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12 février 2010 5 12 /02 /février /2010 11:42

En 1991, lors de son premier voyage en France, Nelson Mandela accordait une interview exclusive à « l’Humanité ». Des extraits sont publiés dans l’Humanité Dimanche du 12 février 2010. Voici l’intégral de l’entretien.

 

L’homme tranquille contre l’apartheid

Hôte de la France, et plus précisément de son ministère des affaires étrangères, le vice-président du Congrès national africain (ANC) a reçu hier les journalistes de « l’Humanité » dans une de ses possessions « diplomatiques » du gouvernement français en région parisienne, le château de la Celle-Saint-Cloud. Aucune solennité cependant. Ni mythe ni symbole, c’est l’hôte, l’homme tranquille à la taille imposante, préservée, dont la main large et forte rappelle une jeunesse tumultueuse sur les rings de boxe pour amateurs condamnés à devoir prouver toujours plus qui pose la première question : « Où voulez-vous que je m’assoie ? » Une question en appelant toujours une autre, et chacun d’entre nous ayant participé d’une manière ou d’une autre au combat pour la libération de Nelson Mandela ainsi qu’aux campagnes de solidarité avec le peuple sud-africain, nous ne pouvons que demander, plutôt émus :

José Fort et Claude Kroës. Pouvons nous vous appeler camarade ?

NELSON MANDELA. Oui, tout à fait. Vous savez, je suis le camarade de Georges Marchais.

J. F. et C. K. Alors, la première vraie question. Il y a seize mois, vous étiez enfin libéré après plus d’un quart de siècle de prison. Quel regard portiez-vous sur ce que vous avez découvert au moment de votre libération ? Et quel regard portez-vous aujourd’hui sur le monde ?

N. M. Ce n’est pas facile à dire. Il n’est pas très facile pour moi de dire quel était mon regard il y a un an et demi. Il y a toujours un risque de spéculation dans ce genre de déclaration. Mais ce qui m’a frappé, c’est l’amélioration des rapports entre l’Est et l’Ouest, l’amélioration des rapports entre l’Union soviétique et les États-Unis d’Amérique, les pourparlers et les traités sur le désarmement et sur la réduction des armes nucléaires. À mon avis, le premier ministre britannique, Mme Margaret Thatcher, a joué un rôle significatif dans le rapprochement entre Gorbatchev et Reagan pour favoriser les discussions sur la paix mondiale. Ce fut mon impression dominante. Et deuxièmement, il y a le problème de la lutte anti-apartheid dans le monde entier. En particulier en Grande-Bretagne, en Europe, en Asie, aux États-Unis, au Canada et en Amérique du Sud. La voix des forces de libération et de progrès vers la démocratie et vers la suppression de la tyrannie s’est très fortement fait entendre. Je suis heureux de constater que les forces de paix sont si fortes, que la tendance en faveur d’une réduction des tensions dans le monde s’exprime toujours avec la même puissance et, bien sûr, que le mouvement anti-apartheid pèse toujours du même poids dans le monde entier.

J. F. et C. K. Camarade Mandela, croyez-vous que les réformes annoncées dans votre pays conduiront à l’élimination de l’apartheid ? Et pensez-vous que le poids de l’opinion publique internationale, qui s’est fortement exprimée pour exiger votre libération, puisse encore avoir un rôle décisif, alors que vous, démocrates sud-africains, êtes entrés dans une phase de négociation ?

N. M. Les réformes annoncées par le gouvernement sud-africain sont très encourageantes. Certains progrès ont été enregistrés dans le sens du démantèlement de l’apartheid et le chemin qui mène vers une Afrique du Sud unie et démocratique est en voie de construction. Mais nous sommes encore très loin de la satisfaction des revendications que nous avons avancées, parce que le contenu principal des réformes voulues, c’est la possibilité pour le peuple sudafricain de s’exprimer par le vote.

J. F. et C. K. Vous voulez dire « one man, one vote » ?

N. M. Oui, bien sûr, et dans la situation actuelle, moi, je ne peux toujours pas voter. Ça, c’est l’élément essentiel. Mais, indépendamment de ce qu’a annoncé le gouvernement sud-africain, nous sommes encore loin d’une situation où la majorité du peuple sud-africain pourrait se déterminer lui-même sur son avenir. C’est la raison pour laquelle nous demandons le maintien des sanctions par la communauté internationale et c’est la raison pour laquelle nous regrettons la décision prise en décembre 1990 par la Communauté européenne. (…)

J. F. et C. K. A propos de cette décision de lever les sanction, vous avez rencontré mardi Jacques Delors, à Bruxelles. Quelle appréciation portez-vous sur votre conversation avec le président de la Commission européenne et avez-vous le sentiment d’avoir été entendu ?

