Souvenir
La rage
Après le décès de mon père, nous vivions - ma sœur, ma grand-mère et moi - très modestement des seuls revenus de ma mère, vendeuse dans un grand magasin parisien. Modestement, mais dignement, ma mère se saignant pour que ses deux enfants puissent étudier et se nourrir correctement, elle qui sautait souvent des repas.
Vivant en banlieue, j’avais été admis dans un prestigieux lycée parisien. J’étais en 5 eme lorsqu’un jour le proviseur me fait appeler. Dans son bureau, fort aimable, il me dit connaître les difficultés financières de ma famille et m’invite à une après-midi organisée par une œuvre de charité animée par son épouse.
Le jour dit, je me suis présenté dans une salle municipale proche du lycée. Sous les guirlandes bariolées, il y avait des tables couvertes de friandises, de sandwichs, de bouteilles de limonade et des vêtements élimés rassemblés par les dames emperlousées animant la cérémonie. J’étais le seul lycéen, les autres enfants rappliquaient des quartiers de l’est parisien.
J’ai le souvenir de femmes grasses et très maquillées, aux rires sonores, à la compassion mielleuse. Elles nous passaient les mains dans les cheveux multipliant les « mon pauvre petit », « mange un gâteau, tu dois avoir faim ». Les dames patronnesses ont chanté. Au fond de la salle, le proviseur, rosi d’aise près de sa bouteille, me lançait des œillades, satisfait visiblement de me voir là.
Elles ont fini de chanter. Après un dernier tour de limonade et quelques friandises, le grand moment est arrivé sous le flash d’un photographe chargé de couvrir l’événement: la remise à chaque enfant d’un paquet de vêtements.
J’ai eu droit au mien puis raccompagné vers la porte en passant devant une cuisine où des bouteilles de champagne droites dans leurs seaux à glace attendaient de régaler nos bienfaitrices.
J’ai pris le métro les larmes aux yeux de honte et de rage. J’ai jeté le paquet dans une poubelle. Dans le wagon, près de moi, un voyageur a déplié « France-Soir » qui titrait ce jour-là : « les barbudos de Fidel Castro sont entrés dans La Havane. »
Bien des années plus tard, en apprenant que j’étais nommé correspondant permanent de « l’Humanité » à Cuba et en Amérique latine, je me suis rappelé Paul Eluard qui écrivait : « Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous. »
José Fort
Les 6 péchés capitaux de Poutine
Conséquences de la guerre en Ukraine : des dizaines de milliers de victimes, une partie du pays exsangue, renforcement considérable de l’Otan, détestation durable entre deux peuples, menace nucléaire. En déclenchant l’agression, le maître du Kremlin a ouvert la porte à la militarisation de l’Europe sous direction nord-américaine.
1/ Barbarie
Des villes totalement détruites. Des scènesd’horreur et de désolation. Des familles entassées dans des caves sous les bombardements. Des femmes et enfants fuyant les missiles et la mort.
La guerre déclenchée par Poutine est un acte d’agression impérialiste que rien ne peut justifier et qui va pendant des décennies attiser rancunes et répulsion. Des familles ukrainiennes et russes n’ont plus comme perspective que de pleurer leurs morts. Des jeunes russes ont été envoyés à la boucherie qu’ils ne voulaient pas, des jeunes et moins jeunes ukrainiens ont quitté la vie par la seule volonté de l’homme du Kremlin, d’un système capitaliste bâti sur les ruines de l’ex Union soviétique.
Quel espoir possible sinon celui d’un cessez-le-feu ?
2/ Haine
Les bombes déversées sur l’Ukraine ne laisseront pas seulement une partie du pays exsangue. Elles ont creusé la détestation. Il faudra des décennies pour, peut-être, atténuer l’hostilité entre lespopulations. Avec une inclination prononcée pour tout ce qui est malfaisant comme l’exclusion des artistes, sportifs, scientifiques russes interdits, censurés, repoussés, alors qu’ils ne sont responsables de rien et représentent l’espoir de l’intelligence et de la beauté. Dernier exemple : l’équipe municipale de Tchernihiv, proche du pouvoir de Kiev, a voulu « faire payer sa dette »au poète Alexandre Pouchkine, génie littéraire du XIX siècle en retirant d’un parc un buste à son effigie. Désormais, en Ukraine, la culture russe est bannie.
