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30 mai 2012 3 30 /05 /mai /2012 04:49

 

Disons-le tout net : le 6 mai au soir, nous avons poussé un énorme soupir de soulagement. Le danger de voir Nicolas Sarkozy et la droite poursuivre leur entreprise de démolition, de développer un peu plus encore la haine déclarée  contre les syndicats, particulièrement contre la CGT et son secrétaire général Bernard Thibaud, de casser les acquis sociaux, les services publics, les retraites, nous a donné quelques suées. Le projet du président sortant et de son équipe visait à s’attaquer au modèle social français dont les grandes orientations avaient été décidées par le Conseil National de la Résistance. Dans le collimateur de la droite et du patronat figuraient des réformes scélérates visant la Sécurité sociale, l’hôpital, les médicaments, les retraites, la flexibilité du travail et bien d’autres mauvais coups.  

Celui que nous avons « dégagé » a montré son véritable visage entre les deux tours de l’élection présidentielle en reprenant à son compte les pires thèses du front national divisant les Français et stigmatisant les étrangers. Sarkozy a sali l’image de le France. Malheureusement, nombreux de nos concitoyens et notamment les plus de 65 ans n’ont pas suffisamment  pris leur distance avec cette politique antisociale, rétrograde, dégradante. La vérité a du mal à se frayer un chemin. Le 6 mai dernier, elle a réussi à entre-ouvrir les portes du changement. Il convient désormais de les ouvrir totalement.

Tout commence dans un contexte économique et international complexe certes, mais dans un environnement aux forts potentiels de richesses matérielles et intellectuelles. «Ne nous décevez pas », semble avoir dit de nombreux électeurs à François Hollande. Le nouveau président et son gouvernement devront rapidement donner les signaux du changement notamment en matière sociale.

Une véritable réforme fiscale s’impose pour un meilleur partage des richesses. Sarkozy laisse un pays avec 8 millions de pauvres, près de trois millions de chômeurs déclarés, des centaines de milliers de retraités aux très faibles ressources alors que les grandes fortunes n’ont jamais été aussi riches. Ne faut-il pas rapidement rétablir l’équilibre et faire payer ceux qui en ont les moyens ?

L’emploi devrait être au cœur d’une audacieuse politique industrielle et de service afin d’inverser la courbe du chômage. Les services publics (éducation, poste, transports, santé, justice, sécurité…) doivent être relancés et redéployés dans les zones laissées à l’abandon. Il faut interdire les licenciements boursiers, les atteintes aux droits syndicaux et pourchasser les fraudeurs de la haute finance préférant quitter la France pour planquer leurs millions d’euros.

Une grande politique de culture démocratique mérite d’être mise en place. Les prétendues « concertations » organisées par Sarkozy et Parisot avaient pour seul objectif d’amuser la galerie. Grande tables, beaucoup de monde, projecteurs et télés, pour des simulacres de dialogue qui se concluaient toujours de la même manière : le pouvoir faisait ce qu’il avait décidé avec le patronat mais avec le sourire. Le top de l’hypocrisie. Le nouveau gouvernement devra instaurer une véritable écoute des organisations syndicales, respecter leurs mandants, exclure l’arrogance et le diktat.

Au lendemain de l’élection présidentielle, l’espoir est de mise : la France peut offrir à son peuple le progrès, le savoir, la confiance, l’entente. Mais la vigilance demeure une donnée incontournable. Il n’y a pas de chèque en blanc. Hier comme demain, la CGT respectera son engagement premier : défendre les droits des salariés. Quant à son organisation de retraités, l’UCR, elle restera au plus près des revendications de ceux qui ont peut-être les cheveux blancs (quand il leur en reste) mais qui n’ont pas les idées courtes

 

José Fort

Vie Nouvelle (magazine des retraités de la CGT, juin 2012)

 

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29 mai 2012 2 29 /05 /mai /2012 13:18

 

La patronne du Fonds monétaire international (FMI), ancienne ministre française de l’Économie, de l’Industrie et de l’Emploi vient de s’illustrer en insultant le peuple grec. Son salaire de 400.000 euros par an constitue de l’argent de poche, tous ses frais étant pris en charge par l’Institution. Elle ne paie pas d’impôt. En s’en prenant au peuple grec, pas aux armateurs et à l’Eglise, elle vient à nouveau de montrer son véritable visage réactionnaire de haut vol, une viandarde de première classe. Elle ne devrait plus fouler le sol français tant qu’elle ne participera pas – comme vous et moi – à la contribution nationale. Voici quelques « détails » qui devraient faire réfléchir sur le personnage.

Diplômée du lycée états-unien Holton Arms School à Bethesda (Maryland), elle a été stagiaire au Capitole en tant qu’assistante parlementaire d’un représentant républicain du Maine qui deviendra ensuite secrétaire à la Défense de Bill Clinton.

