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6 mai 2010 4 06 /05 /mai /2010 13:56

Par José Fort

« Je m’éclate à Londres. Je fais du fric, beaucoup de fric, et on ne nous emmerde pas comme en France avec les impôts ». Il y a quelques années, ce jeune interlocuteur tendance  Ferrari- droite musclée hurlant qu’il fallait « en finir avec les grèves et la CGT », n’en finissait pas de me les briser menus lors d’un déjeuner auquel j’avais été convié par erreur ou par provocation. A sa femme enceinte, je demandais si elle avait choisi à Londres l’hôpital ou la clinique pour accoucher. « Vous n’y pensez pas. Je vais accoucher à Paris. C’est plus sur et moins cher avec la sécurité sociale », me répondit-elle. 

Le couple est rentré définitivement à Paris. Leur « modèle économique » cher à Jacques Attali selon qui il fallait faire de Paris  « une place financière majeure à l’image de Londres engagée durablement dans la valorisation de son industrie financière » a du plomb dans l’aile. The Economist relevait récemment que « la Grande-Bretagne a été plus durement touchée par la crise que les Etats-Unis ou la zone euro. » Explication : la part du produit intérieur brut (PIB) britannique issu de la finance est passé de 22% à 32%, le déficit budgétaire s’affiche à 13% du PIB, la dette publique s’élevant à 60% du PIB tandis que celle des ménages dépassant les 170% de leurs revenus. C’est dans cet environnement en faillite économique et sociale que s’annonce le « changement » promis par les trois principales formations politiques britanniques : les conservateurs emmenés par le très riche  David Cameron, les travaillistes avec le très impopulaire et aujourd’hui calciné  Gordon Brown et les centristes du Parti libéral démocrate de Nick Clegg qui s’installe comme brisant le bipartisme en raflant une petite partie des voix conservatrices et une grosse part travaillistes.

Les conservateurs sont donnés gagnants. Mais selon les différents sondages, le scrutin risque d’accoucher d’une chambre sans majorité. Qui bénéficiera du soutien des libéraux pour la formation d’un gouvernement qui aura à affronter une grave situation économique, des inégalités sociales en pleine explosion et l’alignement sur les guerres menées par Washington ? Il faudra aussi regarder de près les résultats des scrutins en Irlande du Nord, au Pays de Galles et en Ecosse où les enjeux présentent des caractéristiques différentes.

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3 mai 2010 1 03 /05 /mai /2010 17:40

Par José Fort

 

Le gouvernement socialiste grec reprend à son compte une phrase d’Alphonse Allais : « Il faut prendre l’argent où il se trouve, c'est-à-dire chez les pauvres. Bon, d’accord, ils n’ont pas beaucoup d’argent mais il y a beaucoup de pauvres. »

Le programme dit de « rétablissement des comptes » exigé par l’Union européenne et le FMI se résume en un super plan d’austérité, une « première » pour les pays de la zone euro, un chantage contre le peuple grec, des mesures considérées par la plupart des commentateurs en France comme un « mal à surmonter », comme s’ils nous préparaient à subir le même sort.

Qui va souffrir de la hausse de la TVA, des baisses de salaires, du gel des embauches, des restrictions en matière de santé et d’éducation, du départ à la retraite à 67 ans sinon les plus pauvres ? Avez-vous remarqué que dans les mesures annoncées par le gouvernement grec aucune ne concerne directement les grandes fortunes ? Or, ces prédateurs sont à l’origine des difficultés de la Grèce. Ils volent au fisc chaque année 20 milliards d’euros. Le « New York Times » en faisait récemment la caricature en signalant que 324 résidents  d’Athènes avaient déclaré avoir une piscine alors qu’un survol aérien fixait le chiffre à 16.974.

Il y a plus grave.  Le journal britannique le Telegraph annonçait à la fin de la semaine dernière que depuis le mois de janvier dernier d’importants mouvements de fonds étaient enregistrés depuis les banques grecques vers des banques internationales telles HSBC ou encore la Société générale. Plusieurs milliards d’euros de nouvelles liquidités ont pris le chemin de ces banques internationales affirme le Telegraph qui estime les transferts à 5 milliards d’euros au mois de janvier, 3 en février. Au mois de mars, les transferts ont frisé selon d’autres sources les 6 milliards d’euros. La Suisse, la Grande Bretagne et Chypre sont les principales destinations de ces fonds, la Suisse arrivant largement en tête de l’accueil des fortunes grecques.