3/ Escalade
L’Otan était, selon Macron, en état de « mort cérébrale ». Depuis l’invasion de l’Ukraine, l’organisation croupion des Etats-Unis n’a jamais connu, même au temps de la guerre froide, un tel déploiement : 300.000 soldats supplémentaires, installation du quartier général permanent du 5ème corps d’armée US en Pologne, armes sophistiquées en Roumanie et dans les Etats baltes, nouvelles escadrilles et bâtiments de marine de guerre, élargissement de l’organisation à de nouveaux pays (Suède et Finlande). Poutine a réussi l’exploit de réactiver la machine de guerre dirigée par les Etats-Unis, les Européens, Macron en tête malgré ses rodomontades, s’alignant le doigt sur la couture de pantalon sur Joseph Robinette Biden. A croire que Poutine, ancien du KGB, retourné, travaille pour ses ennemis d’hier.
4/ Menace nucléaire
La guerre en Ukraine a remis sur le devant de l’actualité stratégique la menace nucléaire.
La Russie et les Etats-Unis disposent de 90% de toutes les ogives nucléaires (autour de 6 000), la France arrivant en troisième position avec près de 300 ogives.
Une frappe nucléaire, c’est la suppression atmosphérique provoquée par l’onde choc d’une explosion capable de tout détruire sur des dizaines de kilomètres. Ce sont des centaines de milliers de personnes tuées instantanément. C’est une explosion produisant une sorte de boule de feu dégageant des ondes lumineuses capables de tout brûler dans un rayon plus grand que celui des dégâts de l’explosion. Ce sont des populations contaminées avec des conséquences extrêmes. On ne joue pas avec une telle menace.
5/ Tromperie
Poutine a réussi à faire d’un ancien animateur de télé, reconverti dans la politique et… les affaires, le président ukrainien Zélenski, un héros international. Il apparaît sur tous les écrans, tient conférences de presse sur allocutions téléviséesmondiales, dicte ses directives à l’Europe. Il est entouré de « conseillers » US militaires, médiatiques et économiques tandis que ses placements financiers dorment actuellement dans des paradis fiscaux.
6/ Intox
La guerre poutinienne a permis l’envol de l’intoxication médiatique. Entre le matraquage des médias russes et le pilonnage radio-télévisé en Occident, la méthode est la même : bourrage de crâne et recherche du spectaculaire sans faire appel à la réflexion. Les « commentateurs patentés » sont revenus sur les ondes en Russie et aussi en France. Ils savent tout sur tout et se plantent en toute impunité. La guerre, « c’est bon pour l’audimat, coco ».
Les terribles évènements en Ukraine sont trop dangereux pour laisser les seuls dirigeants russes et occidentaux s’en occuper. Il faut que les peuples imposent à ces fous furieux l’arrêt des armes et la négociation.
José Fort
L’imbécillité et la haine
De nombreux artistes russes, particulièrement des chanteurs lyriques, des musiciens et des chefs d’orchestres travaillant en France, dans plusieurs pays d’Europe et des Amériques font actuellement l’objet d’une véritable chasse aux sorcières. Quant aux athlètes russes, ils sont depuis ce matin interdits des jeux paralympiques. Comme si ces artistes et sportifs étaient responsables de la guerre dévastatrice et injustifiable déclenchée par Poutine.
La crème de la prétendue « élite » politique, économique et médiatique se reproduisant désormais en France et en Europe de génération en génération à la manière d’une classe dominante héréditaire fait silence. Elle accompagne ainsi le déferlement d’imbécillité et de haine.
N’est-il pas temps que les artistes et sportifs français fassent entendre la voix de la solidarité avec leurs amis russes ? La voix de la paix et de la fraternité.
