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30 mai 2012 3 30 /05 /mai /2012 04:54

 

 

La cure dite « d’austérité » menée en Europe au nom de la prétendue lutte contre la dette entraîne une paupérisation générale des salariés et des retraités.  Seuls, les plus riches affichent avec arrogance leurs profits et leurs primes sidérales. Pour eux, pas de problèmes. Pour la grande masse, des tours de vis à répétition.

 

Partout les mêmes recettes surgissent comme  solution à la crise : attaque contre les services publics, hausse de la TVA, baisse ou gel des salaires et des retraites. Partout, les hommes et les femmes qui vivent ou survivent de leur travail ou de leurs pensions restent les objectifs désignés. Partout, jeunes et retraités sont les premières victimes d’une même politique injuste, indigne, inefficace : celle décidée à Bruxelles.

En Grèce, tout est à vendre, même les plages. 21% des personnes actives au chômage, les retraités en situation d’extrême précarité, certains poussés au suicide, des jeunes diplômés à la rue choisissent souvent l’exil. Comme leurs copains irlandais. Pendant ce temps, les armateurs et l’Eglise orthodoxe bénéficient toujours d’avantages  fiscaux exorbitants.

En Espagne, 1 citoyen sur 4 sans travail, coupes au sabre dans les budgets de la santé et de l’éducation, des villes sinistrées, des salariés non payés depuis des mois. Au Portugal, les salaires des fonctionnaires sont revus à la baisse tandis que la TVA explose, le salaire minimum restant cantonné à 450 euros par mois ; le pays connaît une vague de misère rappelant aux plus anciens les années de la dictature. En Irlande, en Belgique et dans d’autres pays de l’Union européenne, le bilan social vire au noir. Pas sans réaction.

Les grèves générales se multiplient comme en Espagne, au Portugal, en Grèce. Des mouvements d’ampleur se développent dans d’autres pays comme en Belgique, et Tchéquie, en Italie. En Islande, lors d’un référendum et pour la deuxième fois, le peuple refuse de payer pour les banques. En Allemagne, le puissant syndicat de la métallurgie DGB  déclenche des actions pour obtenir des augmentations de salaires. Dans l’ensemble de l’Union européenne la question est désormais posée avec force : ce  n’est pas de cette Europe là dont les peuples ont besoin.

Les affirmations des principaux gouvernants selon lesquelles il n’y aurait pas d’autre solution à la crise que de sévères mesures d’austérité sont battues en brèche. Evoquer la croissance et l’invitation à la consommation pour lutter contre la crise, relevait de l’utopie. Aujourd’hui, tout le monde y va de son couplet (voir encadré). Il y a peu encore, oser discuter du rôle de la banque européenne relevait d’un crime de lèse-majesté, son « indépendance » ne permettant aucune « ingérence ». Voici que des voix se font entendre pour demander à quoi ont servi les 1000 milliards d’euros distribués aux banques. Dans le même mouvement, les prêts à 1% des fonds européens aux banques chargés de redistribuer aux Etats à 6% ne peuvent plus rester cachés dans le secret des institutions bruxelloises. Lorsque la CGT demande que les prêts de la BCE soient directement versés aux Etats sans passer par les intermédiaires qui se sucrent au passage, la première centrale syndicale française donne des boutons au Medef et à ses amis banquiers.

L’Europe, entend-on souvent, ne fait pas recette. La stratégie européenne ne serait pas perçue dans toute sa complexité. Les «  spécialistes », chroniqueurs, consultants qui envahissent les plateaux de télévision et les studios de radio, ceux qui ont mené campagne pour le « OUI » au referendum de 2005 vous l’assènent sans répit : vous seriez des beaufs car éloignés de la parole européenne sacrée.

Prenons un pari. Si l’Europe se dotait d’une véritable politique sociale prévoyant notamment de développer les services publics, d’harmoniser par le haut les actions d’éducation et de santé, de fixer un salaire minimum digne du XXI siècle  et excluant la compétition économique débridée, les peuples accompagneraient le mouvement avec enthousiasme. Mais c’est encore un rêve.

José Fort

Vie Nouvelle, juin 2012   

 

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