Comment expliquer le silence entretenu sur ces mouvements de fonds ? Les grandes fortunes grecques planquent leur fric et n’ont pas d’inquiétude quant à leur sort. Les pauvres paieront la note.

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27 avril 2010 2 27 /04 /avril /2010 08:30

 

Un communiqué des Amis des Combattants en Espagne républicaine (ACER).

La Coordination internationale des amis des Brigades internationales  se réunira les 28, 29 et 30 mai 2010 à Paris en présence des représentants de quinze pays européens et des Etats-Unis.

Elle a mis en place une cellule de veille antifasciste. Elle vient de lancer une alerte.

 

 

Le  parti d’extrême droite hongrois qui ne réunissait  que 2,2% des voix aux législatives de 2006  vient de frôler les 17%  devenant dimanche, le troisième parti de Hongrie, pays membre de l’Union européenne. C’est cette formation politique qui fait défiler  la Garde hongroise  dans ses meetings en uniformes noirs sentent à plein nez le fascisme des années trente ans qui fut dominant à Budapest sous le régime de l’amiral Horthy. La Hongrie  ruinée et mise sous tutelle a vu se développer la haine violente, aveugle, non seulement contre les multinationales qui ont  racheté des pans entiers de l’économie hongroise mais aussi contre les Juifs et contre les Roms, surtout, les Tsiganes, nombreux en Hongrie, marginalisés et le plus souvent sans travail. Ce qui s’entend, aujourd’hui, contre les Roms, les Juifs et les étrangers fait blêmir mais ce n’est pas tout. A la fin de la Première guerre mondiale, le traité de Trianon avait considérablement réduit le territoire de la Hongrie au profit de pays voisins où vivent depuis d’importantes minorités hongroises. Cette plaie se rouvre.

Portée par la profondeur et la persistance des difficultés sociales, cette extrême droite peut encore élargir son électorat et prendre un vrai poids sur la politique de ce pays et le pire est qu’on aurait tort de ne voir là qu’un phénomène hongrois. Aux dernières élections européennes, l’extrême droite avait remporté 17% des voix aux Pays-Bas, 16% dans les régions flamandes de la Belgique, près de 18% en Autriche, 15% au Danemark, 11% en Italie et elle avait dépassé les 5% dans six autres pays de l’Union. En progrès en France, elle pourrait arriver en tête des législatives néerlandaises de juin prochain car le rejet de l’autre monte et prospère en Europe, attisé par le chômage, la peur de l’islam et cette prééminence que le marché mondial et les institutions européennes ont prise sur les Etats nations. Ce n’est pas, déjà, l’alerte noire mais une tempête se lève. Comment réagir ?


 
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26 avril 2010 1 26 /04 /avril /2010 16:46

Par José Fort (Pour Vie Nouvelle)

C’est d’abord l’histoire de mensonges à répétition. Les différents gouvernements grecs de droite comme de gauche ont camouflé durant ces quinze dernières années l’énorme déficit (près de 13% du Produit intérieur brut en 2010, un PIB en retrait de près de 3%),  l’ampleur de la dette publique (124% du PIB annoncé pour 2010) et les frauduleuses utilisations des fonds communautaires. La Grèce n’est pas en faillite pour tout le monde. Les privilégiés de la fortune vont bien. Très bien même, grâce à leur sports préféré : la fraude fiscale estimée à 20 milliards d’euros chaque année.

Un exemple, parmi tant d’autres : celui des membres des professions libérales (architectes, médecins, avocats). En 2008, ils déclaraient un revenu annuel de 10.493 euros, les hommes d’affaires et autres traders 13.236 euros en moyenne, tandis que celui des salariés et retraités se montait à 16.123 euros. Pour le fisc grec, les plus riches sont les ouvriers, les employés et les retraités.