N.M. Mr Delors est un homme qui soutient la lutte anti-apartheid en Afrique du Sud et je souhaite pouvoir croire, surtout après notre rencontre d’hier, qu’il acceptera de faire connaître aux chefs d’Etats de la CEE les positions de l’ANC. Mais nous discutons d’un problème qui sera soumis aux chefs d’Etat, et il ne serait pas opportun que j’entre dans les détails sur cette question.

J. F. et C. K. Les images montrant les affrontements entre Noirs marquent beaucoup la population française. Est-ce qu’il est possible d’arrêter ces massacres ? Quel avenir pour l’Afrique du Sud ? Etes-vous prêt à gouverner avec les Blancs et dans quel cadre législatif ? Pouvez-vous nous dire quelques mots du Congrès de l’ANC, prévu à Durban, au début du mois prochain ?

N. M. D’abord au sujet de la violence : elle a été présentée comme un affrontement entre noirs. Or, ce n’est là qu’un élément de cette violence. Il y a d’autres éléments qui incitent à la violence. Il y a actuellement des escadrons de la mort, organisés par le gouvernement sud-africain, qui font beaucoup plus de mal à des victimes innocentes que la violences entre Noirs. Et puis il y a aussi la connivence du gouvernement dans cette violence. Si le gouvernement utilisait la capacité qu’il a de mettre un terme à la violence et de maintenir l’ordre, il pourrait le faire le plus aisément du monde. C’est la raison pour laquelle nous l’avons menacé de ne pas poursuivre les pourparlers sur la Constitution future, aussi longtemps qu’il n’aura pas mis un terme à cette violence. Mais nous sommes optimistes quant au fait que nous réussirons à contraindre le gouvernement à arrêter la violence. Celle-ci ne continue que parce que le gouvernement le souhaite.

J. F. et C. K. Et le devenir de l’ANC, dans ce contexte changeant et difficile ?

N. M. En ce qui concerne le congrès de l’ANC en juillet, nous sommes très optimistes. Les mass média, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’Afrique du Sud, ont essayé de faire croire à l’existence de factions. C’est parfaitement mensonger. C’est la même propagande que celle qui a eu cours par le passé, avant la première conférence consultative légale de l’ANC de décembre dernier. Bien sûr, il y a des divergences qui s’expriment sur tous les sujets, divergneces qui existent aussi dans d’autres congrès, dans d’autres organisations, ailleurs. Mais les décisions que nous avons prises ont été unanimes et saines.

J. F. et C. K. Etes-vous prêt à gouverner avec les Blancs et dans quel cadre législatif ?

N. M. Notre politique est favorable à une Afrique du Sud non raciste, véritablement démocratique et, à cet égard, le mérite personnel sera pour nous le seul critère pertinent. Ce qui signifie que nous sommes prêts à travailler avec tous les groupes nationaux, avec les Noirs et avec les Blancs. Et malgré les problèmes que nous rencontrons, les choses avancent très bien.

J. F. et C. K. Vous avez rencontré François Mitterrand et le premier ministre Édith Cresson. Avez-vous maintenant un message à faire passer au peuple français ?

N. M. Eh bien, notre message est très simple : nous demandons au peuple français de continuer à soutenir la lutte anti-apartheid parce que notre lutte repose sur les principes démocratiques que sont l’égalité, la liberté et la fraternité humaines. Et ces valeurs ont été répandues en Europe par les philosophes français, Voltaire, Montesquieu et d’autres… Et nous espérons donc que le peuple français continuera à soutenir notre lutte.

Propos recueillis par José Fort et Claude Kroës

 

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11 février 2010 4 11 /02 /février /2010 18:02

Par José Fort

« Le gros de l’orage est passé », claironnaient il y a peu Sarkozy et Lagarde. Voici que la crise prend une nouvelle dimension avec l’annonce du surendettement de la Grèce, de l’Espagne et du Portugal. Un an après les milliards de dollars (25% du PIB mondial, selon la Banque centrale européenne) versés aux banques, voici des Etats sous le feu des mêmes établissements financiers ayant bénéficié de l’argent des contribuables. La  prétendue « régulation » du capitalisme est une imposture.

