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1 juillet 2009 3 01 /07 /juillet /2009 14:56

Après l’élection présidentielle de juin en Iran où le sortant M. Ahmadinedjad  a été déclaré vainqueur à la suite d’une immense fraude que va-t-il se passer dans ce pays ensanglanté par une répression sauvage ? Les manifestations massives contre le pouvoir en place sont-elles les prémisses d’une société libre en cours de développement ou marquent-elles un retour aux sources de la révolution de 1979 ?

La peur est de retour en Iran. L’énormité de la fraude électorale a entraîné, selon des estimations sérieuses, trois millions de manifestants dans les rues des principales villes du pays. Après un temps d’hésitation, les détenteurs du pouvoir formé par le Guide suprême, ses proches et les milices en tous genres ont fait donner la force avec une brutalité visant surtout les jeunes. Non pas la jeunesse « dorée » comme on le dit trop souvent, mais contre tous ceux qui souhaitent  vivre dans la liberté. Une raison essentielle explique  la fraude et la violence : les actuels détenteurs du pouvoir craignent  la remise en cause de leur hégémonie.

Les interprétations des événements sont multiples. Serait-ce l’expression d’un « mouvement réformiste », pro-occidental, une réaction laïque à la révolution de Khomeiny ? Ce serait aller trop vite dans l’analyse. En fait, nous assistons à une lutte entre deux factions. La première, avec le Guide suprême et son bras armé le « président » Ahmadinejad, veut maintenir un régime autocratique dans une version fermée de l’islam. La seconde – symbolisée par M. Moussavi  ancien Premier ministre de Khomeiny lors de la guerre contre l’Irak – souhaite une « ouverture » mais dans le cadre de l’autorité cléricale. La couleur verte adoptée par les partisans de M. Moussavi, les cris « Allah akbar » qui ont retenti le soir sur les toits de Téhéran pourraient même indiquer que  pour certains déçus de la révolution khomeyniste, il convient de revenir aux principes fondateurs de la révolution de 1979.

La crise profonde que traverse l’Etat islamiste entraîne la colère d’une partie de la population. La plus éclairée car comment réagissent les masses paysannes, les plus démunis, les sans grade ? Les informations manquent.  Quoi qu’il en soit, cette crise témoigne de la vigueur du combat d’une partie importante de la société iranienne lasse des interdits, des atteintes aux libertés et s’opposant à un Etat despotique. Le mouvement, même réprimé et affaibli, perdurera et le régime n’en sortira pas indemne.

Un mouvement émancipateur est en marche en Iran.  Il aura les plus grandes difficultés à se développer. La répression, le poids des religieux et l’absence de partis politique structurés rendent l’action particulièrement complexe. Dans ces conditions, les réactions à l’emporte-pièce venues de différentes capitales frisent l’irresponsabilité. Certaines, comme celles de Sarkozy et du Britannique Brown ont alimenté la campagne des ultras iraniens affirmant que la réaction populaire était alimentée depuis l’étranger. On notera à ce propos, les réactions prudentes et progressives du président Obama. Il ne s’agit pas là seulement d’une différence de style. Elles témoignent d’un grand sens politique, d’une connaissance de la réalité iranienne et notamment des objectifs réels recherchés par les factions en compétition en Iran.

Pour les « puristes » une précision que l’ami vénézuélien Chavez semble avoir oubliée en se rangeant imprudemment derrière Ahmadinejad au nom de la non-ingérence dans les affaires intérieures d’un pays souverain: les différents clans en présence en Iran ne contestent pas le capitalisme. Ils en jouissent chacun à leur manière souvent dans la corruption et la surexploitation des plus pauvres. Leur but n’est pas la transformation sociale mais le maintien d’un capitalisme pour les uns encadré dans un strict corset religieux, pour les autres dans un remodelage plus présentable. Rien de plus.

 

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29 juin 2009 1 29 /06 /juin /2009 21:12

Voici le dernier coup fumant des innovations cache-misère de la phraséologie gouvernementale : il n’y aura plus de Secrétariat d’Etat chargé des « personnes âgées », du « troisième âge », des « séniors ». Avec le gouvernement Fillon2, place au Secrétariat d’Etat aux « aînés ». Les vieux comme les retraités n’existent pas. Un peu comme les aveugles devenus malvoyant ou encore les sourds transformés en mal entendant. Nous prendrait-on pour des imbéciles ?