De retour en France, elle rejoint le bureau parisien du cabinet d’avocats Baker & McKenzie, un des premiers cabinets d’avocats mondiaux (4 400 collaborateurs dans 35 pays) et deviendra présidente de son comité exécutif mondial à Chicago. Elle fera grimper son chiffre d’affaires à 1 228 millions de dollars (+ 50 %). Elle sera aussi membre du think tank Center for Strategic and International Studies (CSIS), au sein duquel elle coprésidait avec Zbigniew Brezinski qui fut entre autre conseiller de Jimmy Carter, puis militant de l’expansion de l’OTAN aux États postsoviétiques.

Christine Lagarde sera également membre du conseil de surveillance de la multinationale néerlandaise ING Group, une des principales sociétés financières au monde. Elle a été classée douzième femme la plus puissante au monde par le magazine Forbes et cinquième femme d’affaires européenne par le Wall Street Journal Europe.

José Fort


 

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19 mai 2012 6 19 /05 /mai /2012 12:16

Un communiqué de Cuba Si France

 

 

Thalassa a diffusé vendredi soir 18 mai sur FR3 des reportages sur Cuba participant d’une campagne de dénigrement systématique. En moins d’une heure, tous les clichés de la propagande menée contre la révolution cubaine ont été déversés. En revanche, rien sur l’embargo  US instauré depuis plus d’un demi- siècle  contre la Grande Ile et ses retombées sur la vie quotidienne des gens. Rien sur les efforts  qu’a dû accomplir ce petit pays du Tiers monde pour surmonter l’asphyxie économique et lutter contre les actions terroristes fomentées depuis les Etats-Unis. Rien sur l’alphabétisation de 99% de la population. Rien sur les progrès spectaculaires dans le domaine de la santé  et l’allongement de l’espérance de vie alors qu’à quelques encablures de Santiago de Cuba et de la Havane la mort frappe avant l’heure. Rien sur l’éducation pour tous alors que sur le même continent des millions d’hommes et de femmes ne savent ni lire, ni écrire. Rien sur ce pays capable de former des milliers de savants, d’universitaires, de médecins, de musiciens, de créateurs, de sportifs de haut niveau. Rien sur la solidarité avec les peuples de la région comme en Haïti où ont été envoyés des centaines de médecins et de spécialistes de la construction en zone tropicale. Rien sur la générosité jamais démentie de la révolution cubaine avec les victimes des catastrophes naturelles, des régimes tortionnaires du continent, jusqu’avec les enfants de Tchernobyl. Les auteurs des reportages n’ont pas compris ou plutôt n’ont pas voulu comprendre qu’un pays étranglé n’est pas le meilleur terreau pour le développement de la démocratie, du moins celle que l’on considère comme telle en Occident et qui montre chaque jour ses limites. C’est en France et pas à Cuba, par exemple, qu’un prisonnier tous les trois jours se donne la mort.

Les auteurs de ces reportages ne connaissent pas la terrible réalité de pauvreté et de violence en Amérique du Sud et dans les Caraïbes. Ils ne peuvent donc équilibrer leur jugement en comparant ce qui est comparable. Concernant Cuba, ils ont bêtement calqué ce que leurs prédécesseurs ont tant et tant de fois déjà fait choisissant des individus marginaux qui existent bel et bien à Cuba et qui entrent en contradiction avec une génération éduquée, diplômée, bien dans leur corps et leurs têtes, aimant la fête et danser, aspirant à vivre dans de meilleures conditions matérielles, souhaitant bénéficier de libertés élargies mais n’ayant pas comme seul objectif  la boisson, le reageeton, l’illusion du fric facile de l’Amérique du Nord qui pourchasse les candidats à l’émigration venus du Mexique mais favorisent ceux qui viennent grossir le rangs des organisations terroristes ayant pignon sur rue à Miami. Ces Cubains qui soutiennent les candidats républicains aux différentes élections locales et nationales beaucoup d’entre eux sombrant dans la délinquance et remplissant les prisons de Floride. 

Les auteurs des reportages ont affirmé à plusieurs reprises que Cuba vit sous une dictature. Ils ne savent pas ce qu’est réellement une dictature. Ce n’est pas à Cuba que des dizaines de cadavres sont découverts chaque semaine au bord des routes menant aux Etats-Unis, mais au Mexique. Ce n’est pas à Cuba que l’on assassine les membres de l’opposition mais au Honduras. Ce n’est pas à Cuba que l’ont massacre des militants syndicalistes mais en Colombie. Ce n’est pas à Cuba mais au Chili qu’on tranchait les mains du poète, en Argentine qu’on larguait les prisonniers en mer depuis des hélicoptères.   

Thalassa, émission culte, nous avait habitués à une autre approche que celle du cliché made in USA. Souhaitons que cela soit une erreur de parcours.

Paris, le 19 mai 2012

Le bureau de Cuba Si France se tient à la disposition des animateurs de Thalassa pour de plus amples informations.

 

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10 mai 2012 4 10 /05 /mai /2012 14:05

 

Il est courant de dire que les Japonais sont des gens discrets et courtois. C’est certainement vrai pour la grande majorité de la population sans oublier que les grands chefs nippons tout au long de l’Histoire ont fait couler pas mal de sang en hurlant à la mort. Les Chinois en savent quelque chose. Mais, direz-vous avec raison,  d’autres dans le monde ne se sont pas mieux conduits. Il n’empêche que l’on peut se demander de quoi se mêle le ministre japonais des Finances.