Les marchés et les spéculateurs restent les maîtres du jeu. D’autant qu’ils disposent des relais leur permettant de mener leurs opérations de dépouillement : les agences de notation présentées comme des institutions privées compétentes. Tout le monde en parle sans donner la moindre explication. Ces agences de notation, c’est quoi ?

Trois principales agences de notation font la pluie et le beau temps : Standard§poors’,  Moody’s et Fitch Ratings. Toutes sont nord-américaines. La première est une filiale de l’empire McGrow-Hill, entreprise US basée à New York spécialisée notamment dans le bâtiment, l’édition, les médias et bien entendu cotée en bourse. Elle s’est distinguée pour ne pas avoir prévu aux USA l’effondrement de l’immobilier (subprimes), la faillite de la banque Eron, la crise financière mondiale. Le conseil d’administration de Standard§poors’(les autres agences aussi) est composé d’hommes d’affaires nord-américains et… un Français, surtout de  hauts dignitaires de l’armée, du monde politique et économique US. Ce sont ces gens (par ailleurs membres des conseils d’administration de grandes banques) qui distribuent les bons et les mauvais points aux Etats facilitant ainsi la spéculation sur les pays en difficulté. Les rapaces organisent entre eux la curée provoquant dans un premier temps le surendettement, le diagnostiquant dans un deuxième, avant de fondre sur la proie pour en finir avec les restes. A  Paris, dans toutes les capitales et institutions européennes, ce scandale est soigneusement camouflé. Sauf sur les « remèdes »  à apporter : tous sont d’accord pour faire payer les plus pauvres en s’attaquant à la hache aux services publics et aux acquis sociaux. 

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23 janvier 2010 6 23 /01 /janvier /2010 10:45

Bonifacio (Corse du Sud)

Je me trouvais dans cette ville au moment du débarquement de 124 clandestins. Voici mon témoignage. 

« La Corse est une terre d’accueil, notre ville a tout mis tout en œuvre pour accueillir dans la dignité ces pauvres gens », soulignait samedi au petit matin Jean-Charles Orsucci, le maire de Bonifacio.  Stupéfaction la veille dans cette ville de Corse du Sud comptant moins de trois mille habitants en hiver : 124 clandestins, pour la plupart  Kurdes venus semble-t-il de Syrie et parmi lesquels cinq femmes enceintes, une quarantaine d’enfants dont 9 nourrissons et une personne handicapée tous proprement habillés ont été débarqués sur la plage de Paraguano située dans une réserve naturelle de l’extrême sud de l’Ile de Beauté, face à la Sardaigne. Une première en Corse. M. Orsucci, les services de la Ville et les associations locales peuvent afficher tête haute : ils ont  relevé le défi humanitaire en assurant l’hébergement, l’alimentation et le suivi médical. Un comportement digne de la Corse généreuse. Autre chose est l’attitude musclée des autorités de l’Etat.

Après des heures d’attente, le sous-préfet est sorti quelques instants pour tenter de calmer les journalistes maintenus fermement à l’écart. Carte de presse ou pas, on ne passait pas.  Seule FR3 a été autorisée à filmer quelques images. Le préfet, ses collaborateurs en liaison directe avec Paris n’avaient « rien à dire » en s’engouffrant dans le complexe sportif mis à dispositions des clandestins et bouclé par policiers et gendarmes. Les représentantes du Secours populaire français et de l’association France-Kurdistan venues de Bastia avaient pu, sous haute surveillance, remettre des couvertures avant d’être priées de vider les lieux tandis qu’un policier intimait l’ordre à un cameraman d’arrêter de filmer.

Les autorités préfectorales souhaitaient faire vite et dans la plus grande discrétion afin de contrer toute possible  mobilisation solidaire. Samedi, peu avant le lever du jour, les 124 clandestins ont pris place sans résistance dans un autocar et plusieurs minibus en direction de la base militaire de Solenzara (à 80 Kms environ de Bonifacio) où ils ont été embarqués à destination du continent.

José Fort  

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21 janvier 2010 4 21 /01 /janvier /2010 14:04

 

 

Par José Fort (pour Diverses Cités)

 

Les terres africaines sont en vente. Après le pillage des minerais, du pétrole et des bois précieux, les multinationales de l’agro-alimentaire louent ou achètent des millions d’hectares cultivables mettant en péril les équilibres naturels et l’agriculture du continent africain.