Les autorités grecques se tournent vers l’Union européenne et le FMI. Depuis son adhésion en 1981, le pays a perçu plus de 100 milliards de fonds communautaires. Où est passé cet argent ? Pour le journaliste Niels Kadritzke dans un article publié dans « Le Monde diplomatique », «  une partie importante, mais difficile à évaluer, a atterri sur des comptes privés. Cette dilapidation des fonds et la modération de l’imposition sur les hauts revenus se reflètent dans les yachts et les voitures de luxe, et plus encore dans les villas de week-end des faubourgs résidentiels d’Athènes. C’est là que se matérialisent les sommes d’argent qui étaient destinés à financer les programmes de développement. » Ou encore à protéger la capitale des feux de l’été. Ce ne sont pas à ces prédateurs, aux grandes fortunes que l’Etat grec va demander les « sacrifices » demandés par l’Union européenne et le FMI mais aux plus faibles.

Le gouvernement socialiste  n’y va pas par quatre chemins. Il annonce la réduction des salaires de la fonction publique de 5 à 7%, un gel des embauches dans le secteur public, le remplacement par un seul fonctionnaire de cinq départs à la retraite, la réduction des budgets de chaque ministère de 10% visant principalement les salaires, la vente de biens immobiliers de l’Etat, la hausse de 20% sur l’essence, le tabac et l’alcool. Le gouvernement envisage également une augmentation de la TVA et une attaque en règle contre les caisses d’assurances sociales. Quant à l’âge moyen de départ à la retraite,  un allongement jusqu’à 67 ans pour le privé comme pour le public est annoncé. Les successeurs du milliardaire Aristote Onassis peuvent dormir tranquille. Ils devront faire un petit effort mais pas trop. Pour l’essentiel, les salariés et les retraités peuvent payer.

Les protestations exprimées dans les rues vont-elles virer à la révolte sociale ? Le recours au FMI est vécu par la majorité des Grecs comme une humiliation. Selon un sondage 92% d’entre eux sont convaincus que l‘entrée en lice du FMI entraînera de nouvelles mesures d’austérité tandis que 65% considèrent que leur vie risque d’être bouleversée.

Les manifestations qui ont eu lieu ces dernières semaines à Athènes et dans la plupart des villes grecques n’ont pas réuni des foules immenses. « Les gens sont comme sonnés », indiquent plusieurs responsables syndicaux qui ajoutent : « Il faut s’attendre à une forte mobilisation mais aussi à des actes désespérés. Nous ne pouvons pas exclure des actes de violence. »

Le gouvernement de Georges Papandréou est conscient de possibles explosions populaires à brève échéance. D’autant que le pire n’a pas encore été annoncé à la population.

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22 avril 2010 4 22 /04 /avril /2010 13:23

Par José Fort

Pour Diverses Cités

Agé de 85 ans, on le dit fatigué. En effet, tout indique que les cinq années de son pontificat ont dû user Benoît XVI. Les multiples affaires de pédophilie provoquent, à juste titre, de vives réactions, le plus scandaleux résidant dans la chape de silence voulue par la hiérarchie catholique au fil des vingt dernières années. Et pourtant, ce ne sont pas ces affaires de pédophilie  qui entraînent certains évêques et théologiens à évoquer la nécessité de réunir un concile afin de « rétablir l’Eglise sur le droit chemin » : c’est le bilan des cinq dernières années papales jugées par eux comme une « interprétation rétrograde de Vatican II. »

Le théologien Hans Küng vient de publier un véritable brulot intitulé « Il faut réunir un concile ». L’homme n’est pas n’importe qui. Il a été avec le futur Benoît XVI, l’un des plus jeunes théologiens du concile Vatican II. Il a été aussi un des premiers visiteurs du nouveau pape avec lequel il a échangé pendant plus de « quatre heures ».Or, voici Hans Küng exprimant sa déception et en expliquant les raisons.

Il dresse un constat d’échec de la politique du pape. Echec du rapprochement avec les Eglises protestantes ; volonté de béatifier Pie XII ; caricature de l’Islam ; refus des préservatifs pour lutter contre le Sida, notamment en Afrique ; réintégration d’évêques intégristes ; nomination  à la tête de l’administration du Vatican d’adversaires du concile…

En évoquant les abus sexuels dont des prêtres se sont rendus coupables sur des milliers d’enfants et d’adolescents, Hans Küng souligne que « tous ces scandales sont dévastateurs pour la réputation de l’Eglise. » Et il conclut : « Face à la crise de l’Eglise, j’adjure les évêques de mettre dans la balance le poids de leur autorité. Un nombre inimaginable de gens ont perdu confiance dans l’Eglise. Seul un abord ouvert et franc des problèmes et des réformes est en mesure de la restaurer. Je demande, avec tout le respect qui est dû aux évêques, qu’ils y contribuent, autant que possible en commun. »

Peu sont ceux qui misent sur des changements au Vatican. La plupart des observateurs estiment qu’il faudra attendre le successeur de Benoît XVI. Il aura, lui, à ouvrir la réflexion sur le célibat des prêtres, la place des laïcs et des femmes dans l’Eglise.