Jun Azumi, c’est son nom, a exigé  de François Hollande, quelques heures seulement après la clôture du scrutin présidentiel, de « respecter les engagements pris par la France en matière de déficit public ». Pour bien se faire comprendre, il a impérialement martelé : « Nous voulons que la France fasse ce qui a été décidé». Et de souligner son « hostilité » à l’idée d’une révision du pacte budgétaire européen.

Le minimum de savoir vivre aurait consisté à observer un peu de retenu, un peu de réserve, un peu de patience, bref, un peu de diplomatie. Le très pressé et très gonflé Jun Azumi, sourire aux lèvres et mains jointes, a versé son fiel à la manière d’un vulgaire Sarkozy. Ancien présentateur sur la chaîne publique de télévision NHK, il se croit toujours en représentation dispensant la vérité officielle sur le petit écran. Spécialiste des gaffes, son comportement est souvent violent. Quant à la diplomatie, il s’en moque royalement regrettant le temps où l’empire régnait en maitre.

Jun Azumi ne restera pas célèbre dans les annales japonaises, encore moins internationales. Quant à son avenir personnel nous nous en contrefoutons. Pourtant, magnanimes, nous nous permettons de lui délivrer un conseil. Non pas d’aller se faire voir chez les… , pour rester poli. Plus simplement nous lui rappelons qu’avant de donner des conseils et des ordres aux autres, il ferait bien de balayer devant sa porte : la dette japonaise s’élève à 220% de son produit intérieur brut (PIB).

José Fort

L’Humanité Cactus 10 mai

 

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6 mai 2012 7 06 /05 /mai /2012 20:23

Radio France Internationale en langue espagnole. 6 mai 2012. 21h15

Interview de José Fort après l’annonce de l’élection de François Hollande

 

Es una imensa satisfaccion para una amplia mayoria de Franceses que no aguantan mas un presidente arrogante y mentiroso. Un hombre implicado en varios asuntos de corupcion. Un hombre que daba verguenza ensusiando la imagen de Francia en el mundo. Un hombre que actuaba como  hombre de paja de los ricos y que deja la quinta potencia del mundo enpovresida en la educacion, la salud, los servicios publicos. Un hombre que a insultado el movimiento progresista, syndical, obrero. Que déjà un pais con 8 miliones de pobres.

Un hombre que arrastraba la verguenza  ensuciando la imagen de Francia en el mundo. Un hombre que ha trahisionado la politica gaulista de soberania nacional haciendo entrar Francia de nuevo en la OTAN, haciendo la guerra en Libya y en algunos paises de Africa provocando desastres como en Mali. Un hombre que estos 15 ultimos dias intentando ganar votos de la ultra derecha ha pronunciado palabras de division, de stigmatisacion de los estranjeros, de los trabajadores de Africa y del Magreb, palabras de odio que en otros tiempos  ya oimos.

Este hombre ya no va a gobernar. Francia puede esta noche respirar.  

 

 

Y ahora ?

Todo comienza. En un contexto dificil. La derecha va explotar. Una parte se ira hacia la ultra derecha. El odio es tan fuerte que no se puede ocultar posibles provocaciones.  El nuevo gobierno no puede quedarse sin dar rapidamente el signo de la nueva orientacion.

Eso supone : une reforma fiscal abrogando los regalos hecho estos cinco ultimos anos a los mas poderosos a los mas ricos. Dinero hay. Se sabe donde esta y sacarlo para desarollar en primer lugar, educacion,  salud, justicia , securidad.

Eso supone tambien luchar contra el desempleo prohibiendo à las empresas que sacan beneficios echar sus trabajadores a la calle. Eso supone negociar une nueva politica social europea exigiendo del banco européo prestamos directos a los estados y no à los bancos que hacen beneficios escandalosos. Eso supone una politica social y economica audaz permitiendo conquistar de nuevo esos franceses desesperados que han creido que votando en favor de la ultra derecha no unicamente protestaban pero tambien esperaraban otra politica.

 

Dentro de un mes, los franceses van a eligir sus diputados. Una majoria de progreso con un grupo fuerte del frente de

Izquierda es indispensable para la aplicacion de une verdadrea politica de izquierda.

 

De estas eleciones salio un echo historico. La emergencia de una nueva fuerza politica de izquierda,  el Frente de izquierda, con valores ayer olvidados, y que sera un aguijon para une politica realmente progresista y en favor del pueblo trabajador.

 

 

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3 mai 2012 4 03 /05 /mai /2012 10:04

Moussa Koussa dit Courgette, ancien chef des services secrets de Kadhafi, mange à tous les râteliers. A son actif, des assassinats, des coups tordus, des disparitions d’opposants. Devenu ministre des Affaires étrangères, il a réussi le retour de Kadhafi sur la scène internationale, favorisé de juteux contrats pétroliers, assuré le voyage de son patron à Paris. Ces dernières années, Moussa s’était converti en un interlocuteur privilégié des services spéciaux français et britanniques.