 

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28 juin 2009 7 28 /06 /juin /2009 23:17

 

 

Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, affiche une carrière originale. Ancien Premier ministre portugais, flamboyant soutien de Bush père lors de la première guerre en Irak, il a commencé son activité politique à l’âge de 18 ans dans un groupe maoïste après la révolution des œillets. Il était devenu leader du Parti du Prolétariat (MRPP) : « J’ai choisi les prochinois  parce qu’ils étaient les plus anti-communistes », souligne-t-il.

Ses compagnons de l’époque le dépeignent comme orateur charismatique et organisateur de talent. Il lance des cours sur le marxisme-léninisme et déménage le mobilier de sa faculté pour meubler le siège de son mouvement le MRPP. Au mois de novembre 1975, une coalition hétéroclite allant des socialistes à l’extrême droite chasse les militaires de gauche au pouvoir. Le MRPP de Barroso lui apporte son soutien. « Je me réveillais d’un rêve ou d’un cauchemar, je revenais dans mon cercle naturel, celui de la petite bourgeoisie », dit-il.

La vérité sur ce personnage exige quelques précisions. L’ambassadeur des États-Unis au Portugal à l’époque, Franck Carlucci, dépêché par Washington pour ramener le Portugal dans le droit chemin, n’est pas étranger à la reconversion de Barroso. Agent de top niveau de la CIA, Carlucci manipule et finance le MRPP et découvre dans le jeune José Manuel un talent d’avenir. Sur les conseils de son nouveau protecteur, Barroso adhère au Parti social-démocrate (PSD) et gravit tous les échelons de la hiérarchie. Jusqu’au poste de Premier ministre. L’Union européenne peut donc se satisfaire d’avoir à sa tête aujourd’hui une parfaite créature de la CIA.

 

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21 juin 2009 7 21 /06 /juin /2009 10:37

 

Fidel Castro, aujourd’hui malade et devenu chroniqueur de luxe du journal « Granma », est un personnage d’exception. Rarement une personnalité aura provoqué autant de réactions aussi passionnées. Certains l’ont adoré avant de le brûler sur la place publique, d’autres ont d’abord pris leurs distances avant de se rapprocher de cet homme qui à Cuba et dans le monde entier on appelle « Fidel » ou « Comandante ». Surtout pas « leader maximo », une invention ânonnée comme une vérité.

Ce fils  d’un aisé propriétaire terrien, né il y a quatre vingt tris  ans à Biran dans la province de Holguin a suivi des études chez les Jésuites, puis à l’université de La Havane d’où il sort diplômé en droit en 1950. Il milite dans des associations d’étudiants, tape dur lors d’affrontements musclés avec la police dans les rues de la capitale puis se présente aux élections parlementaires sous la casaque du Parti orthodoxe, une formation se voulant « incorruptible » et dont le chef, Chivas, se suicida en direct à la radio. Un compagnon de toujours de Fidel, Alfredo Guevara, fils d’immigrés andalous et inamovible patron du cinéma cubain, dira de lui : « Ou c’est un nouveau José Marti (le héros de l’indépendance), ou ce sera le pire des gangsters ».

 

Fidel Castro, c’est l’attaque de la caserne Moncada, le 26 juillet 1953, la prison, la rédaction de « l’Histoire m’acquittera » ; c’est l’exil au Mexique avec son frère, la préparation du débarquement à bord du « Granma » la rencontre avec un jeune médecin asthmatique venu d’Argentine, Ernesto Rafael Guevara de la Serna. Fidel Castro, c’est au début un adversaire acharné de la dictature, un adepte de la philosophie chère à Thomas Jefferson, principal auteur de la Déclaration d’indépendance des Etats-Unis. C’est la guérilla  dans la Sierra Maestra et son apparition  au grand jour dans les journaux nord-américains et européens. Tant que Fidel ne s’attaquera pas aux intérêts économiques US, il sera un interlocuteur des dirigeants étasuniens. Dès que la révolution commencera à exproprier des industries nord-américaines comme la United Fruit, il deviendra le diable à abattre.