Les rapaces de toutes nationalités se goinfrent à la grande braderie. Pour la Chine, 2,8 millions d’hectares en République « démocratique » du Congo avec en perspective la plus grande palmeraie du monde. Pour l’Afrique du sud, 10 millions  d’hectares de forêt au Congo-Brazzaville. Pour le Fonds d’investissement new-yorkais Jarch Capital, 1 million d’hectares dans le sud du Soudan. Pour l’Arabie saoudite et les géants de l’agro-alimentaire indien, près de 3 millions d’hectares en Ethiopie, un pays victime de la sécheresse  qui vient de lancer un appel à l’aide internationale. La Corée du sud louent des terres cultivables sur trente ans à Madagascar, les Suisses en Sierra Leone, les Etats du Golfe visant l’Afrique tout comme plusieurs pays asiatiques pour produire des agro-carburants à base de denrées alimentaires (canne à sucre, huile de palme, manioc, maïs…). De nombreux gouvernants du continent africain qui devraient logiquement agir pour la sécurité alimentaire de leurs populations en raison de l’amenuisement des ressources en eau et des changements climatiques reçoivent de confortables commissions pour laisser dilapider les richesses naturelles de leurs pays.

Que font les structures internationales ? Le Sommet mondial sur la sécurité alimentaire de Rome au mois de novembre dernier a – quel courage !- demandé un « code de bonne conduite ». Mais rien sur le pillage des terres cultivables bradées en Afrique, rien sur la valorisation des productions agricoles locales, rien sur de possibles microcrédits aux paysans, rien sur les formations, sur le transfert des nouvelles technologies agricoles, rien sur le stockage des récoltes et le développement des cultures ancestrales, sur les transports et sur la réduction des importations alimentaires.

L’Afrique est à vendre à la découpe. Hier, le sous-sol, demain le sol tout entier.

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20 janvier 2010 3 20 /01 /janvier /2010 17:00

Absent des grandes négociations, écarté des affaires sensibles, il prend désormais la stature de potiche de Sarkozy.

Par José Fort (pour Diverses Cités)

Bernard Kouchner, officiellement ministre français des Affaires étrangères au titre de « l’ouverture » voulue par Nicolas Sarkozy, serait au bord de la dépression. Membre du parti socialiste, il avait à l’époque tenté une élection législative. Rejeté, dès le premier tour. Il a navigué d’un poste ministériel à la fonction de consultant confortablement rémunéré quitte à vanter les activités de la société Total en Birmanie. Son bâton de maréchal, il croyait l’avoir décroché en 2007 avec sa nomination au Quai d’Orsay. Deux ans et demi après, son bilan se présente tel un sac de riz percé.

Plus de caméras ou presque, plus de shows télévisés, plus de journalistes à la lèche. BK a réussi à placer plusieurs de ses copains à des postes de conseillers à travers le monde, à faire nommer - et largement rétribuée - sa femme Christine Ockrent numéro deux de la holding de l’audiovisuel extérieur de la France. A part quelques voyages semi-touristiques, il ne compte plus ou presque, sinon pour accueillir des survivants de la catastrophe en Haïti.

Un chef d’Etat africain demandant à un de ses conseillers de lui « passer Paris » affirmait haut  et fort il y a quelques jours : « Pas la potiche, trouves moi Guéant. »  Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée, Jean-David Lévitte, chef de la cellule diplomatique du Château demeurent les interlocuteurs incontournables des chefs d’Etat étrangers. D’ailleurs, n’est-pas Guéant en personne que Sarkozy missionne sur les affaires « sérieuses ». « Kouchner, il a un avion. On l’expédie au Rwanda, au Congo mais surtout pas ailleurs », se moquent des diplomates chevronnés du Quai d’Orsay. Exagéré ?

Viré des négociations du sommet de Copenhague, interdit de territoires palestiniens par le gouvernement israélien, absent des discussions avec les Etats-Unis et la Chine, borduré par un proche de Sarkozy sur les questions européennes, exclu des expéditions à risque, Kouchner aura même été évincé en fin d’année par un sous-ministre à l’occasion de la libération de deux jeunes femmes emprisonnés à Saint-Domingue. Une fin de vie politique difficile  s’annonce pour le « French doctor » devenu la risée des salons parisiens. A plus de 70 ans, où pourra-t-il se recaser lors du prochain remaniement ministériel ?