Quelques jours avant la chute de Kadhafi, Moussa Koussa était exfiltré. Après avoir franchi la frontière terrestre avec la Tunisie, un jet privé le transportait directement à Londres où l’attendait plusieurs séances de débriefing. Moussa est le prototype du sale mec : tueur un temps, donneur un autre, toujours du côté du manche. Pour le remercier de sa collaboration et le tenir sous contrôle permanent, Moussa Koussa a été transféré chez un fidèle allié de Londres et de Paris : le Qatar, qui ne fait pas seulement dans le football.

Dans la série sale type, en voici un autre, un gros calibre lui aussi : Salah Béchir. Ancien directeur de cabinet de Kadhafi ou plutôt « intendant » du dictateur, ce sinistre personnage qui tenait une partie de la bourse, a été exfiltré par deux de ses « amis » français Claude Guéant et Bernard Squarcini, le patron des renseignements français. Alors qu’il est recherché par Interpol, plusieurs témoins l’ont vu dans des palaces et des restaurants parisiens menant grand train de vie.

Moussa et Saleh ont démenti l’information selon laquelle Kadhafi aurait financé  pour 50 millions d’euros la campagne électorale de Sarkozy en 2007. Paroles d’experts. Ils étaient bien placés, en effet, pour connaître le contenu de certaines valises. On comprendra que ces deux individus ne souhaitent pas finir comme leur copain Choukri Ghanem, ancien ministre libyen du pétrole, retrouvé dimanche dernier noyé dans le Danube. Simple glissade ?

José Fort

L’Humanité Cactus 3 mai 

 

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27 avril 2012 5 27 /04 /avril /2012 11:52

 

Pas de chance pour Barack Obama. En arrivant à Carthagène en Colombie pour le Sommet des Amériques, le président nord-américain pensait monter une juteuse opération de promotion. Il est reparti très mécontent: pas de déclaration finale et un seul engagement avec une possible commission de lutte contre la drogue. Bilan très mince et quelques torgnoles dispensées au président US. et pas seulement par les chefs d’Etat  qui avaient décidé de boycotter la réunion. On savait que les présidents de l’Equateur, du Venezuela, du Nicaragua ne feraient pas le voyage. Voilà que le président bolivien, Evo Morales apprécie le Sommet comme « une rébellion de l’Amérique latine et des Caraïbes contre les Etats-Unis. » Et d’annoncer ne pas participer à la prochaine réunion prévue dans trois ans au Panama si Cuba n’y est pas ; voilà que les présidentes de l’Argentine Cristina Kirchner et du Brésil, Dilma Rousseff ainsi que Morales décident de précipiter leur départ tandis que dans la salle Obama semble dormir les yeux ouverts.

On lui aura tout fait à Barack lors de ce sommet. La presse colombienne a montré Hillary Clinton faisant la fête la nuit dans le café Havana (oui, le Havana) de Carthagène. Déchaînée, la secrétaire d’Etat dansait la salsa entre deux « mojitos » pendant que  Barack regagnait sagement sa chambre. Il y a plus ennuyeux. Une dizaine de membres des services secrets chargés de la protection du président nord-américain se sont payé les services de plusieurs prostituées locales. Payé, façon de parler car les barbouzes ont refusé de régler la note provoquant la colère des professionnelles du sexe. Cerise sur le gâteau, les chefs militaires US pour l’Amérique du Sud priés de s’excuser après les débordements de leurs hommes ont simplement regretté  leur « mauvaise conduite ». Barack Obama, selon un journaliste accrédité à la Maison Blanche, ne décolère pas après ce « voyage de merde ». 

José Fort

L’Humanité Cactus 26 avril

 

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12 avril 2012 4 12 /04 /avril /2012 12:49

 

Le travail des enfants est un « crime » entendait-on l’autre jour au Parlement européen. Il faut combattre ce fléau en Chine, en Inde et dans de nombreux autres pays en boycottant leurs produits, clamaient plusieurs députés visiblement scandalisés. Un conseil à nos édiles : inutile d’enquêter loin de Bruxelles. Faites simplement un détour par Naples et la région où 300.000 enfants âgés de huit à seize ans travaillent dur à l’ombre du Vésuve et dans le sud de l’Italie. Ces gosses se tapent des journées de douze heures pour 35 euros par semaine en collant des boîtes, vernissant des voitures, cousant des chaussures, des sacs ou des portefeuilles. On en retrouve un paquet aux carrefours de Naples à vendre des cigarettes de contrebande où à guetter aux coins des rues pour le compte de la mafia. Avant de monter des opérations de protection de l’enfance à Shangaï et à Bangkok, ne faudrait-il pas commencer par balayer devant la porte européenne à Naples mais aussi dans de nombreuses autres villes italiennes, portugaises espagnoles, polonaises ? Dans les quartiers et les villages du vieux continent où  les enfants travaillent très jeunes dans l’agriculture et dans les arrières cours des petits ateliers de sous-traitance ?

