trois ans, la « honte » exprimée par une amie nord-américaine de passage à Paris lorsque nous évoquions George Bush fils, sa politique, son comportement, ses folies. « J’ai honte de dire que je suis américaine », nous disait-elle espérant un changement « salutaire pour les Etats-Unis et le monde. » Cette fois, les rôles sont inversés.

C’est la France qui fait « honte », où plutôt le président  qu’elle s’est choisie en 2007. Trois mois seulement après l’élection présidentielle, Anicet Lepors, ancien  ministre de la Fonction publique concluait un de ses articles ainsi : «Tout cela finira mal ».

La France connaît une des plus déplorables et dangereuses périodes de son histoire. De Gaulle symbolisait l’indépendance et la « grandeur » de la France, Pompidou la modernité, Giscard une aristocratie éclairée, Mitterrand la culture, Chirac les valeurs républicaines. Avec  Sarkozy, c’est la misère intellectuelle qui a fait son entrée à l’Elysée accompagnée des grandes fortunes du pays se précipitant sur le gâteau. Dans le monde entier, la presse se moque de Sarkozy  traité de « menteur » ou de « faiseur », les principaux dirigeants européens ne le supportent plus. Rien d’étonnant que de découvrir le dernier sondage selon lequel deux Français sur trois estiment que « l’image de la France est dégradée ».

Le pouvoir en place s’attaque aux retraites, à l’assurance maladie, à tous les acquis sociaux, montre son véritable visage xénophobe, baigne dans les scandales. Tout semble annoncer une fin de règne putride qui, méfions-nous, pourrait déboucher sur des perspectives inquiétantes. Raison de plus pour la gauche de proposer une véritable alternative  progressiste aux Français. Il en va de l’avenir du pays et de son prestige dans le monde.

José Fort

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11 septembre 2010 6 11 /09 /septembre /2010 17:01

 

Pour DiversesCités

Le  mouvement social en France n’est pas isolé. Les politiques mises en place au nom de l’action pour réduire la dette publique et les réformes concernant la retraite provoquent dans de nombreux pays européens de vives réactions. Dernière mobilisation annoncée : la grève générale en Espagne le 29 septembre contre la réforme du marché du travail.

Pour réaliser les « économies » exigées par Bruxelles, le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero a fait adopter une série de mesures socialement dévastatrices. Alors que le chômage s’élève à plus de 20%,  la nouvelle loi va faciliter les conditions et les coûts des licenciements. La période d’allocation passera de 90 à 30 jours. Le nombre de bénéficiaires de l’aide mensuelle de 426 euros aux chômeurs en fin de droit sera revu à la baisse et les 30- 45 ans sans enfants en seront exclus. Le gouvernement socialiste de M. Zapatero « rompt avec le consensus des alliances sociales et s’installe dans un modèle néolibéral », a déclaré le représentant de la gauche- verte  catalane, Jordi Guillot. Prochaine étape pour le gouvernement espagnol : l’allongement de la durée du travail jusqu’à 67 ans.

Des mouvements sociaux sont annoncés au Portugal, en Italie, en Lettonie, en Lituanie, en République tchèque, en Pologne. La Confédération européenne des syndicats attend plus de 100.000 représentants des salariés du continent le 27 septembre lors d’une manifestation à Bruxelles.

L’heure n’est pas au soulèvement européen contre le néolibéralisme mais plusieurs signes semblent indiquer que la colère monte sur l’ensemble du continent.