 

 

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16 janvier 2010 6 16 /01 /janvier /2010 13:46

Par José Fort

Haïti affronte encore et encore la mort et les destructions. Cette fois, un tremblement de terre. Il y a un an, un cyclone. Après les longues années d’occupation nord-américaine, après la sanglante dictature des Duvalier installée avec la complicité de Washington, après les coups d’Etat organisés depuis l’ambassade US à Port-au-Prince, après les famines, après la fuite de l’élite haïtienne, après les promesses d’aide internationale non suffisamment tenues, voici la catastrophe. Alors que le pays commençait à reprendre quelques forces, que l’appareil d’Etat semblait s’organiser avec l’aide de l’ONU, un nouveau malheur s’est abattu sur ce peuple exsangue. Les images des cadavres allongés sur les routes, des gens hagards, des corps enfouis sous les décombres, des familles décimées hurlant leur douleur ont bouleversé le monde entier. L’aide d’urgence s’impose. Elle ne suffit pas.

Il y a les courageux secouristes de différentes nationalités fouillant les décombres à la recherche d’une vie à sauver. Il y a les rares médecins travaillant jour et nuit, les généreux membres des ONG, les personnels de l’ONU durement touchés. Il y a la formidable mobilisation des femmes et des hommes de cœur, notamment en France, versant des dons aux associations.  Malheureusement, il y a aussi les effets d’annonce exagérés, les shows médiatiques déplacés, une course au paraître parfois à vomir. Là n’est pas l’essentiel.

Après l’immense émotion viendra le temps de la reconstruction du pays. Pas dans la charité, encore moins dans l’anarchie. Dans l’efficacité. La  prétendue « communauté » internationale tirera-t-elle  les enseignements des différentes catastrophes, ceux par exemple du tsunami de 2004 et son cortège de gâchis, de corruption et de manque de respect à l’égard des populations. L’aide internationale doit être planifiée et coordonnée. Les besoins à court, à moyen et à long terme des Haïtiens ne doivent pas relever de l’improvisation ou de la simple bonne volonté.

Tout est à faire. La réorganisation du pays exige un plan d’envergure prévoyant notamment la mise en place d’une administration (de nombreux ministres et fonctionnaires sont morts), la planification de la reconstruction des principales infrastructures (routes, ponts, port), l’accès à l’eau potable, le rétablissement et la modernisation des communications, la construction d’hôpitaux et la mise en place d’un véritable système de santé, des semences et des outils pour travailler la terre et lutter ainsi contre la déforestation.

Certains en appellent à un « plan Marshall ». Si une telle perspective peut permettre au peuple haïtien de sortir enfin de l’enfer, pourquoi pas. Mais il faudra alors ne pas se limiter aux simples mots et s’interroger sur les véritables raisons du débarquement en masse de soldats nord-américains à Port-au-Prince.

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13 janvier 2010 3 13 /01 /janvier /2010 15:17

Paris le.13/01/2010

             La tragédie qui vient de frapper Haïti entraîne compassion et solidarité. Il faut sans délais aider les populations, organiser l’aide immédiate. Toutes les initiatives allant dans ce sens seront les bienvenues. Il s’agit dans les heures qui viennent  de sauver des vies et éviter les épidémies.

            Cela ne suffira pas. La « communauté » internationale doit prendre une initiative d’ampleur exceptionnelle en organisant un pont aérien et maritime. Haïti, pays exsangue, en agonie depuis des années malgré les promesses des grandes puissances occidentales, survivait depuis trop longtemps dans un état de dénuement. Aujourd’hui le désastre est total.

            A proximité, Cuba qui a une longue expérience des cataclysmes naturels offre une nouvelle fois son aide. La Grande Ile  serait la mieux placée pour coordonner l’aide internationale. L’ONU, les Etats-Unis, l’Union européenne devraient saisir la voie d’une véritable coopération face à la tragédie en mettant en place un dispositif en liaison avec les autorités de la Havane. Face au drame humain qui se joue en Haïti, l’heure est à la mobilisation internationale.