L’hypocrisie européenne est proportionnelle au refus de combattre autrement que par des mots cette terrible injustice frappant les plus vulnérables. A Strasbourg, chaque année, un prix Sakharov des droits de l‘homme est décerné avec un abonnement spécial aux dissidents cubains alors que dans la Grande Ile pas un enfant travaille avant l’âge légal, meurt de faim ou dort dans la rue. Cette année, pour changer, nos élus européens se grandiraient s’ils décernaient leur prix - même dévalorisé - à un certain Giovanni Sovino. Giovanni ne fait pas parler de lui et pourtant cet éducateur de 33 ans tente de sortir de la rue des enfants dans l’un des pires quartiers de Naples : Barra, véritable supermarché de la drogue et de la  surexploitation des enfants.

 

José Fort

 

l'Humanité Cactus 12 avril

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11 avril 2012 3 11 /04 /avril /2012 18:26

 


Un  entretien  avec le premier Président de la République Algérienne publié en 2002 dans « l’Humanité »

Le premier président de la République algérienne, Ahmed Ben Bella, décédé mercredi à Alger à l’âge de 96 ans, m’avait reçu au mois d’octobre 2002 à Genève. L'entretien s’était déroulé dans les locaux de Nord-Sud XXI, l'ONG de défense des droits de l'homme qu'il présidait, en présence du docteur Jean-Yves Follezou. Ahmed Ben Bella était une figure du nationalisme arabe. Il se distingua durant la Seconde Guerre mondiale en combattant, dans l'armée française, les forces hitlériennes. Puis il mena la lutte pour la libération de l'Algérie, dirigea le pays jusqu'au coup d'Etat du 19 juin 1965. Il fut, comme Nelson Mandela, un des plus célèbres prisonniers politiques, totalisant 23 années de prison avant de connaître l'exil. Il s'était impliqué dans l'action pour une réforme de l'ordre économique mondial et les relations Nord Sud.

L'homme était élégant, chaleureux. Il parlait lentement, gravement. L'ancien joueur de football à l'Olympique de Marseille pouvait aussi s'emporter sur « la dérive du foot qui privilégie actuellement la défense au détriment de l'attaque. » Ahmed Ben Bella était resté un homme d'action. Voici l’interview publiée dans « l’Humanité » au mois d’octobre 2002.

José Fort

 

 

JF. Monsieur le président, toute votre vie a été marquée par le combat. Combat contre le fascisme hitlérien dans l'armée française, notamment au Monte Cassino...

Ahmed Ben Bella. J'ai reçu la médaille militaire des  mains du général de Gaulle. Deux de mes frères sont morts en combattant les Allemands, le premier en 1914, le second en 1940. Plusieurs de mes cousins sont tombés pour la France. Vous évoquez avec raison Cassino. J'y étais. J'ai d'abord combattu en France, à Marseille, dans la défense antiaérienne. C'était en 1940. Sur le port nous avons abattu plusieurs stukas. En 1942, j'ai participé à la campagne d'Italie en compagnie d'officiers français de grande qualité, qui avaient tenté de rejoindre de Gaulle à Londres. Sous la direction du maréchal Juin, un bon stratège, les compagnies d'élite composées essentiellement de Nord-Africains ont repoussé les forces hitlériennes hors d'Italie. J'étais un parmi des milliers.

JF. Vous avez mené d'autres combats. Pour l'indépendance, à la tête de l'Algérie, pour résister à l'isolement carcéral. Quel sens donnez-vous à la poursuite de votre combat ?

Ahmed Ben Bella. Un prolongement logique. Très vite, j'ai pris conscience que nous étions confrontés à un problème plus large que la libération du pays : le système mondial. Lorsque j'étais président de la République algérienne, je me suis immédiatement rendu compte que nous avions récupéré un hymne, un drapeau. Rien d'autre. Tout ce qui concernait le développement du pays était bloqué. Le système capitaliste fixait les prix. A Chicago, le prix du blé, à Londres le prix du café, etc. Le système déterminait et détermine toujours les prix. Je n'étais pas le seul à tenter d'agir contre ce système qui nous corsetait, nous étranglait. Notre cause était la même que celle de l'Indien Nehru, de l'Egyptien Nasser, du Brésilien Goulart, de l'Indonésien Sukarno. Nous avions libéré nos pays du colonialisme, mais nous restions pieds et poings liés par le système. Notre idée commune visait à construire un autre projet : après la libération de nos territoires et face au système mondial, nous étions tous d'accord pour inventer quelque chose de neuf au sein du mouvement des non-alignés.

Ce système mondial ne date pas d'hier. On pourrait le dater de 1492. Pour nous, Arabes, cette date est essentielle. C'est l'année où Grenade a été prise par Isabelle la Catholique. On peut penser ce qu'on veut de la présence des Arabes en Espagne durant huit siècles. Certes, ils n'étaient pas chez eux, mais pendant cette période les hommes se sont acceptés, les religions ont cohabité. Puis vint l'Inquisition et la mise en place, déjà, d'un nouvel ordre. Ne croyez pas que je m'égare. Il faut toujours revenir à l'histoire.