José Fort

 

 

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8 septembre 2010 3 08 /09 /septembre /2010 09:42

Pour Vie Nouvelle

 

Chapo

 

Les Nations unies devraient jouer un rôle moteur dans le règlement des conflits, dans l’aide aux victimes des grandes catastrophes,  dans la construction d’un monde apaisé. Les grandes puissances contrôlent toutes les décisions de l’ONU marginalisant la majorité des pays de la planète. Et on  continue les atrocités dans le monde…

 

Texte

Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, la création de l’ONU comme instrument pour gérer les conflits était une source d’espoir. La désillusion fut rapide. Le rapport des forces entre les deux superpuissances de l’époque, les Etats-Unis et l’URSS, bloquait toute évolution tandis que le Conseil de sécurité toujours composé de cinq membres permanents (Etats-Unis, Russie, Grande-Bretagne, France, Chine) dispose du droit de veto. Israël peut bombarder Gaza, les Etats-Unis utilisent leur droit de véto contre toute tentative de condamner Tel Aviv ; la tragédie tchéchène peut perdurer, Moscou interdit à l’ONU de s’en mêler comme Pékin le fait pour sa chasse gardée. La France et la Grande-Bretagne avait pratiqué de la même manière lors de la guerre d’Algérie et de l’Irlande.

 Comme le souligne «  le Journal des Alternatives »,  « le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui est énormément polarisé. L’hégémonie américaine est sans partage (…) On  peut se demander si une réforme de l’ONU comme par exemple l’élargissement du Conseil de sécurité serait suffisante pour rééquilibrer les forces au niveau mondial. »

Les membres permanents du Conseil de sécurité dans leur grande largesse ne seraient pas hostiles à l’entrée de deux puissances africaine et latino-américaine : l’Afrique du sud et le Brésil. Et puis ? Rien. Les deux cents pays membres de l’organisation continueront une fois chaque année, lors de l’Assemblée générale, de dire quelques mots dans l’indifférence générale. En fait, depuis le tournant libéral des années 1980, ce sont les structures comme la Banque mondiale et le Fonds monétaire international sur directives des sommets G8 et G20 qui régentent les affaires du monde.

L’Onu, malgré toutes les difficultés, a encore un rôle à jouer. La Charte de l’ONU, la Déclaration universelle des droits humains et d’autres documents fondamentaux restent des références essentielles. Malheureusement, l’ONU n’est pas le véritable lieu où sont prises les vraies décisions. Alors quoi ?

Une véritable réforme passe par la démocratisation des Nations unies ce qui suppose le droit à la parole et à la prise de décision pour tous les pays. Un système, il est vrai, difficile à mettre en place mais comment faire autrement ? «Le Journal des Alternatives » rappelle qu’il ne faut pas oublier la déclaration initiale de l’ONU,  « Nous les peuples ».

Dans leur immense majorité les peuples rejettent aujourd’hui les politiques néolibérales. Ils souhaitent que les responsables d’atrocités soient sanctionnés et que les droits humains passent avant la compétitivité libérale. Ils considèrent de plus en plus nombreux que les aliments, l’eau, l’air, l’éducation, la santé, le logement ne sont pas des marchandises. En fait, l’appel de l’ONU de 1948 est devenu le drapeau des mouvements sociaux et des ONG. L’heure est donc venue d’exiger des puissants de la planète une véritable réforme et la démocratisation de l’ONU.

José Fort

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22 juin 2010 2 22 /06 /juin /2010 19:01

Par José Fort (Pour DiversesCités)

Nous aurons tout entendu sur les joueurs de l’équipe de France de football, du sélectionneur et de la fédération nationale de cette discipline sportive. Tout sauf que le désastre auquel nous assistons est d’abord le fruit d’un système : celui du l’argent roi.

La plupart des acteurs de ce spectacle affligeant et dégradant sont gavés de fric. A un point tel, que tous ces hommes vivent sur une autre planète. De nombreux joueurs ont gommé leur passé, l’encadrement  baigne dans une gestion opaque. L’arrogance est devenue leur loi.  Faut-il les envoyer au bucher alors que l’exemple vient de plus haut ?