 

CUBA SI FRANCE

 

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9 janvier 2010 6 09 /01 /janvier /2010 18:11

 

Les anciens volontaires français en Espagne républicaine (1936-1939) de l'AVER et les "Amis des combattants en Espagne républicaine" (ACER) s'inclinent avec respect devant la mémoire de Philippe Seguin, décédé ce jour, le7 Janvier 2010.

 

Ils n'oublient pas que, sous la Présidence de la République de Jacques Chirac, c'est une Assemblée nationale présidée en personne par Philippe Seguin, en décembre 1996, qui accorda enfin, par « l’amendement Malraux », la qualité et l'honneur du titre d’Ancien Combattant à ces volontaires qui défendirent Paris en défendant Madrid.

 

Le Président Philippe SEGUIN, très attaché aux valeurs nationales inspirées du général de Gaulle, avait compris, et il l'avait fait savoir, que ces mêmes valeurs avaient été renforcées par l'internationalisme de celles et ceux qui « s'étaient levés avant le jour » et, avant l'heure, avaient inauguré les résistances aux fascismes.

 

Attaché à la République et à là défense de ses libertés fondamentales, soucieux de l'indépendance de notre pays, y compris dans le processus complexe de construction européenne, Philippe Seguin, fut un homme d'Etat digne de cette qualité.

 

Il mérite notre reconnaissance et notre gratitude.

                                

 

 

Pour l'AVER : Mmes Lise London et Cécile Rol-Tanguy

 

Pour l'ACER : MM. François Asensi, José Fort et Jean-Claude Lefort, coprésidents. 

 

Paris, 7 Janvier 2010

 

 

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9 janvier 2010 6 09 /01 /janvier /2010 17:57

Par José Fort

Un article publié le 10 mai 2000 dans "l'Humanité"

On le dit coléreux, il admet que " parfois il gueule trop"; on le considère trop " indépendant "et débordant d’une " irrésistible ambition personnelle, quitte à casser la baraque ", il réplique en rappelant ses faits d’armes : "Quand il a fallu donner un coup de fouet à la campagne de Chirac en 1995, on est venu me chercher. Quand, en 1997, les législatives tournaient à la Berezina, entre les deux tours, on est venu me chercher. Quand, ensuite, il a fallu ramasser les morceaux du RPR, on est venu me chercher. " Philippe Séguin aime à jouer les sauveurs.

Son enfance tunisienne et un père mort en 1944 dans les combats contre les hitlériens dans le Doubs l’ont marqué à vie. Ses études - brillantes, Sciences po, ENA - se sont achevées par une première frustration : en 1968, un stage de " plongée " dans l’administration en Polynésie française l’éloigne de vingt mille kilomètres de la métropole et des événements. Il en a beaucoup fait Philippe, Daniel, Alain Séguin : pigiste au Provençal surnommé " la commère du campus ", avant de devenir quelques années après, sous Pompidou, chargé de mission sur les questions agricoles, alors que Jacques Chirac occupait le ministère en titre. Est-ce à ce moment précis que démarrent les complexes relations entre les deux hommes ?

Philippe Séguin affiche une carte de visite bien remplie : il se frotte d’abord au terrain. Charles Pasqua lui refuse Toulon, il s’installe dans les Vosges et devient député puis maire d’Épinal. Il sera ministre des Affaires sociales et de l’Emploi et supprimera l’autorisation administrative de licenciement ; président de l’Assemblée nationale, trois mois après l’installation d’Édouard Balladur à Matignon, il stigmatisera " le Munich social " mais se prononce pour un libéralisme " contenu " tout en repoussant " le terme d’entreprise citoyenne, une formule qui n’a pas de sens ". Au début des années quatre-vingt-dix, il mène campagne contre le traité de Maastricht en compagnie de Charles Pasqua, pour un peu plus tard prononcer un discours à Aix-la-Chapelle vantant la monnaie unique. Il accepte la présidence du RPR et la tête de liste au dernier scrutin européen, avant de démissionner sous le prétexte que l’Élysée se mêle trop de ses affaires, et juge la cohabitation " émolliente ". Philippe Séguin, missionnaire de la réhabilitation de Napoléon III, croit dur comme fer à sa destinée et, depuis sa première frustration de mai 1968, il en a connu d’autres : celle par exemple de ne pas avoir été préféré, en 1995, à Alain Juppé au poste de premier ministre.