Après les indépendances, nous avons décidé, avec Nasser et d'autres compagnons, d'organiser un congrès à Alger en 1965, le Congrès afro-asiatique. Que recherchions-nous ? Créer un autre système mondial, face aux systèmes capitaliste et soviétique. Nous étions soixante chefs d'Etat et dirigeants politiques qui voulions négocier avec l'Occident. Nous préconisions le dialogue, celui que l'on appelle aujourd'hui " Nord-Sud ". Ce dialogue, en ce début de XXIe siècle, n'existe toujours pas. C'est plutôt un monologue, celui du capital, qui sévit.

JF. Les années ont passé. Vous poursuivez votre action pour de nouvelles relations Nord-Sud. Toujours dans le même état d'esprit, et avec les mêmes objectifs ?

Ahmed Ben Bella. Les temps ont changé, les moyens d'agir aussi. Nous avons vécu le temps de la libération. Je constate que le système capitalisme qui nous a fait tant de mal perdure et laisse une planète dans un état désastreux. Je veux vous citer quelques exemples et quelques chiffres. Il y a cinquante ans, le désert occupait 11 millions de kilomètres carrés. Aujourd'hui, c'est 26 millions de kilomètres carrés, sans compter les zones arides. Nous sommes en train de piller le plat qui nous nourrit. Si les 85 % de la population de la planète consommaient autant qu'en Occident, il nous faudrait dix planètes. Celle-ci n'en peut plus de ce système.

Actuellement, la planète produit six fois plus de richesses qu'en 1950. Le niveau de vie et l'espérance de vie, dans 100 des 174 pays du monde, régressent depuis dix ans. Les pays les plus pollués ne sont pas les plus industrialisés mais les plus pauvres. Quelques chiffres : les trois multinationales les plus riches du monde disposent d'une fortune supérieure au produit intérieur brut (PIB) total des 48 pays en développement les plus pauvres. Le patrimoine des 15 personnes les plus fortunées du monde dépasse le PIB de l'Afrique sud-saharienne. La fortune des 32 personnes les plus riches du monde dépasse le PIB de l'Asie du Sud. Une injustice terrible, dévastatrice qu'il faut combattre. Alors, oui, je m'engage dans ce combat.

JF. Un combat datant de trente ans ?

Ahmed Ben Bella. Oui et il est plus que jamais d'actualité. Chaque année des millions d'être humains meurent de la faim, de la pénurie d'eau potable, de la privation de soins, de la multiplication des catastrophes dites naturelles ou des conséquences de la violence politique et militaire. Selon les organismes spécialisés de l'ONU, il suffirait pourtant d'une dépense annuelle de 80 milliards de dollars sur dix ans pour garantir à toutes et à tous un accès à l'eau potable et à une alimentation adéquate, à des soins et à des infrastructures de santé indispensables, ainsi qu'à une éducation élémentaire. Que représentent 80 milliards de dollars ? Un petit quart du budget militaire des Etats-Unis, la moitié de la fortune estimée des quatre personnes les plus riches du monde. Des chiffres qui donnent le vertige. Ils attestent du dérèglement insensé de la planète. La maximalisation du profit est un principe de toute action, toute loi, toute morale. L'inégalité ronge le corps social. Les multinationales, les grands Etats du Nord et les institutions internationales qui en dépendent comme le G7, l'OMC, le FMI ou la Banque mondiale jouent les chefs d'orchestre de cette cacophonie meurtrière. C'est ça, le capitalisme. Le combat est toujours d'actualité.

JF. Comment comptez-vous le mener ?

Ahmed Ben Bella. Il faut en finir avec ce système en conscientisant les gens. Souvenez-vous des rassemblements de Porto Alegre, de Gênes, de Barcelone. Le signal est clair. L'action de masse entre en scène pour de nouvelles relations entre le Sud et le Nord avec, en toile de fond, une donnée incontournable : le capitalisme n'est pas la solution. Gênes, pour moi, est un symbole. Un Italien de vingt ans, Giuliani, est mort lors d'une manifestation réunissant des dizaines de milliers de jeunes. Ils demandaient des papiers pour leurs camarades venus du Sud, dénonçaient le désordre mondial. La plupart étaient chômeurs. Ces jeunes souhaitent un nouveau système mondial. Je ne suis pas marxiste mais j'écoute, je vois, j'entends. Des voix jeunes, nouvelles, diverses, montent contre le système dominant, le système capitaliste. Je suis avec eux.

JF. Vous avez récemment déclaré : " J'aime la France et les Français. " Vous aimez ce pays dont les autorités ont commis le premier acte de piratage aérien en détournant en octobre 1956 l'avion dans lequel vous voyagiez avec cinq autres leaders algériens, un pays qui ne vous a guère épargné ?