José Fort
Lisez « La plus secrète mémoire des hommes »
Prix Goncourt 2021
De Mohamed Mbougar Sarr
Quelques citations pour vous mettre en bouche
« Le hasard n’est jamais qu’un destin qu’on ignore. »
« Même le désir du néant peut être une vanité. »
« La littérature m’apparut sous les traits d’une femme à la beauté terrifiante. Je lui dis dans un bégaiement que je la cherchais. Elle rit avec cruauté et dit qu’elle n’appartenait à personne. »
« Nous n’écrivions ni pour le romantisme de la vie d’écrivain – il s’est caricaturé -, ni pour l’argent – ce serait suicidaire -, ni pour la gloire – valeur démodée, à laquelle l’époque préfère la célébrité. »
« Un poète qui use d’archaïsme par afféterie (manière précieuse de parler ou d’agir) se repère vite : c’est comme les femmes au lit, on voit quand elles simulent. »
« Il y a tant de soi-disant écrivains qui se révèlent plus doués pour commenter la littérature que pour écrire vraiment. »
« Méfiez-vous, vous écrivains et intellectuels africains, de certaines reconnaissances. Il arrivera bien sûr que la France bourgeoise, pour avoir bonne conscience, consacre l’un de vous, et l’on voit parfois un Africain qui réussit ou qui est érigé en modèle. Mais au fond, crois moi, vous êtes et resterez des étrangers quel que soit la valeur de vos œuvres. Vous n’êtes pas d’ici. »
« Brûlez les médailles. Et les mains qui les tiennent. Arrachez les derniers lambeaux de l’ère coloniale et n’attendez rien. Au feu toutes ces vieilleries ! A la braise, à la cendre, à la mort ! »
« C’est au moment où elle s’échappe que notre vie nous appartient ». »
« Qui est le plus à plaindre entre l’aveugle qui n’a jamais vu, l’aveugle de naissance, et un aveugle qui l’est devenu après avoir vu ? Le plus malheureux est celui qui a vu. »
« Le temps des guides, visionnaires, prophètes, mages, pythies est passé. »
Ecologie : « Tiédir quand ça chauffe », un dossier à ne pas louper dans « Le Monde Diplomatique » de décembre.
Les frasques des têtes de gondole écolos (Baupin, Hulot, Placé et quelques autres) ne doivent pas cacher l’essentiel. Au delà des bonnes intentions affirmées et qui souvent doivent être prises en compte, les Verts comme le déclarait l’historique agronome et candidat à une élection présidentielle René Dumont « conseillent toujours la gentillesse aux riches égoïstes au lieu de prêcher la révolte des pauvres. »
Il faut lire le dossier du « Monde Diplomatique » du mois de décembre et notamment l’article signé Benoit Bréville et Pierre Rimbert intitulé « Tiédir quand ça chauffe ». Extraits.
« La montée en puissance des enjeux climatiques s’est accompagnée de leur dépolitisation. Le traitement médiatique favorise une approche morale qui métamorphose une affaire d’organisation économique internationale en un problème de comportements individuels. Pour sauver la planète chacun devrait trier ses déchets, remiser son vieux diésel à la casse, rénover son logement mal isolé, privilégier les circuits courts… Ces petits gestes ayant un coût, les cadres supérieurs enfilent plus facilement la panoplie éco citoyenne qu’employés et ouvriers, alors même que les premiers polluent concrètement davantage que les seconds, avec leurs voyages en avion, leurs logements spacieux, leurs Smartphones neufs… Cet « écologisme des riches » qui masque l’inégale répartition des pollutions, domine les discours politiques et médiatiques (…) Les scores électoraux (écolos,) suivent de près le prix du mètre carré et la proportion de diplômes de l’enseignement supérieur »
Et de rappeler qu’après trois décennies de ministres écologistes aux gouvernements français, les résultats en matière d’environnement sont quasi inexistants. Plusieurs responsables écologistes ont « poussé loin la gymnastique des convictions » comme Pascal Canfin et Barbara Pompili, cette dernière ayant
soutenu les gouvernements Valls et Cazeneuve avant de rejoindre Macron comme son collègue de Rugy.
Un dossier avec en prime une enquête sur « Grenoble, ville-test ». Savoureux.