 

Le premier attentat dans le port de La Havane, le 4 mars 1960, sonne le prélude à une longue liste d’actes terroristes : le cargo battant pavillon tricolore, La Coubre, qui avait chargé des munitions à Hambourg, Brème et Anvers explose dans le port de La Havane faisant plus de cent morts, dont six marins français. Ulcéré, De Gaulle donne l’ordre d’accélérer la livraison des locomotives commandées du temps de Batista. Elles font l’objet d’étranges tentatives de sabotage. Les dockers CGT du port du Havre surveilleront le matériel jusqu’au départ des navires.

 

 

Une opération de grande envergure se préparait du côté de Miami : le débarquement de la Baie des Cochons. En avril 1961, au lendemain de l’annonce par Fidel de l’orientation socialiste de la révolution, le gouvernement des Etats-Unis missionne la CIA pour encadrer 1400 exilés cubains et mercenaires latino-américains en espérant, en vain, un soulèvement populaire. Fidel en personne dirige la contre-attaque. La tentative d’invasion se solde par un fiasco. Les Etats-Unis signent là leur déclaration de guerre à la révolution cubaine. Pendant des dizaines d’années, ils utiliseront toute la panoplie terroriste pour tenter d’assassiner Fidel jusqu’à la combinaison de plongée sous-marine enduite de poison, faciliteront le débarquement de groupes armés, financeront et manipuleront les opposants, détruiront des usines, allant jusqu’à introduire la peste porcine et des virus s’attaquant au tabac et à la canne à sucre. Ils organiseront l’asphyxie économique de l’île en décrétant un embargo toujours en vigueur. « El Caballo » (le cheval) comme l’appelle parfois les gens du peuple, ce que Fidel n’apprécie pas, aura survécu à Kennedy, Johnson, Nixon, Reagan, Ford et assisté aux départs à la retraite de Carter, Clinton, Bush père et fils.   

Tant d’années d’agressions, tant d’années de dénigrement et de coups tordus, tant d’années de résistance d’un petit pays de douze millions d’habitants face à la première puissance économique et militaire mondiale. Qui fait mieux ? Lorsqu’on évoque le manque de libertés à Cuba, ne faudrait-il pas d’abord se poser la question : un pays harcelé, étranglé, en guerre permanente, constitue-t-il le meilleur terreau pour favoriser l’épanouissement de la démocratie telle que nous la concevons en occident ? Lorsque dans les salons douillets parisiens, on juge, tranche, condamne, sait-on au juste de quoi on parle ?

 

La crise des fusées ? Lorsque l’URSS dirigée par Nikita Khrouchtchev décide en 1962 d’installer à Cuba des missiles afin, officiellement, de dissuader les Etats-Unis d’agresser l’île, Moscou répond à une demande de Raul Castro mandaté par Fidel. La direction soviétique fournit déjà à Cuba le pétrole que lui refuse son proche voisin. Elle met deux fers au feu : dissuader les Etats-Unis d’agresser Cuba, afficher un clair avertissement à Washington sur l’air de « nous sommes désormais à proximité de vos côtes ». La tension atteint un point tel qu’un grave conflit mondial est évité de justesse. Les missiles soviétiques retirés, Fidel regrettera que le représentant de l’URSS à l’ONU n’ait pas reconnu la réalité des faits. « Il fallait dire la vérité », disait-il. Il fut bien obligé de se plier à la décision finale de Moscou même si dans les rues de La Havane des manifestants scandaient à l’adresse de Khrouchtchev : « Nikita, ce qui se donne ne se reprend pas. »

Entre Moscou et La Havane, au-delà des rituels, les relations ont toujours été conflictuelles. Pas seulement, pure anecdote, parce que des « responsables » soviétiques ignorants faisaient livrer des chasse-neige à la place des tracteurs attendus. Les Soviétiques voyaient d’un mauvais œil le rôle croissant de Fidel dans le mouvement des non alignés, l’implication cubaine aux côtés des mouvements révolutionnaires latino-américains puis l’aide à l’Afrique. Ils ne supportaient pas la farouche volonté d’indépendance et de souveraineté de La Havane et ont été impliqués dans plusieurs tentatives dites « fractionnelles » reposant sur des prétendus « communiste purs et durs », en fait marionnettes de Moscou, pour tenter de déstabiliser Fidel. Une fois l’URSS disparue, les nouveaux dirigeants russes ont pratiqué avec le même cynisme abandonnant l’île, coupant du jour au lendemain les livraisons de pétrole et déchirant les contrats commerciaux. Quel autre pays aurait pu supporter la perte en quelques semaines de 85% de son commerce extérieur et de 80% de ses capacités d’achat ?  L’Espagne, ancienne puissance coloniale, a laissé à Cuba un héritage culturel, les Etats-Unis son influence historique et ses détonants goûts culinaires comme le mélange de fromage et de confiture. Mais la Russie ? Rien, même pas le nom d’un plat ou d’un cocktail.