Le mouvement gaulliste est et reste sa famille. Mais il ne ménage aucun nom d’oiseau sur les courants et les copineries qui traversent le RPR, tout en maintenant autour de lui un réseau animé par François Fillon. Déjà, en 1989, il avait flirté avec les " douze rénovateurs " de la droite RPR-UDF, qui affirmaient vouloir mettre sur la touche le couple Giscard-Chirac. Il y a un an, Philippe Séguin a pris un congé sabbatique en s’assurant un service minimum, pour ne pas disparaître totalement. Car, la colère passée, les amis de l’ancien maire d’Épinal lui ont rappelé une donnée essentielle : en politique, il est interdit de laisser des chaises vides.

L’insaisissable Philippe Séguin n’est plus à un coup près. Si pour revenir sur le devant de la scène il faut prendre Paris, l’affaire en mérite la chandelle. Homme politique de talent et l’âge aidant, il apprend à composer. D’abord avec l’incontournable Jacques Chirac. Oubliées les critiques contre le chef de l’État ? Rangées au placard les ambitions présidentielles ? Disparues les inimitiés à l’égard des castes gaullistes ? Pour réussir à Paris, tremplin pour une possible perspective présidentielle, Philippe Séguin a décidé de mettre un peu d’eau dans son vin. Quitte à mettre en veilleuse son indépendance et sa liberté de parole. Il sait désormais que, durant sa carrière politique, il a trop brûlé de cartouches sans grand résultat. Désormais, il lui faut viser juste. Élu maire de la capitale, il mènera campagne en 2002 pour Jacques Chirac. Installé dans le fauteuil de premier magistrat, il rétablira sa cote de confiance au sein du RPR et auprès de toutes les composantes de la droite. Avec un objectif : entrer un peu plus tard à l’Élysée. Le rêve d’un enfant né à Tunis qui a dit de Pierre Bérégovoy en pensant à sa propre destinée : " Rien ne le prédisposait à atteindre les sommets de l’État. Peut-être. Mais nous sommes en France et nous sommes en République. "

 

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18 décembre 2009 5 18 /12 /décembre /2009 17:41

Par José Fort

Combien a coûté le sommet sur « le réchauffement de la planète » qui va bricoler un texte en attendant un éventuel rendez-vous à Mexico ? Officiellement, 143 millions d’euros pour quinze jours de pantalonnade au milieu de plus de vingt mille délégués et journalistes. A cette somme, il faut ajouter cent millions d’euros en frais d’avion, d’hôtellerie pour les négociateurs, ministres et chefs d’Etat,  30 millions d’euros pour les dépenses des rédactions du monde entier aux journalistes exténués de ne rien faire. Sans compter une ponction estimée à 50 millions d’euros sur le budget du Danemark afin d’assurer la logistique, la sécurité et le repas offert par la Reine locale. L’Assemblée générale des Nations Unies qui se tient chaque année au mois de septembre à New-York n’aurait-elle pas constitué le cadre idéal pour débattre du problème ?

A Copenhague, on a parlé (beaucoup), échangé (peu), négocié (sans perspective) sur le CO2. Surtout pas du sort des populations de la planète souffrant de la faim, du manque d’eau, des maladies, du sous développement, du pillage de leurs richesses, du blocage des transferts de technologies médicales et industrielles. Alors qu’ils se gavent toujours en surexploitant leurs ex-colonies, les riches et leurs descendants bobos ont tenté d’occulter à Copenhague leurs responsabilités historiques dans le dérèglement du climat en montant un cirque politico-médiatique limitant les problèmes de la planète au CO2. Oser émettre la possibilité que d’autres facteurs entrent en jeu, oser évoquer les réflexions de scientifiques écartés du moule établi, oser simplement s’interroger relève du crime conduisant droit au bucher monté par les intégristes de tous poils. Pourquoi ? Le drapeau de la « défense de la planète » ou encore de « l’environnement » est la plupart du temps un cache sexe du capitalisme. Avec images et reportages télévisés à l’appui.

Sarkozy se permettra-t-il d’enjoindre Bolloré de cesser de détruire les forêts africaines ? Obama décidera-t-il d’arrêter les chaînes de montage des 4X4, de réduire de moitié la consommation d’électricité à Washington ? Zapatero de fermer les détournements d’eau vers les super productions de tomates en Andalousie ? A Copenhague, il a été demandé aux pauvres de rester pauvres en leur proposant quelques miettes d’un argent pollué sur leur dos. Le reste n’est que gesticulations et propagande
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