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28 mars 2018 3 28 /03 /mars /2018 05:40

Chiffrage des manifs : la grande manipulation

(Ma chronique sur la radio web Radio Arts-Mada tous les lundi entre 19h et 19h30)

Le 14 juillet 1789, jour de la prise de la Bastille, Louis XVI avait écrit dans son journal un simple mot : « Rien. »
On connaît la suite.

Il y a quelques jours, Macron ne « sentait » pas la colère des Français. Louis XVI a fini sur l’échafaud, Macron ne devrait pas terminer ainsi, enfin je le crois, mais il ferait bien de régler son problème olfactif s’il veut garder la santé.

La mobilisation des cheminots et des fonctionnaires jeudi dernier a été massive. Les deux défilés qui se sont rejoints place de la Bastille et les manifestations dans tout le pays ont révélé un fort mécontentement mais pas seulement. Ils ont aussi exprimé une volonté grandissante de refus de l’arrogance gouvernementale et d’une politique d’injustice sociale.
Sous Macron, les retraités sont des nantis, les chômeurs des fraudeurs, les cheminots des privilégiés, les fonctionnaires des profiteurs. Les profits flambent, les dividendes explosent, les paradis fiscaux prospèrent. Sous Macron, on donne aux riches, on tape sur ceux qui finissent le mois difficilement avec pour résultat une baisse du pouvoir d’achat au premier trimestre de cette année, selon l’INSEE.

Moins d’un an après son élection par seulement 17 à 18% des électeurs, en baisse vertigineuse dans les sondages, Macron a sonné le rappel de tout ce que compte la France de requins de la finance, d’élus croupions, de patron de presse et même des anciens mao-trotsko de 1968 aujourd’hui souvent gâteux, raplapla et macro-compatibles. Des dîners secrets réunissent, chaque semaine à l’Elysée, ces gens pour tenter de colmater les fissures du bateau.

« Le Parisien » s’est distingué vendredi en publiant en première page une photo de la manifestation parisienne où on aperçoit peu de monde et en titrant « Ca ne prend pas ». Quant à l’opération chiffrage des manifestations montée par des médias, elle se solde par une manip qui fait écrire à Jack Dion de « Marianne », je le cite : « Le nombre de manifestants à Paris a été estimé à 65.000 par les syndicats, à 49.500 par la police et a 47.800 par les médias dits indépendants et objectifs. La police de la pensée a réussi à faire mieux que la police. »

Qui a été chargé de procéder au comptage des manifestants ? La société « Occurrence ». Bon et alors, me direz-vous.

Et bien je vous dis que cette entreprise travaille notamment pour AG2R La Mondiale, Airbus, Alstom, Areva, AXA, BNP Paribas, Carrefour, CCI Paris-Ile-de-France, la Commission
Européenne, Danone, GDF Suez, Gefco, Harmonie mutuelle, Macif, Mazars, Sanef, SFR, Vinci Concessions, … N’en jetez plus et dis moi qui te donne des sous, je dirai qui tu es. 

Je vous dis aussi que le patron de cette entreprise, M. Assaël Adary a reconnu sur BFM, sans que les journalistes présents ne pipent mot, que seuls les manifestants « passant la ligne d’arrivée » ont été comptabilisés à Paris. Exit les gens sur les trottoirs, exit les gens qui comme moi et pour diverses raisons ont quitté les cortèges avant la fin.

A moins d’être un naïf patenté, croyez-vous qu’on puisse faire confiance à une structure qui facture de grosses sommes aux entreprises et institutions citées plus haut connues pour leur détestation des grèves, des grévistes et des syndicats ?

A moins d’être crédule, croyez-vous qu’on peut faire confiance à un chiffrage frauduleux, à une entreprise pas très nette et à des journalistes peu regardants ?

Je vous dis qu’il plane sur cette opération comme un mauvais parfum de connivence entre médias et patronat.
A ce propos, je ne peux m’empêcher de parodier Leonardo Padura dans « Adios Hemingway » que je viens de lire, en remplaçant écrivains par journalistes. Je cite : « Il existe plusieurs sortes de journalistes: les bons journalistes et les mauvais journalistes, les journalistes qui écrivent et ceux qui prétendent écrire, les journalistes fils de pute et ceux qui sont des personnes décentes… »
Les grands patrons ont cru pouvoir trouver une nouvelle méthode pour atténuer l’ampleur du mouvement social. Voilà pourquoi je leur dédie la chanson « oh mon patron » interprétée par les Fouteurs de joie. Ecoutons.