Ahmed Ben Bella. Nous étions en négociation depuis huit mois et nous avions la solution, celle qui a prévalu en 1962. Nous avons dû subir encore une guerre de six ans pour rien. Des centaines de milliers de morts pour rien. Dans l'avion détourné, j'avais en poche le texte de l'accord. Il aura fallu six ans de malheurs en plus. Vous évoquez la France. J'aime la France parce que j'aime le génie de la France. Je l'aime aussi parce des hommes et des femmes, des avocats notamment et beaucoup de militants, sont devenus des proches. Je pense aux 120 intellectuels français qui ont signé un fameux appel qui m'a guéri définitivement du racisme. La France, c'est aussi une immense culture. Voyez la différence avec les Etats-Unis. Les Nord Américains ont à peine un peu plus de deux siècles d'histoire. Ils sont passés de l'état primaire à la NASA. Ils ne peuvent revendiquer Racine, Corneille, Victor Hugo. Si on demande aux Algériens avec qui souhaitez-vous avoir des relations, huit sur dix vous diront avec la France.

JF. Et l'Islam ?

Ahmed Ben Bella. Je suis très attaché à ma culture. J'en suis fier. Et je suis très sensible à la dimension arabo-islamique. Je suis contre tous les intégrismes. Vous me voyez proche de tous : Noirs, Jaunes, Blancs, bref des hommes et des femmes de cette planète qui, au-delà de leurs religions, de leurs cultures, doivent pouvoir vivre ensemble.

JF. Vous étiez un brillant footballeur, à l'Olympique de Marseille notamment, avant d'aller servir la France, en 1940...


Ahmed Ben Bella. Demi centre, à l'époque...

JF. MM. Bush et Blair multiplient les appels à la guerre contre l'Irak. Face à cette menace, comment réagissez-vous ?

Ahmed Ben Bella. La menace est forte. Que cherche M. Bush ? S'attaquer à l'Irak et puis ensuite à la Corée du Nord, à la Libye, à l'Iran ? Réfléchissons un instant. Les visées économiques ne sont-elles pas les véritables raisons de ce bruit de bottes ? Connaissant la nature du système, ne seraient-ce pas les considérations économiques, particulièrement le pétrole et son deuxième réservoir du monde, l'Irak, qui intéressent M. Bush ? Et pour objectif la Chine, in fine. M. Bush veut contrôler toutes les sources d'énergie. La mer Caspienne, l'Afghanistan et l'Irak sont des sources d'intérêt pour les USA, de longue date. La question n'est pas d'être pour ou contre un régime, en Irak ou ailleurs. Je refuse la guerre, celle qui pourrait utiliser de nouvelles armes et attiser le feu dans le Moyen-Orient, dans le monde. Il n'y a pas de cause ni de guerre sacrées.

JF. Lorsque vous faites un retour sur votre vie, quelle place accordez-vous au coup d'Etat du 19 juin 1965 qui vous a écarté de la présidence de la République, et à vos longues années d'emprisonnement et d'isolement ?

Ahmed Ben Bella. Si le coup d'Etat en Algérie n'avait pas eu lieu le 19 juin, il y aurait eu autre chose. J'allais trop vite face au système mondial. J'ai eu droit à Boumédienne. L'Indonésien Sukarno et le Brésilien Goulard ont eu droit à d'autres. Durant les deux ans qui ont suivi le coup d'Etat en Algérie, vingt putschs ont eu lieu dans le monde. Les aiguilles de l'histoire ont été ramenées à zéro. C'est en Algérie que Mandela, Nieto, Cabral, Guevara, Bravo et bien d'autres ont été accueillis et entraînés. C'est à la villa Susini (centre de tortures de l'armée française - NDLR) que nous avions installé le centre opérationnel pour l'Amérique du Sud. Nous avons aidé nos amis d'Amérique latine. Nous avons créé une entreprise d'import-export. Au milieu des olives, il y avait des armes. Retenez bien cette date : c'est trois jours avant l'ouverture à Alger de la Conférence afro-asiatique, qui avait pour objectif de réfléchir à un nouvel ordre international, que le coup d'Etat a eu lieu. Pour moi, la page est tournée.

JF. Lors de votre présidence, vous avez rencontré de nombreuses personnalités. Quelles sont celles qui vous ont le plus marqué ?

Ahmed Ben Bella. Ernesto Che Guevara, pour sa simplicité et son engagement révolutionnaire. Chou En Lai, pour son élégance, sa finesse, son immense culture, son intelligence. Nasser, pour sa sincérité, sa sérénité.

JF. L'Algérie vit encore des moments douloureux. Etes-vous prêt à contribuer au rétablissement de la paix et au redressement de votre pays ?

Ahmed Ben Bella. J'y travaille. La seule voie est celle de la réconciliation nationale. Sinon nous risquons de connaître la situation de l'Espagne au temps de la guerre civile, avec un peuple cassé en deux. Je souhaite que l'on tourne la page et que nous décidions de vivre ensemble. C'est possible. Au lendemain de l'indépendance, après une guerre qui nous a coûté tant de victimes - 1 500 000 morts - lors de ma présidence, j'ai tout fait pour combattre la culture de la haine et des vengeances. Je suis pour la réconciliation nationale. L'Algérie a changé. Ce n'est plus 7 millions mais aujourd'hui 32 millions d'habitants. Un pays riche avec le pétrole, le gaz, le phosphate. L'Algérie a besoin de paix.