La tourmente  va laisser des traces. De nombreux chrétiens souhaitent  l’ouverture du débat, la transparence et le retour aux valeurs fondamentales. Seront-ils écoutés ?

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13 avril 2010 2 13 /04 /avril /2010 13:55

 

par José Fort

Le crash de l’avion du président polonais, Lech Kaczynski, près de l’aéroport militaire de Smolensk, à 420 kilomètres de Moscou, a entraîné la mort du premier personnage de l’Etat et la disparition d’une grande partie de ce que les médias qualifient généralement d’ « élite » du pays : les chefs de l’armée, de la banque nationale, de partis politiques, des députés… L’émotion reste intense à Varsovie et dans tout le pays. Pourtant, quelques jours après ce drame, le temps n’est-il pas venu de poser quelques questions ?

Pourquoi ce voyage pour célébrer l’exécution de plusieurs milliers d’officiers polonais par la police de Staline accusés – à tort ou à raison ? - de collaborer avec les nazis alors que quelques jours plus tôt le Premier ministre polonais, Donald Tusk avait participé à une cérémonie officielle en présence de Vladimir Poutine sur les lieux de la tragédie ? Le président Kaczynski avait refusé de les rejoindre préférant organiser sa propre cérémonie sans la présence des officiels russes. La symbolique est très forte : le président et ses amis sont morts près du lieu où ils souhaitaient se recueillir.

Pourquoi le crash ? Les aiguilleurs du ciel russes avaient à plusieurs reprises conseillé aux pilotes de l’avion présidentiel  de se détourner vers Minsk ou  Moscou, la météo sur Smolensk étant exécrables. Or, l’étude des boîtes noires de l’appareil semble indiquer que les pilotes ont été sommés par le président polonais et les militaires d’atterrir coûte que coûte. Comment expliquer cet entêtement ? Officiellement, il s’agirait de la volonté d’arriver à l’heure pour la cérémonie. Officieusement, le président polonais ne voulait pas rencontrer les hauts dignitaires russes.

La mort du président polonais et l’émotion qu’elle provoque ne doit pas gommer la vérité sur ce personnage rétrograde, réactionnaire, intégriste catholique et homophobe militant. Alors qu’il était maire de Varsovie, il a fait réprimer à plusieurs reprises des manifestations homosexuelles. Il s’était déclaré en faveur de la peine de mort et s’opposait à la légalisation de l’avortement. Cet ancien conseiller de Lech Walesa au syndicat Solidarité prônait une politique ultra libérale et clairement pro-américaine. Il s’était aligné sur George Bush notamment dans sa guerre en Irak. Enfin, cet anticommuniste militant avait institué la loi dite de « lustration » visant tous ceux ayant collaboré de près ou de loin aux gouvernements dits «  communistes ». Il avait voulu, notamment, abolir les retraites des anciens brigadistes en Espagne républicaine.

Lech Kaczynski est mort. Tristesse pour sa famille.

 

 

 

 

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5 mars 2010 5 05 /03 /mars /2010 11:23




Par José Fort pour « Diverses Cités »  


Haïti d’abord. Pour le journaliste Christophe Warry, « ce pays s’enfonce depuis longtemps dans un désastre écologique. L’érosion généralisée donne aux campagnes un aspect lunaire, transformant toute averse tropicale en lessivage torrentiel. Les autorités, qui ne font autorité sur rien, sont au mieux spectatrices inconscientes ou impuissantes d’un univers comateux. La tectonique, qui ne s’était pas manifestée depuis près de deux siècles, vient ajouter une dimension apocalyptique au chaos urbain. L’extrême pauvreté des trois quarts des Haïtiens leur interdit tout investissement dans l’habitat. »