Libération de Paris : la «nueve » après l’oubli, la reconnaissance
Lorsque Luis Royo-Ibanez entre dans Paris, le 24 août 1944, à bord de son half-track baptisé « Madrid », il laisse éclater sa joie devant l’Hôtel de Ville : « Aujourd’hui Paris, demain les Pyrénées ! » Ce républicain espagnol de la division Leclerc, membre de la compagnie surnommée la « Nueve » (160 hommes dont 146 Espagnols pour la plupart anarchistes et communistes) avec à leur tête le colonel Raymond Dronne, a tout donné pour la libération de l’Afrique du Nord puis celle de la France. Luis et ses camarades ont débarqué à Omaha Beach. Puis, sous la conduite de combattants de la Résistance, ils ont foncé sur Alençon avant d’entrer dans Paris – déjà largement contrôlé par les FFI du colonel Henri Rol-Tanguy – à bord des half-tracks portant les noms de batailles de la guerre d’Espagne, « Teruel », « Guadalajara », « Brunete » soigneusement rebaptisés pour les cérémonies du lendemain 25 août, « Montmirail », « Champaubert » ou « Romilly ». Un signe, déjà.
Luis et ses copains ne fonceront pas sur Madrid pour combattre la dictature. On leur donnera l’ordre de poursuivre vers l’est. Surtout pas au sud, vers l’Espagne martyrisée par le général fasciste Franco passé sous protection des États-Unis. Dans son HLM de Cachan, Luis nous dira au crépuscule de sa vie : « La libération de Paris, de la France devait être une étape avant la libération de l’Espagne. Nous nous sommes battus puis nous avons été oubliés. »
José Fort
Biden, l’hypocrite dangereux
Le président des Etats-Unis, Joseph Robinette Biden, n'a pas mis longtemps à afficher sa véritable nature : prêt à tout pour renforcer la domination nord-américaine dans le monde.
En allant plus loin que Trump dans l’étranglement du peuple cubain, en se ridiculisant en Afghanistan, en perpétuant la politique U.S d’ingérence en Amérique du Sud, notamment en ce moment au Pérou, en annonçant un prochain« sommet des démocraties » visant à affirmer le leadership yankee, en multipliant les actes provocateurs contre la Chine et la Russie entraînant une aggravation de la tension internationale, il perpétue la politique agressive et dominatrice traditionnelle nord-américaine, un moment adoucie par Obama.
Avec Biden, fervent soutien aux Bush père et fils dans les guerres en Irak, le vernis « progressiste » n’aura pas duré longtemps. L’histoire bégaie-t-elle ? Parfois, même si les réalités d’aujourd’hui reproduisent rarement celles d’hier, les similitudes sont terrifiantes.
José Fort
Pérou : la joie du direct
En suivant en direct, mercredi, la prise de fonction à la présidence de la République du Pérou de Pedro Castillo, j’ai passé un moment savoureux en regardant le roi d’Espagne encaissant les mots présidentiels sur l’époque coloniale, le très fasciste président de la Colombie (amis de Biden et Macron) entendre quelques vérités sur l’exploitation et la répression et quelques autres vérités qui ont fait sursauter le président chilien, par exemple.
Mais pourquoi donc ce chapeau, s’interrogent nombre d’observateurs? Au Pérou, on sait ce que cela veut dire, la droite citadine, bourgeoise et prévaricatrice de Lima s’offusquant à ne plus savoir qu’en dire ?
Le chapeau de paille que porte Pedro Castillo, c’est celui des paysans des Andes, des paysans pauvres, des populations réprimées, exploitées, marginalisées. Pedro Castillo est un des leurs. Lui, il n’oublie pas d’où il vient.
Ce chapeau de paille est typique de la région du Cajamarca. Pedro Castillo, fils de paysans pauvres, instituteur, revendique ses origines. Voilà pourquoi il refuse de vivre et siéger dans le palais historique, héritage du colonialisme espagnol. Il vient de présenter ses premiers objectifs : la santé, l’éducation, des investissements publics dans de grands travaux, la chasse à la corruption…
Il aura à surmonter des opérations de déstabilisation venues de la droite péruvienne très puissante, des coups tordus orchestrés depuis les Etats-Unis et leurs supplétifs régionaux.