 

 

L’exportation de la révolution ?  Fidel n’a jamais utilisé le mot « exportation ». Che Guevara, non plus. Ils préféraient évoquer la « solidarité » avec ceux qui se levaient contre les régimes dictatoriaux, créatures des gouvernements nord-américains. Doit-on reprocher ou remercier Fidel d’avoir accueilli les réfugiés fuyant les dictatures du Chili et d’Argentine, de Haïti et de Bolivie, d’avoir ouvert les écoles, les centres de santé aux enfants des parias de toute l’Amérique latine et, plus tard, aux enfants contaminés de Tchernobyl ? Doit-on lui reprocher ou le remercier d’avoir soutenu les insurrections armées au Nicaragua, au Salvador et d’avoir sauvé, face à l’indifférence des dirigeants soviétiques, l’Angola fraîchement indépendante encerclée par les mercenaires blancs sud-africains fuyant, effrayés,  la puissance de feu et le courage des soldats cubains, noirs pour la plupart ? Dans la mémoire de millions d’hommes et des femmes d’Amérique latine et du Tiers monde, Fidel et le Che sont et resteront des héros des temps modernes.

 

Les libertés ? Fidel, un tyran sanguinaire ? Il y eut d’abord l’expulsion des curés espagnols qui priaient le dimanche à la gloire de Franco. Complice de Batista, l’église catholique était et demeure la plus faible d’Amérique latine alors que la « santeria », survivance des croyances, des divinités des esclaves africains sur lesquels est venue se greffer la religion catholique, rassemble un grand nombre de noirs cubains. Les relations avec l’Eglise catholique furent complexes durant ces longues années jusqu’au séjour de Jean Paul II en 1998 annoncée trop rapidement comme l’extrême onction de la révolution. Ce n’est pas à Cuba que des évêques et des prêtres ont été assassinés, mais au Brésil, en Argentine, au Salvador, au Guatemala et au Mexique.

Il y eut la fuite de la grande bourgeoisie, des officiers, des policiers qui  formèrent, dès la première heure, l’ossature de la contre révolution encadrée et financée par la CIA. Il y eut ensuite les départs d’hommes et des femmes ne supportant pas les restrictions matérielles. Il y  eut l’insupportable marginalisation des homosexuels. Il y eut les milliers de balseros qui croyaient pouvoir trouver à Miami la terre de toutes les illusions. Il y eut la froide exécution du général Ochoa étrangement tombé dans le trafic de drogue. Il y eut aussi ceux qui refusaient la pensée unique, la censure édictée par la Révolution comme « un acte de guerre en période de guerre », les contrôles irritants, la surveillance policière. Qu’il est dur de vivre le rationnement et les excès dits « révolutionnaires ». Excès? Je l’ai vécu, lorsque correspondant de « l’Humanité » à La Havane, l’écrivain Lisandro Otero, alors chef de la section chargée de la presse internationale au Ministère des Affaires étrangères, monta une cabale de pur jus stalinien pour tenter de me faire expulser du pays.  

Ceux qui osent émettre une version différente d’un « goulag tropical » seraient soit des « agents à la solde de La Havane », soit victimes de cécité. Que la révolution ait commis des erreurs, des stupidités, des crimes parfois n’est pas contestable. Mais comment, dans une situation de tension extrême, écarter les dérives autoritaires? Une chose est certaine. Fidel n’est pas un dictateur, encore moins un tyran.