Catastrophe naturelle ? A demi. La faute au peuple haïtien ? Sûrement pas. La fatalité ? Trop facile. La malédiction ? Peut-être. Mais laquelle ?  Le rapace colonialisme français, les invasions yankees, la longue dictature des Duvalier ? Pour Washington comme pour Paris, l’anticastrisme militant, à quelques encablures de Cuba, valait bien qu’on fermât les yeux sur les droits humains et le détournement de l’aide au profit d’un clan. Il est des terreaux sur lesquels les catastrophes naturelles poussent plus sûrement.
En envoyant quatre mille six cents hommes au sol et en en mobilisant dix mille en mer, les Etats-Unis disposent sur place d’une force considérable. Pour y faire quoi exactement ?

La mobilisation internationale va-t-elle continuer à soutenir le courage et la solidarité des Haïtiens ? Nul plan ne rebâtira le pays s’il ne repose sur tous les compartiments de la société haïtienne.
Reconstruire Port-au-Prince et ses environs, ou construire Haïti ?

Le Chili, ensuite. Près de mille morts. La deuxième ville du pays détruite, des villages rasés par le tsunami, la capitale endommagée, deux millions au moins de sinistrés et des scènes terribles de violences dues au désespoir et à la faim. Le Chili n’est pas Haïti, mais comment ne pas constater que dans les deux cas, ce sont les populations les plus pauvres qui payent le gros de la note. Et comment ne pas souligner que dans les deux cas, à des degrés divers, l’absence de services publics performants a entraîné d’énormes pertes humaines. La présidente du Chili s’est bien mobilisée très tôt sur les chaînes de télévision mais les services de la protection civile, de l’électricité et même l’armée ont pris un retard criminel au démarrage des opérations de sauvetage.

L’ouest de la France, enfin. Rien de comparable avec les catastrophes précitées. Pourtant, des questions se posent avec force. Pourquoi la dangerosité des terrains signalée par les services de la DDE n’a-t-elle pas été prise en compte ? Les règles fixées par le conservatoire du littoral ont-elles été respectées ? Comment ont été acceptés les permis de construire ? Qui sont les promoteurs ayant construit ces milliers de maisons à proximité de la mer et combien ont-ils ramassés de bénéfices ? La catastrophe qui s’est abattue sur l’ouest de la France n’a rien de commun avec les tragédies haïtienne et chilienne. Mais une chose est certaine : en France les services publics (pompiers, électriciens, protection civile) ont joué un rôle essentiel pour éviter des drames supplémentaires. Quand un pays ne dispose pas de tels outils, les conséquences sont terribles. Voilà pourquoi il faut les préserver et les développer.

Il faut laisser aux spécialistes, aux scientifiques le soin d’analyser les raisons et les solutions aux catastrophes naturelles. Pourtant rien ne nous empêche d’en rechercher aussi les autres causes : celles provoquées par l’égoïsme de l’homme.

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24 février 2010 3 24 /02 /février /2010 15:53

Retraites? Le mauvais coup date de Barcelone

Par José Fort

C’est au sommet européen de Barcelone, au mois de mars 2002, que Jacques Chirac et Lionel Jospin avaient signé ce qui allait devenir force de loi dans de nombreux domaines et pas seulement sur l’ouverture du marché au gaz et à l’électricité, voie royale pour la déréglementation et l’introduction des critères de rendements financiers dans les secteurs publics. Le texte prévoyait aussi une " flexibilisation " renforcée du marché du travail, c’est-à-dire la possibilité de licencier sans aucune contrainte. Il annonçait une modification en profondeur des retraites en recommandant la fin des préretraites, l’augmentation de cinq ans de l’âge moyen de la cessation d’activité, la mise en place des fonds de pension. Il se prononçait en faveur d’un " allongement " du temps de travail et pour des mesures fiscales bénéficiant aux entreprises disposant de salariés payés à bas prix. A l’époque, ces décisions  étaient passées sous silence et les deux futurs candidats à l’élection présidentielle s’étaient bien gardés d’y faire référence dans leurs programmes.

Voici le paragraphe consacré aux retraites ratifié par Jacques Chirac et Lionel Jospin à l’issue du sommet européen de Barcelone en 2002.

