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28 juin 2018 4 28 /06 /juin /2018 18:07

Réfugiés : l’honneur perdu de la France

 

(Ma chronique sur la radio web Radio Arts Mada tous les lundi entre 19h et 19h30)

 

Ce soir, j’aurai pu vous parler des frasques aérien et vaisselier de M. Macron et du « pognon dingue » balancé par les fenêtres pour nos concitoyens dans la difficulté. 

 

J’aurai pu évoquer les millions d’euros qui coulent à flot pour une petite minorité au détriment de l’immense majorité.

 

J’aurai pu commenter les crimes commis par le gouvernement fascisant israélien contre le peuple palestinien et la scandaleuse décision d’interdire à la flottille de la solidarité avec Gaza d’accoster sur un quai de Seine à Paris. 

 

J’aurai pu… 

 

Ce soir, je veux rappeler le tweet daté de samedi de l’association « Médecins du Monde » à bord de l’Aquarius, le bâtiment de SOS Méditerranée. Je cite : 

« L’Histoire retiendra que l’#Aquarius est passé à 7 km des côtes françaises, que le Président Emmanuel Macron et le Gouvernement ont préféré « offrir leur aide » à l’Espagne, et laisser 629 personnes affaiblies 3 jours de plus en mer. »

 

Ce soir, je veux vous citer le témoignage d’un rescapé d’un précédent naufrage rapporté par l’Agence France Presse. Ecoutez. Je cite :

    •           
    •           Envoyer par mail

     « Le troisième jour, les gens ont commencé à devenir fous. Au milieu des flots, nous sommes restés deux nuits et trois jours dans le froid, la soif, la peur. Les femmes et les enfants avaient soif, les hommes ont uriné dans des bouteilles pour qu'ils boivent. Chaque jour, des gens mouraient. Il était très difficile de s'accrocher les uns aux autres. Certains avaient leurs enfants avec eux. Quand ils mouraient ils les laissaient juste glisser dans l'eau..."

« Depuis que je suis né, je n'ai jamais vécu une seule journée heureuse. Toujours la tyrannie, la guerre et ne pas savoir quand nous serons tués. » 

 

Les hommes, les femmes, les enfants débarqués dimanche à Valence en Espagne ont vécu les mêmes horreurs. 

 

 

Ce soir, je veux remercier Valence et ses habitants. La troisième ville espagnole a accueilli hier les réfugiés sauvés de la mort par l’équipage de l’Aquarius. A Valence, on sait ce que veut dire «  Solidarité ». On n’a pas oublié les 500.000 réfugiés espagnols qui avaient pris le chemin de la France en 1939, maltraités souvent, rejetés par les mêmes qui, aujourd’hui, vomissent leur haine de l’étranger, accueilli et protégés par ceux qui ont toujours le respect de l’être humain au cœur. A Valence, le numéro d’appel spécialement réservé à l’Aquarius  a enregistré plusieurs milliers de propositions d’hébergement. Merci à nos amis espagnols et de Valence d’avoir sauvé l’honneur. 

 

A propos d’honneur, une grande dame a fait entendre la voix de la dignité hier dans une interview au JDD. Il s’agit de Mme Christiane Taubira. L’ancienne ministre de la Justice évoque à cette occasion d'autres crises migratoires que l'Europe a dû affronter par le passé : la guerre d'Espagne, les Boat people, la guerre des Balkans. « Il n'est pas question de dire ici qu'il est simple d'accueillir », écrit-elle, « mais le fait est : la société ne s'est ni effondrée ni même affaiblie après ces grandes crises. »  Et elle poursuit :