A Cuba, la torture n’a jamais été utilisée, comme le reconnaît Amnesty international. On tranchait les mains des poètes à Santiago du Chili, pas à la Havane. Les prisonniers étaient largués en mer depuis des hélicoptères en Argentine, pas à Cuba. Il  n’y a jamais eu des dizaines de milliers de détenus politiques dans l’île mais un nombre trop important qui ont dû subir pour certains des violences inadmissibles. Mais n’est-ce pas curieux que tous les prisonniers sortant  des geôles cubaines aient été libérés dans une bonne condition physique ?

Voici un pays du Tiers monde où l’espérance de vie s’élève à 76 ans, où tous les enfants sont scolarisés et soignés gratuitement. Un petit pays par la taille capable de produire des universitaires de talent, des médecins et des chercheurs parmi les meilleurs au monde, des sportifs raflant les médailles d’or, des artistes, des créateurs.  Où, dans cette région du monde, peut-on présenter un tel bilan ?

 

Fidel a tout vécu. La prison, la guérilla, l’enthousiasme révolutionnaire du début, la défense contre les agressions, l’aide internationaliste, l’abandon de l’URSS, une situation économique catastrophique lors de la « période spéciale », les effets de la globalisation favorisant l’explosion du système D. Il aura vécu l’adaptation économique avec un tourisme de masse entraînant la dollarisation des esprits parmi la population au contact direct des visages pâles à la recherche de soleil, de mojito, de filles où de garçons. Comment ne pas comprendre les plus jeunes, alléchés par le billet vert et regardant avec envie les visiteurs venus de l’étranger ? Il aura, enfin, très mal accepté le retour de la prostitution même si dans n’importe quelle bourgade latino-américaine on trouve plus de prostituées que dans  la 5 eme avenue de La Havane. Alors, demain quoi ?

 

La révolution va-t-elle s’éteindre ? Il ne se passera pas à Cuba ce qui s’est produit en Europe de l’Est. Pour une raison simple : la soif d’indépendance et de souveraineté n’est pas tarie. Les adversaires de la révolution cubaine devraient se méfier et ne pas prendre leurs désirs pour la réalité. Il y a dans cette île des millions d’hommes et de femmes – y compris de l’opposition – prêts à prendre les armes et à en découdre pour défendre la patrie. Fidel avait prévenu en déclarant : « Nous ne commettrons pas l’erreur de ne pas armer le peuple. » Le souvenir de la colonisation, malgré le fil du temps, reste dans tous les esprits, les progrès sociaux enregistrés, au-delà des difficultés de la vie quotidienne, constituent désormais des acquis. Il y a plus. La révolution a accouché d’une nouvelle génération d’hommes et de femmes refusant le retour au passé, des cadres « moyens » de trente à quarante ans très performants en province, des jeunes dirigeants nationaux aux talents confirmés. Une nouvelle époque va s’ouvrir et elle disposera d’atouts que Fidel n’avait pas. L’Amérique latine, ancienne arrière cour des Etats-Unis, choisit des chemins progressistes de développement, l’intégration régionale est en marche, les échanges économiques permettent le transfert du savoir faire contre des matières stratégiques, comme le pétrole avec le Venezuela notamment, le prestige de la révolution cubaine demeure intacte auprès des peuples latino-américains. Cuba, enfin, peut respirer.

Il n’y aura pas de rupture à Cuba. Il y aura évolution. Obligatoire. Pour qu’elle s’effectue dans les meilleures conditions, il faudra que les vieux commandants de la Révolution rangent leurs treillis vert olive, prennent leur retraite et passent la main. Les atlantes du futur, de plus en plus métissés, sont prêts. Ne sont-ils pas les enfants de Fidel ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   

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20 juin 2009 6 20 /06 /juin /2009 15:01

Le discours de Barack Obama au Caire à peine terminé, j’exprimais ma satisfaction à mon entourage provoquant  une réplique cinglante d’un ami proche : «  Tu fais preuve d’aveuglement. Ne comprends-tu pas que les nord-américains adoptent une façade sympathique pour mieux perpétuer la domination de l’impérialisme yankee ». Bref, je baignerais dans l’angélisme et au nom de la « pureté » révolutionnaire, toute évolution Outre-Atlantique ne serait que manœuvre machiavélique. Et bien, non.  Evolution il y a, et c’est tant mieux.