L’Amérique latine, celle des peuples, fait entendre sa voix. A nous de l’entendre et de l’accompagner dans son combat.
PS. De nombreuses personnalités (chefs d’Etat, ministres …ont assisté à la cérémonie présidentielle. Qui a représenté la France ?
José Fort
Cuba : deux ou trois choses…
Pas gentil, gentil un commentaire sur mon mur Facebook à propos d’une de mes réactions à propos de Cuba.
L’auteur que je ne connais pas et qui ne fait pas partie de ma liste d’ « amis », se présente comme un « jeune » membre du PCF et assène croyant me faire mal: « Depuis 40 ans vous écrivez des tracts et voici où nous en sommes ». Me vient à l’esprit : « Un jeune con est con pour longtemps. »
Ce personnage que je soupçonne d’écrire sous la dictée me donne l’occasion de revenir sur mon engagement, jamais tiède, aux côtés de la révolution cubaine.
J’aime Cuba et pas seulement pour la beauté du pays, ses plages et ses mojitos. J’aime surtout son peuple, son courage, son intelligence. Face aux agressions, au terrorisme (allant des tentatives d’assassinats de Fidel jusqu’à l’introduction de la peste porcine ou encore d’une bombe dans un avion de la Cubana), face aux pénuries provoquées par un blocus criminel, face aux campagnes de propagande organisées par les officines yankees, le peuple cubain a toujours résisté.
Cuba n’est pas un modèle, c’est un exemple pour les peuples latino américains. Ceux qui s’octroient le droit de juger Cuba alors qu’ils ne sont pas imprégnés de la réalité de ce pays et du continent latino américain se réfugient dans leur inculture pour au mieux s’en tenir à des généralités, au pire servir de relais aux forces impérialistes nord-américaines.
J’ai vécu plusieurs années au milieu de ce peuple. Pas dans les arcanes des autorités pour lesquelles de Fidel Castro à Diaz-Canel j’ai le plus grand respect. J’ai vécu de près ce que veut dire peuple, ce que veut dire solidarité lorsque seul, par exemple, ma famille rentrée en France, chaque soir, mes voisins venaient me proposer un peu de riz et quelques fruits.
Avec les Cubains, même ceux qui ne supportent pas les privations, le disent haut et fort sans crainte d’être réprimés, j’ai toujours trouvé une main tendue. Voilà pourquoi et pour de multiples autres raisons, comme la disponibilité cubaine pour venir en aide aux autres, je suis et reste Cubain de cœur.
Pourquoi ce soir dire ces mots. Pour une raison simple : ceux qui ne connaissent pas la réalité cubaine (et souvent dispensent des avis après 15 jours de plage à Varadeiro) ne peuvent pas comprendre. Ce peuple, dans sa grande majorité (il y a bien entendu des gens hostiles à la révolution rêvant d’un retour au temps du « rêve » américain, des bordels, de la mafia, de l’argent facile) ne supportent pas les ingérences venues de l’extérieur. La défense de la souveraineté reste un facteur de rassemblement au delà des différences politiques, idéologiques, culturelles. Un autre facteur est à prendre en compte : une jeunesse formée, éduquée, d’un haut niveau culturel. Je me souviens d’un jour marchant dans une rue de La Havane avec Georges Wolinski et croisant un type, plein de graisse de la tête au pied, noir, réparant une mobylette d’un autre temps. Echange entre lui et Georges sur la littérature française, Victor Hugo, Balzac et quelques auteurs contemporains. Et Georges de lui demander : « D’où sortez vous tout ça ? « De l’université, compadre, » répondit-il.
Cuba n’est pas un modèle, je le répète. Mais un exemple pour cette partie du monde où la violence s’abat sur les mouvements populaires, où le capitalisme ravage des populations, surtout des minorités, mais où des forces libératrices émergent différentes d’hier et pourtant porteuses des mêmes espoirs.
Une dernière chose. A Cuba, il ne se passera pas un effondrement comparable à celui intervenu il y a 20 ans en Europe de l’Est. Le peuple cubain, avec au premier rang les communistes cubains, ne laissera pas faire. Comme hier, sur la playa Giron.
José Fort