« Pas vu pas pris », ronronnait Carla Bruni au lendemain de la main frauduleuse de Thierry Henri lors du match contre l’Irlande. Invitation à la fraude. Et pourquoi se gêner sur le fric alors que l’exemple vient de haut : Christian Blanc achetant pour 12.000 euros de cigares sur le compte de son secrétariat d’Etat, dix ministres cumulant retraites et salaires, Fadela Amara refilant à ses frères son logement de fonction et le cuisinier, la femme de l’ancien ministre du Budget actuellement affecté au Travail et toujours trésorier de l’UMP pigeant  pour Mme Betancourt, les dessous de tables de Karachi, les dérapages de frais de l’Elysée, des ministres empruntant des jets privés afin d’être présent à l’heure de l’apéritif, un autre trafiquant un permis de construire…

Le football est malade à l’instar de notre pays où les plus hautes autorités de l’Etat tapent dans la caisse, malade d’un système qui entraîne la cotation en Bourse, les transferts des clubs en sociétés privés, la rétribution des agents des joueurs par les clubs, les paris en ligne, la privatisation de stades…..  Le football – et pas seulement en France – est malade du capitalisme.  

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20 juin 2010 7 20 /06 /juin /2010 13:32

HOMMAGE A JEAN FERRAT

 

ROLAND LEROY

 

19 JUIN 2010

 

35eCONGRES DU  PARTI COMMUNISTE FRANCAIS

 

 

 

 

Il est toujours difficile d’évoquer la vie d’un absent récemment disparu

 

Mais quand la foule amassée sur la place d’Antraigues

chantait à l’unisson « la montagne » en attendant son cercueil, on pouvait mesurer que Jean Ferrat ne disparaîtrait

jamais de la vie populaire française.

 

Et, pour moi, c’est d’autant plus dur que j’avais pour Jean de l’amitié, de l’affection et – disons-le -, du respect.

 

C’est pourquoi, je voudrais d’abord souligner qu’il est bien que ce congrès-ci du parti communiste français rende hommage à Jean Ferrat.

 

Un hommage qui ne soit pas seulement l’expression de la tristesse profonde causée par sa disparition, mais un hommage qui reprenne le généreux humanisme, le clairvoyant réalisme, l’inébranlable optimisme qu’il exprima toujours.

 

Jean ne posséda jamais la carte du parti communiste français, mais il avait très profondément en lui, toutes les qualités qui font un  communiste et il fut toujours de tous les combats communistes français.

 

Il réunissait en effet l’ouverture d’esprit, la modernité  bien

distincte des modes éphémères, le courage de dire ce qu’on

pense, même quand on est peu nombreux à le penser, la générosité et l’humanisme qui font les communistes.

 

C’est pourquoi notre parti, ce parti dont il n’a jamais été membre, est toujours le sien.

 

Et comment ne pas évoquer ici cette chanson qu’il appela « le bilan » et qu’il n’hésitait pas à prendre apparemment des distances avec nous, pour s’en rapprocher encore fondamentalement.

 

« Mais quand j’entends parler de bilan positif

Je ne peux m’empêcher de penser : A quel prix ?

Et ces millions de morts qui forment le passif

C’est à eux qu’il faudrait demander leur avis

N’exigez pas de moi une âme de comptable

Pour chanter au présent ce siècle – tragédie

Les acquis proposés comme dessous de table

Les cadavres passés en perte et profit

 

Au nom de l’idéal qui nous faisait combattre

Et qui nous pousse encore à nous battre aujourd’hui

 

C’est un autre avenir qu’il faut qu’on réinvente

Sans idole ou modèle, pas à pas humblement

Sans vérité tracée, sans lendemains qui chantent

Un bonheur inventé définitivement

Un avenir naissant d’un peu mois  de souffrance

Avec nos yeux ouverts en grand sur le réel

Un avenir conduit par notre vigilance

Envers tous les pouvoirs de la terre et du ciel

 

Au nom de l’idéal qui nous faisait combattre

Et qui nous pousse encore à nous battre aujourd’hui »

Mais quand on le sollicita de compléter naturellement cette chanson par une rupture totale avec nous, il répondit à Michel Drucker : « Des gens avaient espéré que j’avais retourné ma guitare » « s’ils comptent sur moi pour faire de l’anti communisme ce n’est pas le cas ».