« Il convient de réduire les incitations individuelles à la retraite anticipée et la mise en place par les entreprises de système de préretraites, d’intensifier les efforts destinés à offrir aux travailleurs âgés davantage de possibilités de rester sur le marché du travail, par exemple par des formules souples de retraite progressive et en garantissant un véritable accès à l’éducation et à la formation tout au long de sa vie. IL FAUDRAIT RECHERCHER D’ICI A 2010 A AUGMENTER PROGRESSIVEMENT D’ENVIRON CINQ ANS L’AGE MOYEN EFFECTIF AUQUEL CESSE, DANS L’UNION EUROPEENNE, L’ACTIVITE PROFESSIONNELLE.  LES PROGRES A CET EGARD SERONT EXAMINES CHAQUE ANNEE AVANT LE CONSEIL EUROPEEN DE PRINTEMPS. » Outre cet allongement du temps de cotisation, le sommet européen de Barcelone préconisait la montée en puissance des fonds de pension pour financer les retraites via la Bourse. Pour Jacques Chirac à l’époque cela s’appelait « les fonds de pension à la française », pour Lionel Jospin « des modalités d’épargne salariale. »

 

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23 février 2010 2 23 /02 /février /2010 12:18

Un article publié dans "l'Humanité" du 23/2/2010


Mais que nous fait-il Georges? Une petite déprime, un moment de nostalgie ? Voilà qu’en refermant son dernier ouvrage « Pitié pour Wolinski » (1) on verserait presqu’une larme. Le petit juif de Tunis raconte sa jeunesse, sa famille, ses amours, ses drames, ses copains avec sa patte talentueuse de dessinateur et son humour décapant. Mais il prévient ses juges : « Je préfère mourir idiot que mourir odieux » réplique-t-il dans une bulle destinée à son éditeur qui lui demande « moins de cul » et plus « d’insultant, d’obscène, de méchant, de cruel, de malsain… »

Wolinski met en scène sa vie familiale, amoureuse (ses parents, sa première femme disparue dans un accident, Maryse sa compagne dont il reste follement amoureux) son parcours professionnel. Avec, comme à son habitude, des seins nus et des scènes cocasses. Il y a aussi  une certaine tristesse  lorsqu’il fait dire à son héros – lui même à vingt ans - : « Je n’aime pas cette époque, son indécence, son immoralité, sa littérature écrite à la va vite, l’escroquerie de l’art contemporain, les chansons sans romantisme, le rire sans humour. »

Ses vieux copains de Hara-Kiri, Cavanna, Cabu et les disparus Reiser et Choron en prennent une louche, toujours  avec une forte amitié et une complicité sans faille. Quant aux lecteurs de « l’Humanité », ils en sauront un peu plus sur son entrée au journal (1976) et les réactions qu’elle a suscitées puis son départ vers d’autres aventures. « Es-tu libre de faire ce que tu veux chez les cocos » lui demande un de ses interlocuteurs. « Je t’assure on ne me censure jamais », répond Wolinski qui s’attire cette réplique : «  Alors, ils sont plus malins que je le pensais ces fumiers ! »

Georges Wolinski n’a jamais été communiste et encore moins membre du PCF. Cet homme que j’ai approché lors de voyages ou au cours de dîners est un humaniste, un révolté par toutes les injustices d’où qu’elles viennent. On connaît son talent (un jour ouvrira-t-il son atelier secret et ses toiles?), on connaît moins sa sensibilité, son sens de l’écoute, sa générosité. Deux personnages à « l’Humanité » l’ont marqué à jamais : René Andrieu et Roland Leroy à qui il voue une grande amitié. D’autres n’auraient certainement pas convaincu l’ami Georges de dessiner à la « une » de « l’Huma ».

Il ne loupe aucune fête du journal, hier à la Courneuve, aujourd’hui au Bourget. Pour une simple raison : « J’y suis chez moi et je rencontre de vrais gens, des gens qui ne trichent pas. »

Wolinski est un type bien. Plongez-vous dans son dernier ouvrage. Pour rire, bien entendu. Mais pas seulement : découvrez l’autre facette du personnage, celle d’une célébrité qui a su rester un honnête homme et qui en rigole encore et encore.