Lorsque le président des Etats-Unis, au Moyen Orient, lance un appel à la raison, à l’histoire, aux valeurs, à la mémoire, j’écoute avec intérêt. Lorsqu’il affirme vouloir reprendre des relations apaisées avec le monde musulman tranchant avec la politique de son prédécesseur à la Maison Blanche, j’entends une tonalité nouvelle. Lorsqu’il se prononce pour la reprise « immédiate » des négociations de paix entre les Israéliens et les Palestiniens, pour l’existence de deux Etats et l’arrêt des implantations des colonies israéliennes, j’applaudis franchement.  Les extrémistes de Tel Aviv  s’étranglent de colère affirmant que Barack Obama « va trop loin ». Un signe. Certains Palestiniens regrettent que les déclarations du président des Etats-Unis restent « trop vagues ». Un signe aussi. 

L’avenir nous dira si les paroles seront suivies d’actes concrets. Mais ne faut-il pas déjà se féliciter de l’énorme différence d’approche d’un conflit qui pollue le monde depuis des décennies ? Entre George Bush  décrétant une croisade contre le monde arabe et Barack Obama je fais définitivement mon choix surtout lorsque ce dernier déclare :   « Je suis venu chercher un nouveau départ entre les Etats-Unis et les musulmans à travers le monde, un départ fondé sur l’intérêt mutuel, un départ fondé sur cette vérité que l’Amérique et l’Islam en s’excluent pas. »

Les changements positifs dans ce monde enragé sont rares. Faut-il faire la fine bouche quand, enfin, nous entendons des propos responsables, véritable rupture avec un passé récent qui nous entraînait irrémédiablement vers le conflit permanent ?

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20 juin 2009 6 20 /06 /juin /2009 14:41

La mort de l’autocrate gabonais Omar Bongo ouvre la boîte de Pandore. Les langues se délient à Paris.

 

Avec 41 ans au pouvoir en ligotant toute forme d’opposition et en pillant les richesses du pays (surtout le pétrole) à son profit et celui de sa famille, le sinistre Omar était le plus ancien dictateur en place en Afrique. Bongo a connu tous les présidents de la  V ème République et dispose toujours en France de considérables biens immobiliers et comptes bancaires dont certains font l’objet de poursuites judiciaires.

A peine son cadavre refroidi, c’est à Paris que les langues se délient. Giscard d’Estaing qui avait été mêlé à l’affaire des diamants du dictateur centre africain Bokassa, très heureux de régler un vieux compte, assure sur une radio que Jacques Chirac a bénéficié de l’aide financière de Bongo pour l’élection présidentielle de 1981. Ce dernier dément alors que toutes parts surgissent des informations affirmant que l’argent gabonais a coulé à flots au bénéfice de « tous les partis politiques français ». Si les pétrodollars par l’intermédiaire d’ELF ont bien été accueillis sous la présidence socialiste de François Mitterrand et si le RPR, l’ancien parti gaulliste, a largement été financé par Libreville, les autres formations politiques comme le parti communiste n’ont pas touché  un seul centime d’Omar. Dans ces conditions, on comprend mieux les réactions de Nicolas Sarkozy et de son sous-ministre Kouchner (nègre du régime gabonais à près de 800.000 euros la prestation)  après la mort du dictateur. Les déclarations attristées  se sont multipliées pour saluer « un ami de la France » (Sarkozy), une « figure africaine remarquable » (Morin), un « homme qui a joué un rôle considérable »(Kouchner). Bref, à écouter les officiels français, Paris serait prêt à dresser des statuts à un sale type qui a fait assassiner en France l’amant de sa femme, des dizaines de contestataires dans son pays et mis en place un système financier mafieux. On a les amis que l’on mérite.

Détail émouvant. La direction régionale d’Air France, le groupe français CFAO (Bolloré) et le PMU gabonais ont un point commun. Toutes ces institutions ont fait publier dans « l’Union », l’unique quotidien gabonais, des encarts publicitaires exprimant leurs « condoléances les plus attristées » à la famille Bongo. La Citibank où un compte d’Omar de 140 millions d’euros avait été découvert en 2000 figure aussi par les annonceurs. Nicolas Sarkozy n’a pas fait publier ses condoléances. Il est allé en personne faire part de sa grande émotion avec à l’esprit la continuité de la présence militaire française sur place et l’avenir assuré des intérêts de ses riches amis.

 

 

  

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