 

Jean, qui n’avait pas sa carte du parti communiste était

un communiste qui sut chanter – ce qui était sa façon de le dire – les problèmes de l’actualité politique avec, grandes finesse et profondeur, souvent avant l’évènement même.

ainsi,  quelques mois avant mai 68 il chante :

 

« fils de bourgeois ordinaires

  Fils de dieu sait qui

  Vous mettez les pieds sur terre

  Tout vous est acquis

  Surtout le droit de vous taire

  Pour parler au nom

  De la jeunesse ouvrière

  Pauvres petits cons ».

 

Les évènements de 68, dont il exalta la signification et la portée historique :

« qu’elle monte des mines descende des collines

  Celle qui chante en moi la belle la rebelle

  Elle tient l’avenir, serré dans ses mains fines

  Celle de 36 a 68 chandelles

  Ma France ».

 

Ainsi il lui arrivait d’être plus, d’être mieux communiste que d’autres, pourtant membres du parti.

 

C’est pourquoi ceux qui le critiquaient en l’étiquetant « communiste » c’est à nous qu’il faisait honneur.

 

Jean était un lecteur assidu et toujours très attentif, souvent interrogatif, parfois critique, de « l’Humanité » et de « l’Humanité  Dimanche » qu’il a quelquefois diffusés en participant aux ventes de masse de ce

«  journal  que l’on vend au matin d’un dimanche

 à l’affiche qu’on colle au mur du lendemain

«   ma France ».

 

Les idées qu’il exprimait étaient les siennes. Elles coïncidaient avec les nôtres. Il savait, il sait encore, il saura

toujours, mieux que nous, les faire passer.

 

Il restera celui qui fit largement connaître, aimer, reprendre la poésie d’Aragon.

 

D’ailleurs, Jean Ferrat le dit lui-même : « il est évident que d’avoir été mis en musique a permis à certains de ses textes d’être véhiculés d’une manière incomparable dans le public,

Et d’avoir un écho qu’ils n’auraient pas eu sans cela ».

 

Et, Jean ajoute : « Aragon est le seul poète connu que j’ai souvent mis en musique. Je trouve que sa poésie correspond à une sorte d’idéal d’écriture dans le domaine de la chanson. Le sens des images, la force de son expression, la concision extrême de ses vers, ce sont des choses qui, à mon avis, sont essentielles dans l’écriture d’une chanson ».

 

Mais  Jean Ferrat ajoutait : « je trafiquais un peu ses textes,

J’isolais deux vers pour en faire un refrain, il m’arrivait de les intervertir, de couper des vers. Je faisais « ma petite cuisine » c’est un peu comme disait Picasso : «  je ne cherche pas : je trouve ».

 

C’est ainsi qu’on peut dire que Jean Ferrat a donné à la poésie d’Aragon une grande puissance de pénétration.

 

Il avait une haute idée de la chanson française.

 

Pour lui qui chantait « Je ne chante pas pour passer le temps » ou «  je twisterais les mots qu’il fallait les twister » ; pour lui qui sut ironiser sur Jean d’Ormesson comme sur Pradel et la télé réalité ;  pour lui qui en février 2001 écrivit à Michele  Cotta pour protester contre la censure qui frappait Isabelle Aubret : «les petits marquis qui font la loi dans la programmation réduisent au silence des pans entiers de la création française ».  Comme il l’écrivit dans « le Monde » en janvier 2002, pour lui la chanson est un haut moyen d’expression politique au sens noble du mot.

 

Mais la chanson française c’est aussi pour lui le mode d’expression de la vie, de l’amour, de la nature. Il dit un  jour à propos des poèmes d’Aragon : «  je n’ai pas mis en musique des textes proprement politiques. Il y en a qui sont relatifs à des choses, disons universelles sur l’homme, mais finalement ce sont les textes d’amour qui sont devenus des succès ».