José Fort

  

Pitié pour Wolinski. Editions Drugstore. A commander de préférence à Cuba si France – Wolinski en est le président d’honneur - 94 bld Auguste Blanqui, 75013 Paris. 14 euros (plus 4 euros de frais de port). Les bénéfices seront versés aux équipes médicales cubaines qui travaillent actuellement en Haïti.
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12 février 2010 5 12 /02 /février /2010 13:27

En 1991, lors de son premier voyage en France, Nelson Mandela accordait une interview exclusive à « l’Humanité ». Des extraits sont publiés dans l’Humanité Dimanche du 12 février 2010. Voici l’intégral de l’entretien.

 

L’homme tranquille contre l’apartheid

Hôte de la France, et plus précisément de son ministère des affaires étrangères, le vice-président du Congrès national africain (ANC) a reçu hier les journalistes de « l’Humanité » dans une de ses possessions « diplomatiques » du gouvernement français en région parisienne, le château de la Celle-Saint-Cloud. Aucune solennité cependant. Ni mythe ni symbole, c’est l’hôte, l’homme tranquille à la taille imposante, préservée, dont la main large et forte rappelle une jeunesse tumultueuse sur les rings de boxe pour amateurs condamnés à devoir prouver toujours plus qui pose la première question : « Où voulez-vous que je m’assoie ? » Une question en appelant toujours une autre, et chacun d’entre nous ayant participé d’une manière ou d’une autre au combat pour la libération de Nelson Mandela ainsi qu’aux campagnes de solidarité avec le peuple sud-africain, nous ne pouvons que demander, plutôt émus :

José Fort et Claude Kroës. Pouvons nous vous appeler camarade ?

NELSON MANDELA. Oui, tout à fait. Vous savez, je suis le camarade de Georges Marchais.

J. F. et C. K. Alors, la première vraie question. Il y a seize mois, vous étiez enfin libéré après plus d’un quart de siècle de prison. Quel regard portiez-vous sur ce que vous avez découvert au moment de votre libération ? Et quel regard portez-vous aujourd’hui sur le monde ?

N. M. Ce n’est pas facile à dire. Il n’est pas très facile pour moi de dire quel était mon regard il y a un an et demi. Il y a toujours un risque de spéculation dans ce genre de déclaration. Mais ce qui m’a frappé, c’est l’amélioration des rapports entre l’Est et l’Ouest, l’amélioration des rapports entre l’Union soviétique et les États-Unis d’Amérique, les pourparlers et les traités sur le désarmement et sur la réduction des armes nucléaires. À mon avis, le premier ministre britannique, Mme Margaret Thatcher, a joué un rôle significatif dans le rapprochement entre Gorbatchev et Reagan pour favoriser les discussions sur la paix mondiale. Ce fut mon impression dominante. Et deuxièmement, il y a le problème de la lutte anti-apartheid dans le monde entier. En particulier en Grande-Bretagne, en Europe, en Asie, aux États-Unis, au Canada et en Amérique du Sud. La voix des forces de libération et de progrès vers la démocratie et vers la suppression de la tyrannie s’est très fortement fait entendre. Je suis heureux de constater que les forces de paix sont si fortes, que la tendance en faveur d’une réduction des tensions dans le monde s’exprime toujours avec la même puissance et, bien sûr, que le mouvement anti-apartheid pèse toujours du même poids dans le monde entier.

J. F. et C. K. Camarade Mandela, croyez-vous que les réformes annoncées dans votre pays conduiront à l’élimination de l’apartheid ? Et pensez-vous que le poids de l’opinion publique internationale, qui s’est fortement exprimée pour exiger votre libération, puisse encore avoir un rôle décisif, alors que vous, démocrates sud-africains, êtes entrés dans une phase de négociation ?

N. M. Les réformes annoncées par le gouvernement sud-africain sont très encourageantes. Certains progrès ont été enregistrés dans le sens du démantèlement de l’apartheid et le chemin qui mène vers une Afrique du Sud unie et démocratique est en voie de construction. Mais nous sommes encore très loin de la satisfaction des revendications que nous avons avancées, parce que le contenu principal des réformes voulues, c’est la possibilité pour le peuple sudafricain de s’exprimer par le vote.