José Fort

Avant de passer à la traditionnelle distribution des prix, je veux rendre hommage au courage et à l’abnégation du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame assassiné alors qu’il s’était proposé comme otage volontaire pour obtenir la libération d’une femme retenue par un terroriste avec d’autres clients et employés dans un super marché de Trèbes dans l’Aude . 
Le commandant en second du groupement des gendarmes de l’Aude est mort en héros. J’espère qu’une fois l’ émotion immédiate passée, la famille Beltrame bénéficiera du soutien de la nation. Soutien moral et matériel. 

Bonus : la distribution hebdomadaire des prix.

Le prix de la malédiction

Depuis l’ouverture de l’affaire mêlant Sarkozy et l’argent de Kadhafi, la liste des morts, des blessés ou des victimes de maladies soudaines ne cesse de s’allonger. Par rapport à cette hécatombe, l’affaire de l’espion russe retourné en Angleterre apparaît comme de la roupie de sansonnet ou du pipi de chat, comme vous voudrez. 

La malédiction a commencé à frapper dès 2012, lorsque le corps de Choukri Ghanem a été retrouvé à Vienne, dans les eaux du Danube. L’ex-ministre du Pétrole de Kadhafi pris de boisson aurait malencontreusement glissé sur la berge. C’est ballot.

Béchir Saleh, le comptable de Kadhafi, s’était d’abord installé à Paris. Averti de son interpellation par la justice française, il s’est réfugié en Afrique du Sud. En dépit de la mesure de protection dont il bénéficiait, Béchir Saleh a manqué de se faire tuer le 26 février 2018, lors d’une agression à l’arme à feu près de l’aéroport de Johannesburg. C’est ballot aussi.

Interpellé à Londres au début de l’année, remis en liberté puis emprisonné de nouveau, Alexandre Djouhri, témoin-clé dans l’affaire de l’éventuel financement libyen de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy, a subi des attaques cardiaques à répétition et se trouve aujourd’hui en coma artificiel dans un hôpital londonien. Je vous en passe quelques autres mais vous avouerez que ça commence à faire beaucoup. Il y a embouteillage au paradis des malfaisants. Et une sacrée odeur se répand: celle du fric. A ce propos connaissez vous la chanson « Sarkozy, j’aime le fric » interprétée par Pauline Figg et Mr Léchebotte ? Ecoutons.

Le prix de l’espoir nord-américain

Plus de 500.000 personnes parmi lesquelles de très nombreux jeunes ont effectué samedi à Washington une marche contre les armes à feu jusqu’aux abords de la Maison Blanche. Au même moment, des marches similaires se déroulaient dans de nombreuses villes des Etats-Unis. L’événement, baptisé « March for Our Lives », « Marchons pour nos vies », est une réaction au massacre le 1er février de 17 personnes dans un lycée de Floride. Ce drame qui est intervenu après tant d’autres, pour beaucoup d’Américains, a fait déborder le vase. Leur frustration est alimentée par l’inaction des législateurs et des pouvoirs publics, réticents à agir contre la National Rifle Association (NRA), le puissant lobby des armes. De nombreux artistes avaient apporté leur concours y compris financier pour l’organisation de la marche. Parmi eux le chanteur Paul McCartney qui a déclaré. « L’un de mes meilleurs amis (John Lennon) a été tué par une arme à feu non loin d’ici. C’est pourquoi être ici est très important pour moi », a déclaré l’ancien membre des Beatles arborant un t-shirt « Nous pouvons mettre fin aux violences par les armes ». John Lennon avait chanté la paix en interprétant sa célèbre chanson « Imagine ». Ecoutons-le.

Le Prix des opportunistes raplaplas devenus macron-compatibles

Je ne sais plus qui a écrit « La vieillesse n’est pas un naufrage. C’est un lent travail de rouille en cale sèche » mais je trouve cette définition correspondant parfaitement aux July, Cohn Bendit, Geismar, Castro, Goupil, ceux qu’on présente comme des héros de mai 1968 et ont tables ouvertes dans les médias bien pensants.
Ah, les tristes sires. Des étudiants de la fac de droit de Montpellier se font tabasser par des nervis, et les ex ne pipent pas mot. Oubliés les pavés et les barricades. Où les trouvent-on ?
Ils marchent dans les allées du pouvoir, et non pas dans les rues aux côtés des cheminots et des fonctionnaires en grève.
Les prétendus «enragés» d’hier se sont engagés pour Macron. Il est vrai que ces opportunistes peinent à marcher et ont oublié le célèbre slogan : «cours camarade, le vieux monde est derrière toi !»
Une chanson leur colle à la peau : l’opportuniste par Jacques Dutronc. Ecoutons.

 
 
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D
merci pour cet article que j'ai repris en grande partie sur mon blog-Médiapart<br /> https://blogs.mediapart.fr/morvan56/blog/290318/chiffrage-des-manifs-la-grande-manipulation<br /> <br /> je t'espère dans la meilleure santé possible,<br /> Salut et Fraternité (un ancien de Montreuil)
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