 

Cela tient sans doute à l’exceptionnelle personnalité de Jean Ferrat, personnalité profondément riche, d’une vaste culture et en même temps simple parce que, humaine, avant toute chose.

 

Pour l’avoir vu vivre à Antraigues, avoir failli lui faire encaisser « une fanny » à la pétanque en faisant équipe avec lui sur la place du village, pour avoir passé avec les deux Jean du village, Saussac qui en fut le maire et Ferrat l’adjoint, des moments délicieux et joyeux, je porte témoignage que son enracinement n’y était pas artificiel,

que lui et Colette y sont profondément implantés.

 

Justement Colette, la femme  qu’il aimait profondément, qui le soutenait et qui l’a soutenu jusqu’au dernier instant, la femme qui prolonge sa vie dans leur village ardéchois, m’a prié de vous demander d’excuser son absence ce soir et de vous dire ses sentiments d’amitié, elle, qui, très sensible à votre invitation, ne trouve pas encore la force de quitter leur maison.

 

Il est impossible d’évoquer la personnalité si attachante de Jean Ferrat sans associer ceux qui l’ont accompagné de si près Gérard Meys, Isabelle Aubret, Francesca Solleville………..

 

Mais comment ne pas dire comme il l’a chanté pour un de ses amis « tu aurais pu vivre encore un peu ». 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

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16 juin 2010 3 16 /06 /juin /2010 16:18

Par José Fort (pour DiversesCités)

Le score réalisé par les nationalistes flamands toutes tendances confondues (séparatistes du NVA et autres formations ainsi que l’extrême droite de Vlaams Belang, réunissant près de 50% des suffrages) fait planer une lourde menace sur l’unité de la Belgique. Bart de Wever, le leader de la NVA, avait clairement affiché ses intentions pendant la campagne électorale en déclarant : « Il y a deux pays, deux sociétés, deux opinions, il faut adapter les institutions à cette réalité. » L’avenir de la Belgique est suspendu à des négociations entre socialistes majoritaires en Wallonie et séparatistes flamands. Elles prendront du temps.

Le soir du scrutin, le chef de la NVA, a prononcé un discours devant un drapeau européen dont l’une des étoiles avait été remplacée par le lion de Flandre, jaune et noir, symbole du nationalisme flamand. Le message est clair : il s’agit d’affirmer une Europe des régions et la fin de l’Europe des nations.

La tendance prend de l‘envergure. En Espagne, la Catalogne affiche sa distance avec Madrid. En Italie, la droite lombarde ne veut pas « payer » pour la Sicile, le Pays basque, l’Ecosse etc… Les revendications autonomistes se multiplient et pendant que l’Europe a bien du mal à se faire, les nations qui la composent subissent des pressions tendant à les défaire. Nous connaissions les conflits pré-nationaux avec, par exemple, l’Irlande du Nord et même la Corse. Voici les conflits post-nationaux  qui sont le fait de régions nouvellement riches voulant amoindrir les solidarités interrégionales.

La machinerie européenne bruxelloise et les marchés ne camouflent plus leur préférence : l’Europe des régions. Celle qui se débarrasserait des nations constituées au fil des siècles par les peuples et préservant encore leur souveraineté et leur identité dans le cadre de la coopération et des échanges. Les marchés et de nombreux « penseurs » de la CE  rêvent d’une Europe à plusieurs vitesses. Des régions, comme par exemple la Catalogne, le Languedoc Roussillon, la Flandre, prenant ensemble la tête du peloton et laissant à l’abandon d’autres régions de France et d’ailleurs, le profit rapide restant la préoccupation unique.

Il ne faut pas se tromper. Les revendications autonomistes, séparatistes, nationalistes  brandies au nom de la langue et de l’identité cachent souvent d’autres desseins : ceux d’aventures dangereuses pouvant accoucher du pire.

 

 

 

 

   

 

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