J. F. et C. K. Vous voulez dire « one man, one vote » ?

N. M. Oui, bien sûr, et dans la situation actuelle, moi, je ne peux toujours pas voter. Ça, c’est l’élément essentiel. Mais, indépendamment de ce qu’a annoncé le gouvernement sud-africain, nous sommes encore loin d’une situation où la majorité du peuple sud-africain pourrait se déterminer lui-même sur son avenir. C’est la raison pour laquelle nous demandons le maintien des sanctions par la communauté internationale et c’est la raison pour laquelle nous regrettons la décision prise en décembre 1990 par la Communauté européenne. (…)

J. F. et C. K. A propos de cette décision de lever les sanction, vous avez rencontré mardi Jacques Delors, à Bruxelles. Quelle appréciation portez-vous sur votre conversation avec le président de la Commission européenne et avez-vous le sentiment d’avoir été entendu ?

N.M. Mr Delors est un homme qui soutient la lutte anti-apartheid en Afrique du Sud et je souhaite pouvoir croire, surtout après notre rencontre d’hier, qu’il acceptera de faire connaître aux chefs d’Etats de la CEE les positions de l’ANC. Mais nous discutons d’un problème qui sera soumis aux chefs d’Etat, et il ne serait pas opportun que j’entre dans les détails sur cette question.

J. F. et C. K. Les images montrant les affrontements entre Noirs marquent beaucoup la population française. Est-ce qu’il est possible d’arrêter ces massacres ? Quel avenir pour l’Afrique du Sud ? Etes-vous prêt à gouverner avec les Blancs et dans quel cadre législatif ? Pouvez-vous nous dire quelques mots du Congrès de l’ANC, prévu à Durban, au début du mois prochain ?

N. M. D’abord au sujet de la violence : elle a été présentée comme un affrontement entre noirs. Or, ce n’est là qu’un élément de cette violence. Il y a d’autres éléments qui incitent à la violence. Il y a actuellement des escadrons de la mort, organisés par le gouvernement sud-africain, qui font beaucoup plus de mal à des victimes innocentes que la violences entre Noirs. Et puis il y a aussi la connivence du gouvernement dans cette violence. Si le gouvernement utilisait la capacité qu’il a de mettre un terme à la violence et de maintenir l’ordre, il pourrait le faire le plus aisément du monde. C’est la raison pour laquelle nous l’avons menacé de ne pas poursuivre les pourparlers sur la Constitution future, aussi longtemps qu’il n’aura pas mis un terme à cette violence. Mais nous sommes optimistes quant au fait que nous réussirons à contraindre le gouvernement à arrêter la violence. Celle-ci ne continue que parce que le gouvernement le souhaite.

J. F. et C. K. Et le devenir de l’ANC, dans ce contexte changeant et difficile ?

N. M. En ce qui concerne le congrès de l’ANC en juillet, nous sommes très optimistes. Les mass média, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’Afrique du Sud, ont essayé de faire croire à l’existence de factions. C’est parfaitement mensonger. C’est la même propagande que celle qui a eu cours par le passé, avant la première conférence consultative légale de l’ANC de décembre dernier. Bien sûr, il y a des divergences qui s’expriment sur tous les sujets, divergneces qui existent aussi dans d’autres congrès, dans d’autres organisations, ailleurs. Mais les décisions que nous avons prises ont été unanimes et saines.

J. F. et C. K. Etes-vous prêt à gouverner avec les Blancs et dans quel cadre législatif ?

N. M. Notre politique est favorable à une Afrique du Sud non raciste, véritablement démocratique et, à cet égard, le mérite personnel sera pour nous le seul critère pertinent. Ce qui signifie que nous sommes prêts à travailler avec tous les groupes nationaux, avec les Noirs et avec les Blancs. Et malgré les problèmes que nous rencontrons, les choses avancent très bien.

J. F. et C. K. Vous avez rencontré François Mitterrand et le premier ministre Édith Cresson. Avez-vous maintenant un message à faire passer au peuple français ?

N. M. Eh bien, notre message est très simple : nous demandons au peuple français de continuer à soutenir la lutte anti-apartheid parce que notre lutte repose sur les principes démocratiques que sont l’égalité, la liberté et la fraternité humaines. Et ces valeurs ont été répandues en Europe par les philosophes français, Voltaire, Montesquieu et d’autres… Et nous espérons donc que le peuple français continuera à soutenir notre lutte.

Propos recueillis par José Fort et Claude Kroës

 

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