"L'Europe avait une occasion d'exister, de retrouver son magistère éthique sur une scène internationale pleine de fracas, où prospèrent la crânerie, la fourberie, l'ivresse de l'impunité, le désarroi. Elle avait l'opportunité et la capacité de prouver que ses chartes et conventions ne sont pas que chiffons de papier. Ce faisant, elle acquérait l'autorité morale pour impulser cette gouvernance mondiale des mobilités humaines. Au lieu de cela, la panique gagne. La Chancelière recule, l'Italie bascule, et chez nous la parole officielle fait des gammes sur la misère du monde après des trémolos sur les personnes sans abri et les personnes réfugiées qui, en quelques mois, étaient censées ne plus se trouver à la rue. Chez nous encore, des porte-parole font dans le marketing de l'oxymore avec la "fermeté-humanité". Chez nous toujours, des ministres font dans l'anglicisme de l'indécence sur le shopping et le benchmarking. Quand ce n'est pas carrément le silence… Pendant ce temps, dans toute l'Europe, cette impuissance fait la courte échelle aux extrémistes irresponsables et fanfarons. »

 

Ce soir, je me permets de remercier, non, je me permets d’embrasser fraternellement Mme Taubira.

 

José Fort

 

Julien Clerc interprète la magnifique chanson «  Réfugiés ». Elle a été écrite par Etienne Roda-Gil, fils de républicain espagnol. Julien Clerc sera sur la scène centrale lors de la « Fête de l’Humanité » au mois de septembre pochain. Ecoutons-le.

 

 

 

Les Prix hebdo

 

 

 

C’est l’heure des prix. Cette semaine, je me limiterai à deux prix : l’arrogance et le courage. Pourquoi ? Je veux vous faire découvrir en fin d’émission  un chef d’œuvre du tango «  last tango on 16th Street de Boz Scagos.

 

 

 

Commençons par le prix de l’arrogance 

 

 

Attribué à Sibeth Ndiaye, la chef de la communication à l’Elysée, celle qui a mis en ligne le dernier clip de Macron où il déclare :

« On met un pognon de dingue dans les minima sociaux ».

Bien entendu Sibeth Ddiaye ne fonctionne que sur ordre et le clip en question a été décidé par le patron en personne. Rien d’improvisé dans tout cela. Mais la dame ne rechigne pas à faire le sale boulot. Elle s’était déjà distinguée après la mort de Simone Veil en lançant élégamment à un journaliste  «  Yes, la meuf est dead »

 

Elle a mangé à toutes les tables : avant de travailler au sein de cabinets ministériels socialistes, celui de Montebourg par exemple, elle a fait un tourau service de presse du conseil général de Seine-Saint-Denis, alors présidé par Claude Bartolone. Elle est

passée par l'Unef, puis par La Mutuelle des étudiants, au sein de la Tendance refondation syndicale, proche des amis de Dominique Strauss-Kahn. Elle fait partie de ces jeunes souvent ex-PS, premier de la classe bien proprets sur eux aux dents très longues. 

 

Evelyne Richard, ancienne responsable des voyages présidentiels à l’étranger dit d’eux : « Normalement, la grosse tête des victorieux se dégonfle au bout de quelques mois. Là, ça dure. En plus de quarante ans passés à l’Élysée, j’en ai vu, des arrogants. Mais, à ce point-là, jamais ».

 

Ah, les petits chefs. Ils pullulent. Tiens, pour célébrer cette bande de nuisibles, une chanson : «  Les Petits Chefs » par les Glochos.

 

 

 

Le prix du courage

 

Décerné aux femmes argentines. Après de durs combats souvent réprimés, les députés argentins ont voté à une courte majorité une loi pour le droit à l’avortement. Ainsi, l’Argentine rejoint Cuba et l’Uruguay pour le respect du droit des femmes à disposer librement de leurs corps alors que dans la plupart des autres pays du continent latino-américain les femmes qui tentent d’interrompre leur grossesse sont condamnées à de lourdes peines de prison.

 

 

Anne Sylvestre chante «  La faute à Eve ». Ecoutons-là.

 

 

 

L’actualité est dure, souvent déprimante. Allez, un moment de bonheur avant de nous quitter. Ecoutons « Last tango on 16th Street de Boz Scagos.

 

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