 

Un entretien réalisé à Genève par José Fort

 

 

Repères

Quelques dates

Ahmed Ben Bella est né le 5 juillet 1918, à Maghnia, près de la frontière algéro-marocaine.

Adhère au Parti du peuple algérien (PPA) en 1937.

Campagnes militaires en France et en Italie lors de la Seconde Guerre mondiale.

Responsable de l'organisation spéciale du PPA en 1949.

Arrestation en 1950. Evasion de la prison de Blida en 1952.

Un des dirigeants de la révolution algérienne de 1954 à 1962.

Arrestation lors d'un détournement d'avion le 22 octobre 1956.

Libéré le 19 mars 1962.

Président du Conseil des ministres en 1962.

Président de la République en 1963. Arrestation lors du coup d'état militaire de juin 1965.

Mis en résidence surveillée à M'sila en 1979. Libéré en 1981.

Président de la Commission islamique internationale des droits de l'homme en 1981.

Rentre d'exil en Algérie en septembre 1990.

 



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5 avril 2012 4 05 /04 /avril /2012 10:42

 Pour un dernier hommage

 

 

Ce jour-là, dans la  cuisine de son appartement proche de la place de la Nation à Paris, Lise London me tendait une tasse de café affirmant tout de go : « En paraphrasant De Gaulle, je déclare que la vieillesse est un naufrage. » C’était il y a quinze ans. Lise London nous a quittés la semaine dernière à l’âge de quatre-vingt-seize ans. Elle ne manquait pas d’humour. Lorsqu’on l’interrogeait sur son engagement communiste, elle répliquait goguenarde : « C’est mon jour des citations. Comme Aragon, j’affirme que chaque matin je me repose la question de mon choix politique et … je ré adhère au PCF. »  Son engagement est resté intact jusqu’à sa mort.

On ne « récupère » pas une grande dame comme Lise London. On la respecte. Si on a l’autorisation, on l’embrasse, fort si possible, et on écoute s’égrener une page d’histoire que les moins de cinquante ans ne connaissent pas. La vie miséreuse dans les années trente des immigrés espagnols à la recherche de travail du côté de Vénissieux, la découverte du monde des salariés, les premiers contacts avec des responsables communistes, l’engagement dans les Brigades Internationales parties défendre la République espagnole, l’action contre l’occupant nazi, la déportation à Ravensbrück, la tragédie d’une famille communiste face au totalitarisme stalinien. Lise London, c’est tout çà. Pas seulement.

Lise, c’est aussi et surtout une histoire d’amour. Une passion pour Artur London, l’homme qu’elle a aimé à en perdre la raison, l’homme qu’elle a défendu bec et ongles contre l’ignominie stalinienne, l’homme qu’elle a sorti de prison, qu’elle a soigné, qu’elle a protégé et à qui elle a donné envie de vivre et de se battre à nouveau, l’auteur de « l’Aveu » anéanti par tant de cruautés retrouvant la force de témoigner et de combattre pour son idéal de toujours, le socialisme. Une telle femme ne peut laisser indifférent. Artur avait bien de la chance même si parfois la « Mégère de la rue Daguerre », du nom de la rue où eu lieu la première manifestation contre les nazis à Paris, affichait un caractère explosif à  décoiffer le plus placide de ses admirateurs. Madame n’était pas du genre « facile ».

Elle était curieuse de tout. Passés à la question, ses visiteurs ne sortaient jamais indemne de la rencontre. Elle était d’une gentillesse savoureuse et savait aussi distribuer durement les coups. Elle ne prétendait pas dispenser le bon savoir et encore moins la correcte attitude mais ne faisait jamais l’économie de la critique surtout à l’égard de ses camarades égarés. Les communistes français en savent quelque chose. Et au moment où cette grande dame nous quitte, je ne peux m’empêcher de penser qu’elle nous laisse quelques messages. Celle qui a tant souffert à Ravensbrück plaçait au premier rang de ses énergies la lutte contre le fascisme. Lors de la grande manifestation du 1 er mai 2002 alors que Le Pen frappait à nos portes, Lise London rejoignait, aidée de sa canne, le défilé refusant l’aventure brune.  Celle qui avait enduré dans sa chair le stalinisme et qui n’avait pas déserté son engagement de jeunesse invitait les nouvelles générations à  douter, à ouvrir les yeux, à ne pas s’enfermer dans des certitudes, à lutter contre la perversion des idéaux communistes. « Soyez-vous-mêmes », lançait-elle aux jeunes rencontrés dans les écoles  lors de multiples débats. Femme courage comme elle l’a démontré en Espagne contre les franquistes, à Paris contre les nazis, à Prague contre les staliniens, elle refusait la fatalité de l’ordre établi et clamait sa volonté de rester actrice de l’Histoire. L’ancienne petite immigrée de Vénissieux, la capitaine de la Résistance, la solidaire du camp de concentration, l’opposante aux totalitarismes, est restée jusqu’à sa mort une combattante contre l’injustice. Toutes les injustices.

 

José Fort

L'Humanité Dimanche 5 avril 

 

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